CHAMPIONNATS D’EUROPE EN SALLE Pour l'athlétisme suisse, les championnats d'Europe en salle représentent la plus belle opportunité de briller à l'échelon continental. ATHLE.ch VINTAGE retrace l'épopée des athlètes suisses au cours de cette compétition créée au milieu des années '60. La trente-septième édition des championnats d'Europe en salle s'est disputée du 2 au 5 mars 2023 à l'Ataköy Athletics Arena d'Istanbul.

Comme en 2021 à Torun, Swiss Athletics se présente aux championnats d’Europe en salle à Istanbul avec une équipe spectaculaire. Trois athlètes détiennent la meilleure performance européenne de la saison et deux autres figurent dans le Top 3; c’est tout simplement du jamais vu ! Deux athlètes que l’on imaginait jouer les premiers rôles en Turquie ne sont cependant pas du voyage : il s’agit de Jonas Raess, qui préfère rester aux Etats-Unis où il prépare un gros coup sur 10000 m, ainsi que de Géraldine Frey sur 60 m. La Zougoise, neuvième des Mondiaux indoor et troisième performeuse suisse de tous les temps avec 7″11, avait renoncé par prudence aux championnats suisses à Saint-Gall suite à un léger durcissement musculaire. Toujours en pleine possession de ses moyens, elle a pourtant fait les frais d’une décision de la commission de sélection de Swiss Athletics, qui a préféré retenir Melissa Gutschmidt, la médaillée de bronze des championnats suisses avec 7″26.
En Turquie, la situation est fort délicate depuis que la région frontalière turco-syrienne a été ravagée le 6 février dernier par un séisme meurtrier. Ce drame a fait plus de 50000 morts rien qu’en Turquie et endommagé plus de 173000 immeubles, laissant près de deux millions d’habitants sans abri, selon les données officielles. L’athlétisme ne fait donc pas du tout partie des préoccupations premières de ce pays, mais les organisateurs stambouliotes ont tout de même décidé de maintenir cette compétition, qui va toutefois se dérouler en mode minimaliste et solidaire.

Audrey Werro en contrôle et Lore Hoffmann à la raclette
Disputée sur quatre jours dans l’Ataköy Athletics Arena, cette compétition voit les premiers Suisses entrer en lice le jeudi 2 mars à l’occasion des séries du 800 m. Chez les hommes, Robin Oester (LV Thun) dispute une course courageuse qu’il termine en sixième position en 1’50″40. Encore un peu tendre pour le niveau continental, le triple champion suisse en salle a certainement récolté de précieux enseignements dans cette expérience. Du côté féminin, les deux Romandes Lore Hoffmann (ATHLE.ch) et Audrey Werro (CA Belfaux) se sont qualifiées pour les demi-finales, mais de manière diamétralement opposée. La Valaisanne part relativement lentement, puis tente de revenir au prix d’accélérations inutiles, souvent à l’extérieur dans les virages. Elle doit s’employer dans un finish rapide, mais qui ne suffit pourtant pas pour la qualifier à la place. Il faut donc attendre les chronos des deux meilleures de ces séries pour être fixé et finalement, en bonne Valaisanne, Lore passe à la raclette pour cinq millièmes aux dépens de la Norvégienne Hedda Hynne. Ce fut nettement plus aisé pour la Fribourgeoise. En se plaçant aux avant-postes, elle réussit à éviter les bousculades et à mener sa course en contrôlant ses adversaires jusqu’au terme; vainqueur en 2’05″60, la jeune et talentueuse athlète de Belfaux déclare être très contente de sa toute première qualification pour un deuxième tour dans une compétition élite. La troisième coureuse helvétique Valentina Rosamilia (BTV Aarau) réalise une course correcte en terminant cinquième de sa série en 2’04″14. Pour sa première apparition en grande compétition élite, la médaillée d’argent des championnats du monde U20 en 2021 à Tallinn a elle aussi pu assimiler, à l’instar de Robin Oester, de quoi la rendre plus compétitive dans un proche avenir.

