ATHLE.ch VINTAGE | BIOGRAPHIE PHILIPPE CLERC / ÉPISODE 12 | Au milieu des années '60, un athlète fort prometteur nommé Philippe Clerc débarque au Stade Lausanne. Très vite le jeune sprinter va progresser en autodidacte pour devenir l'un des cadors du sprint mondial de 1969 à 1972 ! ATHLE.ch «VINTAGE propose de revivre la carrière exceptionnelle d'un athlète pris entre les deux feux de ses études de médecine et du top niveau mondial du sprint. Le douzième des quinze épisodes de cette biographie est consacré à la première partie de la saison 1972, qui voit le docteur Philippe Clerc se préparer pour les Jeux Olympiques de Munich.

Philippe Clerc, brillant étudiant en médecine lausannois, désormais ex-recordman d’Europe et ancien champion d’Europe du 200 m, voit deux échéances extrêmement importantes se présenter à lui presque en même temps : ses examens finaux de médecine et les Jeux Olympiques de Munich ! Malgré cette surcharge, il reste très optimiste au seuil de la nouvelle année. Il s’entraîne cinq fois par semaine à raison de deux heures par séance, au cours desquelles il est loin de se tourner les pouces. Il pense aussi pouvoir tirer la leçon des quelques erreurs qui chambardèrent une bonne partie de sa dernière saison. Il pensait d’abord se rendre aux États-Unis, mais cette expérience – écourtée par ses examens – aurait risqué de le fatiguer plutôt que de l’aider.
Cette année, les compétitions en salle sont à son programme. Le premier meeting se déroule le 29 janvier à Lyon, où il termine troisième d’un 50 m en 5″9. Ce n’est pas une réussite à cause d’un manque de rythme et d’agressivité, mais c’est aussi normal après une longue pause hivernale consacrée uniquement au travail foncier. Le 5 février, il se rend à Zurich pour une réunion des cadres nationaux. Les sprinters ont le privilège de suivre un entraînement sous la direction de Bud Winter, qui fut l’entraîneur de Tommie Smith et John Carlos à l’époque des Jeux Olympiques de Mexico. Ce grand spécialiste a dit être impatient de rencontrer Philippe Clerc ! Le lendemain, le Lausannois retourne à Lyon pour terminer deuxième d’un nouveau 50 m en 6″00 électrique, donc nettement mieux que la semaine précédente. Quant à son 200 m, couru sur une piste étroite de 166 m, son chrono de 23″1 n’est pas à prendre au premier degré; c’était un simple galop d’entraînement. Au moment de faire leur choix en vue des championnats d’Europe en salle, les dirigeants de l’athlétisme suisse ont préféré jouer la carte de l’expérience. Ainsi le 11 mars au Palais des Sports de Grenoble, c’est Philippe Clerc qui court sur 50 m aux dépends du Bernois Ugo Molo. Il réussit 6″01 en séries, ce qui lui permet de se qualifier pour les demi-finales pour un centième. Il doit déchanter à ce stade de la compétition suite à un départ complètement raté et il termine dernier en 6″15.

