Les dirigeants de l’Association Européenne d’Athlétisme (A.E.A.) ont pris la décision d’organiser les championnats d’Europe en salle désormais tous les deux ans, ceci afin de créer une alternance avec les Mondiaux indoor. Si on tient compte des Jeux Européens en salle, il y aura donc eu vingt-cinq compétitions continentales successives depuis 1966 et il n’est pas vraiment sûr que ce soit une bonne décision, pour l’athlétisme européen, que d’avoir sacrifié cette compétition. Nous voilà donc en 1992 pour découvrir une délégation helvétique relativement new-look en découdre au Palasport de Gênes. La volonté de Robert Heinzer – le nouveau directeur technique de la Fédération Suisse d’Athlétisme – est de présenter une équipe basée sur la jeunesse, tout en l’entourant des tôliers de l’athlétisme suisse. C’est ainsi qu’on dénombre quinze participants, soit sa plus grosse délégation jamais engagée.
Julie Baumann rate le coche sur 60 m haies
Quatre des six tôliers de l’athlétisme suisse réussissent à se mettre en évidence. Chez les hommes, Beat Gähwiler (LC Turicum) termine huitième de l’heptathlon avec 5’635 points. Le recordman suisse du décathlon (8’244 points en 1988 à Götzis) a connu des performances en dents de scie : 7″42 sur 60 m, 7,09 m en longueur, 13,24 m au poids et 1,95 m en hauteur lors de la première journée. Il a enchaîné avec 8″57 sur 60 m haies, 4,80 m à la perche et 2’35″11 sur 1000 m. Le doyen de nos athlètes Stefan Burkart (Diners TC) court le 60 m en 6″80 et termine dix-huitième, tandis que Kai Jenkel (TV Länggasse) manque la finale du 3000 m pour trois secondes. Il s’en sort toutefois nettement mieux qu’en 1987 à Liévin puisqu’il a gagné pas moins de dix secondes.
Chez les femmes, les espoirs d’une médaille sont placés sur Julie Baumann (LC Zürich) au 60 m haies. Mais pour apporter le trentième-et-unième podium à l’athlétisme suisse au cours de cette compétition en salle il faut absolument que tous les détails soient réglés pour réaliser la course parfaite. Ça a l’air d’être le cas lors des séries avec le troisième chrono en 8″09 et surtout en demi-finales où ses 8″04 lui valent le deuxième temps derrière l’intouchable Russe Lyudmila Narozhilenko (7″89). La tension est grande lors de la finale où quatre hurdleuses sont à l’affût pour décrocher les médailles d’argent et de bronze. Après avoir provoqué un faux-départ, Julie Baumann est pourtant la plus prompte à jaillir de ses starting-blocks et franchit la première haie en tête. Alors qu’on y croit à fond dans le camp suisse, les espoirs sont très vite douchés car elle heurte le deuxième obstacle. Déséquilibrée, elle frôle même la chute. Bien qu’elle puisse se relancer, ses adversaires se sont déjà échappées. Julie termine finalement sa course en 8″11 et se classe fort déçue au cinquième rang, comme l’an dernier aux championnats du monde à Tokyo. Dans cette même discipline, Rita Schönenberger (LC Zürich) court en 8″29 lors des séries et ne va pas plus loin. Elle se rattrape au saut en longueur avec un 6,21 m qui la classe au neuvième rang.
En sprint, on retrouve Martha Grossenbacher (TV Unterstrass) sur 60 m. Bien en jambe, elle court en 7″40 lors des séries, puis un bon 7″35 en demi-finales, ce qui lui ouvre les portes de la finale où sa mise en action ne lui permet pas d’obtenir mieux que la septième place en 7″40. Sur 200 m, Regula Anliker (LV Langenthal) est d’abord chanceuse avec le dernier temps qualificatif pour les demi-finales en 23″94. Elle se reprend ensuite en courant en 23″69, soit le cinquième chrono. Hélas ce ne sont que les trois premières de chaque demi-finales qui se qualifient pour la finale et comme Regula a terminé quatrième de sa course, elle se voit éliminée bien que d’autres sprinteuses aient été moins rapides. Elle termine comme Martha au septième rang.