Angelica Moser en finale du saut à la perche
La session matinale du vendredi 3 mars voit Angelica Moser (LC Zürich) en découdre lors des qualifications du saut à la perche. Longtemps blessée au pied gauche, la championne d’Europe en titre montre encore trop d’inconstance dans ses tentatives. Par contre, lorsqu’elle exécute à la lettre son enchaînement, sa marge sur la barre montre un potentiel prometteur. Ainsi elle franchit 4,30 m au deuxième essai, puis 4,45 m du premier coup et enfin 4,55 m à sa troisième tentative, ce qui lui permet de se qualifier pour la finale de samedi.

La matinée noire des coureurs de 400 m
Sur la piste, rien ne s’est déroulé comme prévu lors des séries du 400 m. Chez les hommes, on attendait monts et merveilles du duo Ricky Petrucciani (LC Zürich) et Lionel Spitz (Adliswil Track Team). Ce dernier montre effectivement un niveau de forme très intéressant tout au long de sa course, mais des erreurs tactiques – deux virages au deuxième couloir – le récompensent fort mal de ses efforts. Troisième de sa série en 46″79, pour un quatorzième rang final, le Zurichois pense toutefois avoir beaucoup appris de ses erreurs. Quant au Tessinois, malade ces derniers temps, les forces l’ont abandonné en fin de course; il sombre en 47″32 seulement et termine vingtième, un rang indigne de son statut de vice-champion d’Europe en plein air. Du côté féminin, Julia Niederberger (LA Nidwalden) et Yasmin Giger (LC Zürich) sont de tout évidence un cran en dessous de la concurrence. Elles terminent toutes deux au quatrième rang de leur série, en 53″53 pour la Nidwaldienne et en 53″89 pour la Zurichoise.
Course pas facile non plus pour la coureuse de 1500 m Joceline Wind (Biel/Bienne Athletics). Pour son premier grand rendez-vous en élite, elle se retrouve dans une série lente, ce qui lui permet de s’accrocher longtemps au peloton. Lors de l’emballage final, la Biennoise ne parvient pas à suivre ses adversaires et elle doit se contenter du sixième rang en 4’25″14.

Trois Suissesses en demi-finales du 60 m
Le tableau peint par les trois sprinteuses helvétiques est heureusement bien plus coloré. En se qualifiant pour les demi-finales du 60 m prévues en début de soirée, elles ont parfaitement répondu aux attentes. La championne du monde en salle Mujinga Kambundji (ST Bern) remporte sa course en 7″18 en déroulant sur la fin. Aux côtés de la Polonaise Ewa Swoboda, le départ de Sarah Atcho (Lausanne-Sports) fait piètre figure; cependant elle finit en trombes et décroche brillamment le quatrième rang en 7″30. Quant à la rookie Melissa Gutschmidt (Lausanne-Sports), elle impressionne en finissant deuxième de sa série en 7″27, à un centième de son record personnel établi lors des championnats suisses à Saint-Gall.

À 2,19 m, Loïc Gasch sauve l’essentiel au troisième essai
La session du soir permet de vivre le concours de qualification de Loïc Gasch (US Yverdon) au saut en hauteur. À l’image de ses deux sorties de l’hiver à Hustopece (2,16 m) et à Banska Bystrica (2,20 m), rien n’est facile pour le Vaudois. Sur une piste d’élan jugée très rapide, il doit absolument trouver les bons réglages. C’est sans problème à 2,08 m et à 2,14 m, mais il manque ensuite à deux reprises 2,19 m, en étant à chaque fois beaucoup plus haut que la barre, mais mal placé. Son dernier essai est franchi à l’arraché, avec une latte qui tremble longtemps sur ses taquets. Apparemment ses adversaires éprouvent des problèmes similaires et cette hauteur suffit pour connaître les huit qualifiés pour la finale. Loïc économise ainsi des forces qui seront bienvenues dimanche en fin d’après-midi.