Un début de saison calme, puis une belle embellie
Les minimas pour les Jeux Olympiques de Munich édités par la F.S.A. (10″3 et 20″9) sont largement à la portée de Philippe Clerc. Mais tant que ses examens finaux ne seront pas derrière lui, il ne faudra pas espérer le voir briller au cours de ses compétitions de préparation. Légèrement blessé à un tendon au début du mois d’avril, Philippe décide de lever un peu le pied et il se rend en Angleterre pendant quinze jours chez son amie Janet Simpson. Rassuré par quelques entraînements qu’il a pu faire du côté de Crystal Palace, il choisit d’entamer sa saison en plein air le 22 avril à Vevey, un peu comme au bon vieux temps de sa jeunesse où il courait de manière prometteuse sur la piste bien bosselée du petit stade de Copet. Sauf que sept ans plus tard, le petit stade de 300 m est de super qualité puisque les dirigeants du CARE Vevey inaugurent ce jour-là une piste synthétique en rub-tan noir, la toute première du genre dans le canton de Vaud. Comme on pouvait s’y attendre, Clerc ne court pas en mode agressif car il a peur de déclencher à nouveau des douleurs à son tendon; il est crédité de 11″0. Le 29 avril, même son de cloche sur la cendrée de la Pontaise, mais sur trois courses : le 100 m en 11″0, le 300 m en 35″7 et un abandon sur 600 m au deux tiers (52″0 aux 400 mètres). Son tour du Pays de Vaud se poursuit le 6 mai à Yverdon à l’occasion du Challenge Davo. Cette fois-ci son tendon est bandé; est-ce plus grave qu’annoncé ? Il ne le dit pas et pour la troisième fois d’affilée il court en 11″0 sur 100 m. Son abonnement à cette performance est prolongé le 13 mai lors du Disque d’Or à Vidy. Heureux de sa régularité, il refuse toutefois de divulguer combien de temps encore il va jouer à ce jeu. Il donne cependant des indices sur son niveau de forme en comparant ses performances à celles de ses adversaires : «Regardez le Chaux-de-Fonnier Willy Aubry : il a fait 11″2 la semaine dernière à Zurich sur le tartan et 11″6 ici sur la cendrée. Mes 11″0 valent donc 10″6…». Blague à part, il ne cache pas qu’il s’attendait à mieux : «Lors de toutes mes autres courses, j’avais eu l’impression de rester au-dessous de mes possibilités et je pensais qu’il suffisait d’un peu de concurrence pour me pousser vers les 10″5-10″6. Or aujourd’hui, un Italien m’a tenu tête et je n’ai pas pu le distancer. Mes jambes ne répondaient pas, elles se dérobaient sous moi».
En fait le Lausannois n’a pas à attendre longtemps pour que ses espérances se concrétisent. Son déplacement du 20 mai à Trèves, sur la cendrée et face à 2 m/s de vent contraire, marque un retour en forme avec un 100 m couru en 10″6, puis un 200 m bouclé en 21″2. Deux jours plus tard à Rehlingen, ses performances sont un peu moins bonnes avec 10″8 et 21″9. Il n’empêche, le bilan de ce week-end de Pentecôte en Allemagne est tout à fait positif car il montre bien que Philippe Clerc se trouve sur la bonne voie.
Les conditions atmosphériques sont très mauvaises le 28 mai à Bâle et les chronos des sprinters s’en sont évidemment fortement ressentis. Sur 100 m, Philippe Clerc confirme la bonne impression qu’il avait laissée huit jours plus tôt en Allemagne en battant d’un bon mètre Hansruedi Wiedmer dans le temps de 10″7 face à 3,8 m/s. Un peu plus tard, Clerc s’adjuge le 200 m en 21″3, puis il retrouve ses collègues du relais 4 x 100 m. Jean Studer – l’homme qui dirige le cadre du sprint – peut compter sur le Lausannois, mais pas sur les meilleurs Zurichois. Ces derniers entendent en effet former à eux seuls (Diezi, Kempf, Hoelzle et Muster) une équipe plus forte que celle de la Fédération. Curieuse méthode, mais le combat promet d’être passionnant. À Bâle, l’équipe composée de Clerc, Molo, Wiedmer et du nouveau-venu Heini Vogler (Old Boys Basel) réussit un chrono de 40″6. La limite olympique de 39″4 semble encore bien loin. Mais avec un Clerc plus mordant et avec le retour en forme de Pusterla, pourquoi ne verrait-on pas un quatuor helvétique se passer le témoin dans trois mois à Munich ?