La confiance en la jeunesse pour bâtir l’avenir de l’athlétisme suisse
On l’a dit, Robert Heinzer a pris sur lui d’emmener en Italie des jeunes qu’il estime prometteurs. Par exemple en sprint, Dave Dollé (Diners TC) est appelé à devenir le prochain recordman suisse sur 100 m et 200 m. Sa grande taille l’empêche d’être vraiment performant sur 60 m et à Gênes il doit se contenter de 6″73 en séries et 6″76 en demi-finales pour un quatorzième rang final. Sur 200 m, Kevin Widmer (Stade Genève) est également un candidat sérieux pour battre les fameux 20″46 de Peter Muster. Mais victime d’une légère contracture, le Genevois ne peut pas courir plus vite qu’en 21″81. Et c’est finalement un autre Genevois, Pascal Thurnherr (SATUS Genève), qui créée la bonne surprise avec un record personnel indoor en 21″46.
Le sprint féminin est également en vue puisque dans le sillage direct de Martha Grossenbacher on relève les très bonnes prestations de Sara Wüest (STV Willisau), excellente en séries avec 7″37 (sixième chrono), mais malheureuse en demi-finales avec 7″38 et une élimination pour deux petits centièmes seulement. Quant à Petra Osterwalder (LV Winterthur), elle n’a pas pu passer le cap des séries avec ses 7″53. Une autre athlète mérite également une belle mention : il s’agit d’Aurelia Scalabrin (LC Frauenfeld) sur 800 m. Ses courses ont été à chaque fois vaillantes et pleines d’entrain. Lors de sa première course, elle se qualifie brillamment à la place en terminant troisième en 2’05″93, soit le huitième chrono des séries. Le soir, ce sont les trois premières de chacune des demi-finales qui peuvent passer en finale. La Thurgovienne tente crânement sa chance, mais trois de ses adversaires sont trop fortes pour elle. C’est vraiment dommage car ses 2’03″93 – le quatrième chrono de ces demi-finales – ne sont restés qu’à quinze centièmes seulement de la Portugaise Carla Sacramento, la dernière qualifiée pour le finale. À l’instar de Martha Grossenbacher et de Regula Anliker, Aurelia Scalabrin se classe septième de ces championnats d’Europe en salle 1992.
Enfin dans les concours, Markus Lübbers (LV Winterthur) passe 5,00 m au saut à la perche et Claudia Ellinger (LG Küsnacht-Erlenbach) franchit 1,85 m au saut en hauteur. Bien qu’étant loin des meilleurs, ils ont pourtant engrangé grâce à cette compétition une fort belle expérience. D’ailleurs à l’issue de ce week-end en Ligurie, Franz Heinzer se dit très heureux d’avoir tenté la carte de la jeunesse. Il est même certain que cette audace portera ses fruits dans un futur proche. Il est vrai que les Werner Günthör, Anita Protti, Sandra Gasser, Regula Anliker et autre Beat Gähwiler ont vraiment besoin de sentir que la relève arrive.
PAB
Résultats
Hommes
60 m | : | 14. | Dave Dollé (Diners TC) 6″73 en séries et 6″76 en demi-finales |
18. | Stefan Burkart (Diners TC) 6″80 en séries | ||
200 m | : | 17. | Pascal Thurnherr (SATUS Genève) 21″46 en séries |
20. | Kevin Widmer (Stade Genève) 21″81 en séries | ||
3000 m | : | 12. | Kai Jenkel (TV Länggasse) 7’58″58 en séries |
Perche | : | 19. | Markus Lübbers (LV Winterthur) 5,00 m |
Heptathlon | : | 8. | Beat Gähwiler (LC Turicum) 5’635 p |
Femmes
60 m | : | 7. | Martha Grossenbacher (TV Unterstrass) 7″40 / 7″40 en séries et 7″35 en demi-finales |
10. | Sara Wüest (STV Willisau) 7″37 en séries et 7″38 en demi-finales | ||
18. | Petra Osterwalder (LV Winterthur) 7″53 en séries | ||
200 m | : | 7. | Regula Anliker (LV Langenthal) 23″94 en séries et 23″69 en demi-finales |
800 m | : | 7. | Aurelia Scalabrin (LC Frauenfeld) 2’05″93 en séries et 2’03″93 en demi-finales |
60 m haies | : | 5. | Julie Baumann (LC Zürich) 8″11 / 8″09 en séries et 8″04 en demi-finales |
11. | Rita Schönenberger (LC Zürich) 8″29 en séries | ||
Hauteur | : | 13. | Claudia Ellinger (LG Küsnacht-Erlenbach) 1,85 m |
Longueur | : | 9. | Rita Schönenberger (LC Zürich) 6,21 m |
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