Les deux Lausannoises manquent de peu la finale du 60 m
En montant d’un cran son niveau lors des demi-finales du 60 m, Mujinga Kambundji envoie un signal fort à Ewa Swoboda et à la Britannique Darryl Neita, ses deux plus dangereuses concurrentes. Ses 7″05 montrent surtout qu’elle pourra courir plus vite dans deux heures lors de la finale. Les deux Lausannoises réalisent elles aussi de bonnes courses au point de passer un moment sur le « hot seat » des repêchées. Melissa Gutschmidt réussit un départ moins performant qu’en matinée et termine à la quatrième place en 7″30. Toujours dans les bons coups en catégorie jeunesse, ces deux courses d’Istanbul lui ont montré qu’elle côtoie de près le haut niveau européen et, surtout, qu’elle se trouve sur la bonne trajectoire. Quant à Sarah Atcho, sa très belle troisième place en 7″26 n’a juste pas suffi puisqu’il ne lui manque que deux centièmes. Cette neuvième place indique un retour tonitruant au haut niveau, plus que prometteur pour cet été.

Un nouveau sacre pour Mujinga Kambundji
Très à l’aise lors des deux premiers tours du 60 m, Mujinga Kambundji sait qu’elle a fait tout juste pour l’instant et qu’elle n’a plus qu’à aller chercher ce titre européen qui lui tend les bras. La grande star de l’athlétisme suisse ne tremble pas le moins du monde dans cette finale. Grâce à sa réaction – de loin la meilleure avec 129 millièmes – et à sa mise en action parfaite, la Bernoise se propulse facilement en tête. Jamais inquiétée, elle s’impose en 7″00 au terme d’une course sans faute qui lui permet de réaliser le deuxième chrono de sa carrière, d’égaler le vieux record de ces championnats (détenu depuis 1986 par la Néerlandaise Nellie Cooman) et de décrocher la troisième meilleure performance mondiale de l’année derrière les 6″94 de l’Américaine Aleia Hobbs et les 6″97 de Julien Alfred de Sainte-Lucie. La Bernoise écrit une nouvelle ligne à son palmarès international, débuté en 2016 lors du 100 m des championnats d’Europe à Amsterdam; elle devient aussi la septième Suissesse à décrocher un titre européen indoor et rejoint ainsi le clan de charme et de choc composé de Meta Antenen (1974), Sandra Gasser (1987), Selina Büchel (2015 et 2017), Lea Sprunger (2019), Angelica Moser (2021) et Ajla Del Ponte (2021). En succédant à la Tessinoise, Mujinga Kambundji parvient elle aussi au sommet de son art. À bientôt 31 ans, elle ne cache pas son plaisir d’avoir triomphé à Istanbul : «Je suis vraiment contente. C’est cool de finir une longue journée comme ça, avec une médaille d’or, un « season best » et un record des championnats égalé, c’est vraiment super». La Bernoise fixe désormais son viseur sur Budapest au mois d’août.

Simon Ehammer en froid avec les championnats d’Europe en salle
La session du samedi 4 mars débute en fanfare pour l’équipe suisse avec le meilleur chrono de Simon Ehammer (TV Teufen) au 60 m de l’heptathlon. En tête grâce à ses 6″80, l’Appenzellois aborde ensuite sa discipline de parade, le saut en longueur. Son premier essai n’est pas terminé au niveau du ramené et de surcroît mordu. Il faut donc assurer au saut suivant, mais à nouveau son pied entame la plasticine. Le dos au mur, Simon s’élance pour son ultime tentative. C’est un bond magnifique, qui retombe bien au-delà des huit mètres, mais hélas, trois fois hélas, c’est à nouveau un essai mordu ! L’heptathlon de Simon s’interrompt de manière aussi abrupte que cruelle. Fallait-il vraiment tout risquer de la sorte pour gagner l’or ? Très certainement pas. Cette tactique « du tout ou rien » n’était pas du tout nécessaire dans cette compétition et elle coûte très cher. Bon, ce nouveau couac aux championnats d’Europe en salle, après le zéro au saut à la perche en 2021 à Torun, n’est pas si grave en soi. Espérons surtout que Simon puisse mettre cet échec de côté très rapidement et que ses entraîneurs trouvent la parade afin de dompter ces problèmes de marques, déjà fort récurrents durant tous ses concours de l’hiver.

