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Dans le cadre d’une grande recherche mise sur pied par des médias internationaux, dont la télévision allemande ARD, spécialisée dans l’enquête sur les dessous du sport, le nouveau magazine suisse en ligne Republik a publié lundi une drôle d’histoire. Des prises d’images filmées par une caméra cachée montrent comment un médecin du sport bernois conseille un jeune skieur de fond souhaitant augmenter son niveau de performance.
Le médecin, lui-même sportif de bon niveau, explique que ce n’est possible qu’avec de l’EPO ou de la testostérone. Ces substances sont certes sur la liste antidopage, mais les chances d’être contrôlé positif sont d’une pour cent mille. Suite à d’autres indications, il explique comment ingurgiter la testostérone. Il conseille de commencer trois semaines avant la compétition et de s’en administrer trois piqures.
Contacts avec un médecin russe
Dans un deuxième temps, on reproche au même médecin d’avoir pendant des années eu des échanges serrés avec le médecin en chef des athlètes russes. Republik s’appuie sur des courriels et des contrats. Tous deux se seraient plusieurs fois fixés rendez-vous, à Milan ou à Moscou. Selon son collègue russe, le médecin du sport bernois aurait de surcroît testé et trouvé bonne une nouvelle préparation.
Lorsque, mardi, la NZZ a joint le médecin du sport par téléphone et l’a confronté aux allégations, ce dernier s’est montré perplexe. Il tombe des nues. Ce qu’on lui reproche est complètement aberrant. Il doit être la victime d’un complot. Il ne connaît pas le médecin en chef russe, n’en a même jamais entendu parler. Il n’a lui-même jamais mis les pieds en Russie. Il voyage certes régulièrement à Milan, mais n’y a encore jamais rencontré de médecin. Et n’a encore jamais testé de préparation sur un être humain.
Suite à l’entretien, le médecin du sport a accepté de confirmer son propos par mail. Peu avant 17h, la NZZ a envoyé un questionnaire avec demande de réponse pour le début de soirée ou à sa convenance. Pas de réponse, jusqu’à clôture de la rédaction à 23h. D’ailleurs, le médecin n’était plus non plus joignable par téléphone, précise la NZZ.
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Commentaire : Comme toujours à l’approche des grands championnats, et de surcroît des Jeux olympiques, même d’hiver, les histoires de dopage se multiplient. Alors que la presse internationale se focalise sur les inquiétants va-et-vient entre l’Agence mondiale antidopage (AMA), le Comité international olympique (CIO), le Tribunal arbitral du sport (TAS), sans même parler de la Russie, de ses ministres et sportifs eux-mêmes ou des nouveaux flacons d’urines retirés de la circulation, l’article de la NZZ choque triplement : par la promiscuité du médecin incriminé, le nombre d’athlète suisse qui ont pu le voir et l’apparente faiblesse des contrôles antidopage. Affaire à suivre ?
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