Les vingt-septièmes championnats d’Europe en salle sont organisés à Vienne pour la troisième fois après 1970 et 1979. La délégation suisse est emmenée par André Bucher (LR Beromünster), le champion du monde 2001 du 800 m en plein air à Edmonton. On attend bien sûr un feu d’artifice de sa part à la Ferry-Dusika-Halle car il est en forme après ses 1’45″06 qu’il vient de réaliser à Liévin.
André Bucher subit la foudre polonaise
Les séries du 800 m sont abordées par André Bucher de façon fort prudente et pour cela, quoi de mieux que de diriger la course à son rythme du premier au dernier mètre ? Le Lucernois remporte donc au petit train la deuxième série en 1’48″62. Les demi-finales sont ensuite l’exacte réplique des séries, mais courues une seconde et demi plus rapidement en 1’47″10. Tous les feux semblent être au vert pour le champion du monde, ce d’autant plus que son principal contradicteur – le Polonais Pawel Czapiewski, troisième à Edmonton – est annoncé malade. Dimanche 3 mars 2002, l’athlétisme suisse est prêt à accueillir sa trente-et-unième médaille lors de ces championnats d’Europe en salle; un événement qui ne s’était plus produit depuis 1990 à Glasgow. Pour cette finale du 800 m, le Suisse reste fidèle à ses options tactiques qui ont été couronnées de succès à chacune de ses apparitions dans cette salle viennoise. André part donc très vite et passe seul devant aux 400 mètres en 50″67. Cette manœuvre n’est pas franchement suicidaire puisqu’elle est réalisée par un athlète d’exception; mais avec la répétition des efforts, elle paraît tout de même un brin risquée. À la cloche, l’avance de Bucher sur Czapiewski est de dix mètres et elle fond petit à petit dans la ligne opposée. Dans le virage et à l’amorce de la dernière ligne droite, le Lucernois court toujours en tête, mais il montre de gros signes de fatigue. En fait, il n’a plus de jus, même pas une goutte de Granador… Alors qu’il ne reste plus que quelques mètres, Bucher se fait littéralement foudroyer par le Polonais, qui s’impose avec un record national en 1’44″78. Battu de quinze centièmes, le Suisse reste hébété une fois la ligne d’arrivée passée.
Surpris par le finish tranchant de son adversaire, le Suisse aurait-il été trop présomptueux ? «Non, j’ai essayé et j’ai la conviction d’avoir fait tout mon possible. Je bats le record de Suisse en descendant pour la première fois sous les 1’45″0. Cette défaite n’est pas si grave». Ces 1’44″93 sont effectivement d’un niveau incroyable puisqu’ils représentent la septième performance mondiale de tous les temps en salle derrière les 1’42″67 de Wilson Kipketer en 1997 et, dans l’ordre : Yuriy Borzakovskiy (1’44″15 en 2001), Pawel Czapiewski (1’44″78 en 2002), Paul Ereng (1’44″84 en 1989), Nico Motchebon (1’44″88 en 1995) et Sebastian Coe (1’44″91 en 1983). En voulant asphyxier ses adversaires très tôt, André Bucher a bien failli réussir dans son entreprise. Pourtant dans un championnat, c’est bien la vitesse terminale qui est déterminante. À Vienne, Czapiewski a bien bluffé et Bucher est tombé dans le panneau. Voilà une bonne leçon que le champion du monde aura bien apprise et, on l’espère, qui lui servira cet été lors des championnats d’Europe à Munich.
Les belles performances des autres athlètes suisses
Martina Feusi (LC Zürich), la seule athlète féminine du groupe, montre cet hiver une fort belle vélocité, témoin son impressionnant record suisse du 50 m à Saint-Gall en 6″26. À Vienne, elle est d’entrée dans le bon tempo avec 7″36 en séries, mais un peu moins rapide en demi-finales avec 7″42, ce qui la classe au seizième rang. Chez les hommes, Daniel Dubois (LC Zürich) est nettement plus compétitif qu’il y a deux ans à Gand. Le Fribourgeois du LCZ a bien progressé depuis, avec notamment un titre suisse sur 100 m en 2001 à Genève assorti d’un record personnel en 10″30, soit la troisième performance de tous les temps derrière les 10″16 de David Dollé (LC Zürich) et les 10″24 de Kevin Widmer, ces deux chronos ayant été réussis le 20 août 1995 à La Chaux-de-Fonds. Les séries du 60 m se déroulent extrêmement bien pour Dubois avec un excellent 6″69 qui lui donne provisoirement le sixième temps. À l’instar de sa collègue de club, il court moins vite en demi-finales et ses 6″75 lui font manquer la finale pour quatre centièmes seulement. Son treizième rang dans ce 60 m est tout de même une belle réussite pour lui.
Les deux coureurs de 60 m haies helvétiques font jeu égal en séries avec 7″78 pour Ivan Bitzi (LV Horw) et pour Raphaël Monachon (CA Courtelary). La différence est que le premier s’est qualifié à la place et le second au temps, en tant que dernier qualifié, ce qui le ravit à merveille. En demi-finales, le Lucernois améliore son chrono avec 7″75 et se classe au dixième rang; le Jurassien-Bernois court quant à lui en 7″86 et termine quatorzième.
Enfin au saut en hauteur, Martin Stauffer (LC Zürich) manque une bonne occasion de se qualifier pour la finale. La faute à ce maudit premier essai à 2,17 m qui ne passe pas. Bien qu’il ait brillamment franchit ensuite 2,22 m, à sa première tentative, le Zurichois traîne son échec comme un boulet et cette situation le place finalement dans la peau peu enviable du premier non-qualifié.
PAB
Résultats
Hommes
60 m | : | 13. | Daniel Dubois (LC Zürich) 6″69 en séries et 6″75 en demi-finales |
800 m | : | 2. | André Bucher (LR Beromünster) 1’44″93 (record suisse indoor) / 1’48″62 en séries et |
1’47″10 en demi-finales | |||
60 m haies | : | 10. | Ivan Bitzi (LV Horw) 7″78 en séries et 7″75 en demi-finales |
14. | Raphaël Monachon (CA Courtelary) 7″78 en séries et 7″86 en demi-finales | ||
Hauteur | : | 11. | Martin Stauffer (LC Zürich) 2,22 m en qualifications |
Femmes
60 m | : | 16. | Martina Feusi (LC Zürich) 7″36 en séries et 7″42 en demi-finales |
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