Pascal Mancini sur 60 m avec de grandes ambitions
Exceptionnel en début de saison sur 50 m à Aigle avec un 5″63 valant la douzième performance mondiale de tous les temps, Pascal Mancini (FSG Estavayer) avait ensuite enchaîné par un joli 6″62 sur 60 m à Macolin, puis avec un superbe record suisse à 6″58 en finale des championnats suisses en salle à Saint-Gall. Motivé comme jamais, le Fribourgeois espère bien décrocher à Istanbul sa première médaille européenne. Ce matin à l’Ataköy Athletics Arena, on retrouve Pascal bien en jambes lors des séries du 60 m. En tenant tête au champion olympique Marcell Jacobs durant quarante mètres, le recordman suisse se qualifie à la place en terminant deuxième en 6″61, ce qui le place en quatrième position à l’issue de ce premier tour. Un autre Suisse a pris part à ces séries : Enrico Güntert (LC Schaffhausen). Ça s’est malheureusement pas très bien passé pour lui avec un lot de quiproquos dignes d’un vidéo gag. Exclu pour un faux-départ, il a été autorisé à recourir trois heures plus tard, après que le protêt de Swiss Athletics ait été accepté. Seul sur la piste, Enrico réussit à faire un nouveau faux-départ, mais qui est transformé en carton vert car ses starting-blocks se sont décollés du sol. Toujours en course pour espérer courir en 6″72 (le chrono actuel du dernier qualifié), le Schaffhousois se remet rapidement dans sa bulle. Le coup de pistolet libère le Suisse, mais l’aide-stater dégaine encore une fois car il a vu un faux-départ ! Carton rouge pour Güntert, qui ne pensait pas subir un tel amalgame(over) de déboires pour sa première apparition au niveau européen.

Qualification pour Annik Kälin avec un super saut à 6,70 m
Deux concours de qualifications se déroulent ce samedi matin et le saut en longueur féminin sourit à Annik Kälin (AJ TV Landquart). Après un premier essai à 6,50 m, la Grisonne se surpasse en réalisant un saut assez fantastique mesuré à 6,70 m. La qualification en poche, elle peut savourer le fait que sa magnifique performance se situe désormais entre les 6,71 m du record suisse indoor d’Irene Pusterla en 2011 à Paris et les 6,69 m de Meta Antenen, la toute première championne d’Europe de l’athlétisme helvétique en 1974 à Göteborg; quel magnifique trio !
Au saut à la perche des hommes, Dominik Alberto (LC Zürich) s’est donné de la peine avec un joli saut franchi à 5,40 m. Ensuite ses tentatives à 5,55 m n’ont pas été couronnées de succès et il n’a pas réussi à passer le cut. Pas de regret pour le champion suisse car pour espérer une qualification, il aurait fallu passer 5,65 m, ce qui est loin de son potentiel actuel.

Ditaji Kambundji et Jason Joseph lancent parfaitement leur mission
Les deux stars helvétiques des haies hautes ont bien livré la marchandise en séries du 60 m haies. Vainqueur de sa série en 8″02, Ditaji Kambundji (ST Bern) n’a pas encore sorti le grand jeu et cette économie d’énergie va être très importante pour la suite de la compétition. Même son de cloche pour Jason Joseph (LC Therwil) qui déroule lors de la première série en 7″61 et qui décroche tout de même le meilleur chrono. Derrière, il ne manque que deux centièmes à Finley Gaio (SC Liestal) pour qu’il accompagne le Bâlois en demi-finales. Ses 7″79 sont satisfaisants, mais ils restent loin de son record de l’an dernier (7″71). Quant à Mathieu Jaquet (LC Frauenfeld), il manque sa course et ses 8″10 lui donnent l’avant-dernier chrono seulement.

Pascal Mancini manque du jus en demi-finales
Il avait promis des étincelles pour les demi-finales, mais la fatigue s’en est mêlée. En effet, Pascal Mancini n’avait pas beaucoup dormi durant la nuit et, bien que sa course en séries fut bonne, il a été rattrapé par le sommeil. Comprenant lors de l’échauffement que ça allait être compliqué, le Fribourgeois donne pourtant tout ce qu’il peut lors de sa demi-finale, disputée à nouveau aux côtés de Marcell Jacobs. Cette fois-ci son départ n’est pas top et il termine en 6″64, ce qui le classe au treizième rang de ces championnats. Déçu, le Staviacois promet de revenir aussi fort cet été sur 100 m et en 2025 à Apeldoorn pour les prochains championnats d’Europe en salle.

Angelica Moser perd son titre
La finale du saut à la perche des femmes a été compliquée pour Angelica Moser. Visiblement pas au sommet de sa forme physique, la Zurichoise débute son concours à 4,25 m et ne passe cette hauteur qu’au troisième essai. Elle se reprend à 4,45 m avec un joli saut dès sa première tentative. Enfin à 4,60 m, elle lâche d’abord sa prise au moment du piqué et elle se retrouve la tête à l’envers sur le tapis. Son deuxième essai passe nettement en dessous, alors que son ultime chance a failli passer. La multiple championne suisse termine sixième, un classement qu’elle avait évidemment imaginé meilleur. Il est primordial qu’Angelica soigne correctement son pied gauche et qu’elle retrouve du coup la plénitude de ses moyens physiques d’ici le printemps.

Audrey Werro et Lore Hoffmann se hissent en finale du 800 m
On a fondé a beaucoup d’espoirs sur les deux Romandes Audrey Werro et Lore Hoffmann lors des demi-finales du 800 m et on n’a pas été déçu. Lors de la première course, Werro se place comme prévu dans la foulée de la Britannique Keely Hodgkinson et évite ainsi les frictions du peloton. Alors que ses adversaires tentent de revenir, la jeune Fribourgeoise parvient à résister pour maintenir son deuxième rang dans l’excellent chrono de 2’01″19. Dans la seconde course, Hoffmann court à l’arrière du peloton avant de remonter ses adversaires. Dans le dernier virage, la Valaisanne doit éviter une bousculade avant de lancer un très joli sprint qui lui permet de remonter au deuxième rang en 2’03″19 juste derrière la Slovène Anita Horvat. Les deux coureuses ont maintenant vingt-quatre heures pour rassembler leurs dernières forces en vue d’une finale qui doit leur donner des envies de médaille(s).

Les hurdlers passent sereinement en finale
La quatrième et ultime journée de ces 37e championnats d’Europe en salle passe d’abord par les demi-finales du 60 m haies au matin du dimanche 5 mars. Chez les hommes, Jason Joseph manque un peu son départ, mais une simple accélération suffit pour se rassurer avec une victoire en 7″50, meilleur chrono de ces demi-finales. Chez les femmes, Ditaji Kambundji semble gérer à merveille son affaire avec une troisième place dans sa course en 7″97 et un cinquième rang provisoire qu’elle ne pourra qu’améliorer. On va les retrouver en soirée pour deux finales qui s’annoncent explosives.

Loïc Gasch se bloque le dos et manque sa finale
Loin de son potentiel à cause de problèmes techniques évidents, Loïc Gasch a en plus dû subir des douleurs au dos survenues lors de l’échauffement. Le Sainte-Crix débute son concours à 2,10 m en passant au premier essai, puis il franchit 2,15 m au deuxième et il doit s’avouer vaincu à 2,19 m. Cette septième place reste bien sûr très éloignée de ses objectifs initiaux.

Annik Kälin termine juste derrière les spécialistes
En 2011 à Paris, lorsqu’elle avait battu le record suisse en salle du saut en longueur avec 6,71 m en qualifications, la Tessinoise Irene Pusterla avait ensuite flanché en finale avec 6,43 m. Douze ans plus tard, Annik Kälin se retrouve dans une situation similaire : ses 6,70 m de la veille lui offrent des perspectives intéressantes en vue de la finale, à condition toutefois de réitérer une telle performance. L’heptathlonienne de Landquart, qui croise le fer avec les meilleures spécialistes du continent, s’en sort bien avec 6,61 m d’entrée, puis avec quatre sauts entre 6,50 m et 6,60 m. Face aux cadors, qui sortent pour l’occasion le grand jeu, la Grisonne ne peut pas obtenir mieux que la sixième place; mais pas de regrets pour elle, tant le niveau de cette finale a été excellent. Plus vite que jamais dans sa course d’élan (surtout samedi), Kälin devrait pouvoir nous étonner cet été dans ses prochains heptathlons.

Les deux Romandes échouent tout près du podium sur 800 m
Les trois dernières épreuves de ces championnats d’Europe en salle doivent permettre aux athlètes suisses de se mettre largement en évidence. Le premier acte de ce bouquet final concerne le deux Romandes au 800 m. La grandissime favorite Keely Hodgkinson remporte facilement cette course après avoir dicté un train qui a fait mal à toutes ses adversaires. Bien placée dès le début en quatrième position, Audrey Werro semble avoir pris les bonnes décisions. Un peu derrière, Lore Hoffmann est partie plus prudemment, tout en gérant son retard sur la tête de la course. L’emballage final est superbe : Werro se retrouve troisième au début de la dernière ligne droite, mais la meute revient très fort. Derrière la Britannique, qui s’impose facilement en 1’58″66, la Slovène Anita Horvat décroche logiquement l’argent en 2’00″54 et finalement dans les derniers mètres, la vice-championne du monde U20 Audrey Werro se fait passer par la Française Agnès Rahorolahy (2’00″85), ainsi que par l’Espagnole Lorea Ibarzabal (2’00″87); elle termine cinquième en 2’00″91. Quant à Lore Hoffmann, sa belle remontée s’avère vaine car elle ne décroche que la sixième place en 2’01″22. Grosse déception dans le camp suisse, qui avait cru en un podium pour l’une ou l’autre de leurs compatriotes. C’est fort dommage car il n’a pas manqué grand-chose pour signer un gros exploit.

Et de deux pour la famille Kambundji !
Il ne reste plus que les finales du 60 m haies pour espérer voir l’équipe suisse progresser au classement des médailles. Comme lors des championnats d’Europe l’été dernier à Munich, Ditaji Kambundji est l’un des atouts majeurs de la délégation helvétique. Une tension énorme règne juste avant le départ, ce qui va jouer un rôle crucial dans cette finale. La Suissesse ne démarre en effet pas aussi bien qu’elle aurait voulu, au contraire des expérimentées Reetta Hurske et Nadine Visser qui s’envolent irrémédiablement; c’est la Finlandaise qui s’impose en 7″79 devant la Néerlandaise en 7″84. Ditaji a tout de même joué son va-tout et son joli cassé sur la ligne d’arrivée lui permet d’arracher la médaille de bronze en 7″91. Le chrono peut paraître décevant, mais au vu des circonstances, Ditaji est très contente d’avoir sauvé l’essentiel en laissant la surprenante Danoise Mette Graversgaard un tout petit centième derrière elle : «Je suis tellement contente d’avoir gagné une nouvelle médaille en élite. Le début n’était pas très bon, après ça été de mieux en mieux. Je me réjouis de l’été…». Le travail réalisé cet hiver, notamment le franchissement de la haie sous l’œil expert de Claudine Müller (l’entraîneur de Jason Joseph), aura été l’un des points déterminants pour amener la jeune Bernoise vers cette nouvelle médaille de bronze. Fière de sa sœur, Mujinga ne cache pas son plaisir de poser avec sa petite sœur.

Consécration amplement méritée pour Jason Joseph
La dernière épreuve de ces championnats d’Europe indoor devrait enfin consacrer Jason Joseph. Ce serait en tous les cas bien mérité pour lui après de nombreuses désillusions lors des grandes compétitions, notamment l’an dernier à Munich avec une quatrième place au 110 m haies. En 2023, après avoir abaissé à cinq reprises en quinze jours son record suisse (7″54 et 7″51 à Macolin, 7″48 à Paris, ainsi que 7″45 et 7″44 aux championnats suisses à Saint-Gall), Jason sait qu’il peut décrocher un premier graal européen en élite, ceci après avoir été sacré champion d’Europe U20 en 2017 à Grosseto et U23 en 2019 à Gävle. La course du Bâlois est éclatante de fluidité, ce qui se traduit par un titre européen décroché avec quinze centièmes d’avance, dans le chrono incroyable de 7″41 : troisième performance mondiale 2023, dix-septième de tous les temps et surtout deuxième performeur européen de tous les temps derrière l’ancien recordman du monde Colin Jackson. «Je savais que je n’étais pas le meilleur au départ et qu’il fallait que je reste calme et fasse mon job pour trouver le rythme. À la troisième haie, j’étais quasi sûr que j’allais gagner. Je n’ai pas touché le moindre obstacle».

Ce moment de gloire pour l’athlétisme suisse est à savourer car dans l’Histoire, les titres européens indoor ne sont pas légion. On a vu précédemment que sept Suissesses avait réussi cet exploit; mais six Helvètes seulement ont mis leur nom au Panthéon de cette compétition : Markus Ryffel (1978 et 1979), Roland Dalhäuser (1981), Rolf Bernhard (1981), Peter Wirz (1984), Werner Günthör (1986); avec Jason Joseph, un vide de trente-sept ans vient de se combler. C’est également la troisième fois après 1981 et 2021 que deux athlètes suisses sont titrés dans la même édition. Swiss Athletics peut donc être satisfait de ces 37e championnats d’Europe. Avec ces trois médailles (2-0-1), il s’agit du deuxième bilan de son histoire derrière les fameux cinq podiums (1-3-1) de 1984 à Göteborg. À Istanbul, la Suisse figure au sixième rang du tableau des médailles, devant des nations comme l’Allemagne, la France, l’Espagne ou la Pologne !

PAB

 

Résultats

Hommes

60 m : 12. Pascal Mancini (FSG Estavayer) 6″61 en séries et 6″64 en demi-finales
Enrico Güntert (LC Schaffhausen) DQ en séries
400 m : 14. Lionel Spitz (Adliswil Track Team) 46″79 en séries
20. Ricky Petrucciani (LC Zürich) 47″32 en séries
800 m : 23. Robin Oester (LV Thun) 1’50″40 en séries
60 m haies : 1. Jason Joseph (LC Therwil) 7″41 (record suisse indoor) / 7″61 en séries
et 7″50 en demi-finales
18. Finley Gaio (SC Liestal) 7″79 en séries
29. Mathieu Jaquet (LC Frauenfeld) 8″10 en séries
Hauteur : 7. Loïc Gasch (US Yverdon) 2,15 m / 2,19 m en qualifications
Perche : 13. Dominik Alberto (LC Zürich) 5,40 m en qualifications
Heptathlon : Simon Ehammer (TV Teufen) 6″80 – 0,00 m – DNF

 

Femmes

60 m : 1. Mujinga Kambundji (ST Bern) 7″00 / 7″18 en séries et 7″05 en demi-finales
9. Sarah Atcho (Lausanne-Sports) 7″30 en séries et 7″26 en demi-finales
13. Melissa Gutschmidt (Lausanne-Sports) 7″27 en séries et 7″30 en demi-finales
400 m : 17. Julia Niederberger (LA Nidwalden) 53″52 en séries
20. Yasmin Giger (LC Zürich) 53″89 en séries
800 m : 5. Audrey Werro (CA Belfaux) 2’00″91 / 2’05″60 en séries et 2’01″19 en demi-finales
6. Lore Hoffmann (ATHLE.ch) 2’01″22 / 2’03″34 en séries et 2’03″19 en demi-finales
15. Valentina Rosamilia (BTV Aarau) 2’04″14 en séries
1500 m : 20. Joceline Wind (Biel/Bienne Athletics) 4’25″14
60 m haies : 3. Ditaji Kambundji (ST Bern) 7″91 / 8″02 en séries et 7″97 en demi-finales
Perche : 6. Angelica Moser (LC Zürich) 4,45 m / 4,55 m en qualifications
Longueur : 6. Annik Kälin (AJ TV Landquart) 6,61 m / 6,70 m en qualifications

 

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Le dossier complet d’ATHLE.ch VINTAGE sur les championnats d’Europe en salle

Statistiques 1966-2023 de l’athlétisme suisse aux championnats d’Europe en salle

 

 

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