La limite olympique sur 200 m tombe à Turin
Le 2 juin , un meeting universitaire de grande envergure est organisé à Turin et le moment le plus palpitant pour les quelque 20000 Tifosi qui étaient dans le stade, mais aussi pour la grappe de Suisses qui avaient fait le déplacement, c’est le 200 m. L’espoir Italien Pietro Mennea affronte l’ex-recordman d’Europe Philippe Clerc et il y a comme un air de revanche pour le Transalpin, battu pour deux centièmes par le Lausannois en finale des championnats d’Europe d’Helsinki l’an dernier. Dans les séries, le niveau est tout de suite très haut avec 20″8 pour Mennea et 21″1 sans forcer pour Clerc. En finale, le Suisse est à la corde, tandis que l’Italien est à l’extérieur. Philippe Clerc réussit un virage de toute grande classe, ce qui le place nettement en tête à l’amorce de la ligne droite. C’est alors que les choses se gâtent, Clerc, qui n’a pas encore couru de 200 m sérieux depuis le début de la saison, se désunit quelque peu. Mennea de son côté passe la surmultipliée, comble le trou et creuse même l’écart dans le sens inverse pour terminer avec trois mètres d’avance en 20″4, un chrono de valeur mondiale. Clerc n’a pas à rougir de cette défaite somme toute assez logique. Ses 20″7 sont également excellents car ils lui assurent l’essentiel : une qualification pour les Jeux Olympiques de Munich. Voilà un souci de moins ! «Je sentais que j’avais suffisamment de force, mais je n’arrivais pas à me maîtriser techniquement. Et, dans la dernière ligne droite, c’est une affaire essentiellement technique. Dommage que cette course n’ait pas eu lieu trois semaines plus tard». Il semble bien que Philippe Clerc ait retrouvé sa pointe de vitesse qu’il avait quelque peu perdue l’an dernier. On en veut pour preuve évidente les derniers vingt mètres de la finale de son 100 m ici à Turin. Très mal parti, il sort tout d’un coup sa cravache et relance brutalement la machine. On voit alors une véritable fusée revenir sur les hommes de tête pour finalement se classer troisième en 10″5, soit dans le même temps que les deux premiers. On a retrouvé le Clerc de 1969, cela ne fait aucun doute. À Turin, le Lausannois s’est également réconcilié avec les dirigeants du sport suisse universitaire, qui n’avaient pas apprécié ses exhibitions de 1967 à Tokyo (où il était blessé) et de 1970 à Turin (où il était malade).
Toujours fidèle pour aider son club lors des championnats suisses relais, on retrouve Philippe Clerc le 4 juin à Berne où le Stade Lausanne fait figure de favori pour le titre du 4 x 100 m. Dave James, qui a repris du service pour l’occasion lance admirablement la course et transmet à Heinz Witschi, royal dans la ligne opposée. Le jeune Tremp assure le second virage, mais il ressent tout à coup une douleur dans une jambe et il ne fournit plus son rendement habituel. Philippe Clerc, qui doit terminer ce relais, ne se rend pas compte de la torpeur de son coéquipier, qui n’arrive pas à sa vitesse maximale. Il part donc trop tôt et il est obligé de freiner nettement pour prendre le témoin dans la zone autorisée. De précieux dixièmes viennent de s’envoler et, malgré un retour impressionnant dans les cinquante derniers mètres, il échoue pour un dixième face aux coureurs du TV Länggasse et du CA Genève.
Le Stade Lausanne prend part ensuite le 10 juin à un essai interclubs à Bâle. Face à son ami Hansruedi Wiedmer, Philippe Clerc confirme son bon état de forme avec un très joli 10″4 sur 100 m et un 21″4 déroulé sur 200 m.
Le 14 juin à Vidy Ouest se déroulent les championnats suisses universitaires. En arrivant au stade, l’un de ses amis l’accueille comme d’habitude par un : «Salut Philippe !». Alors, doucement et sur le ton de la confidence, il lui répond : «Aujourd’hui, tu peux m’appeler docteur…». Il vient en effet de terminer avec succès – et même avec un certain brio – ses examens de médecine qu’il avait débuté en février dernier. Bravo pour cette impressionnante réussite ! Cette compétition s’est logiquement transformée en un bon entraînement avec trois victoires (100 m, 200 m et 4 x 100 m). «Mes 22″1 sur 200 m ne m’inquiètent pas. Je ferai le point après mes quatre prochaines compétitions. Ma tendinite m’a longtemps gêné. C’est la première semaine que je pouvais m’entraîner comme je le désirais. Je vais désormais pouvoir travailler de manière idéale ma vitesse».
Le 17 juin, l’équipe suisse affronte à Barcelone son homologue Espagnol dans un match à deux hommes. Sur 100 m, Philippe Clerc est trahi par son starting-blocks, comme ce fut le cas l’an dernier aux championnats suisses à Bâle. Il tente d’expliquer sa mésaventure au starter, mais ce dernier reste impassible. Eliminé de ce 100 m, le Lausannois a la possibilité de courir dans la course hors match, qu’il remporte en 10″6 face à 4 m/s de vent. Il prend part ensuite au relais 4 x 100 m avec une meilleure performance suisse de la saison en 40″5, puis il s’impose de belle manière en 21″0 face à l’Espagnol Ferrea, crédité de 20″7 huit jours plus tôt. Clerc, qui avoue subir une certaine décompression suite à ses quatre mois d’examens, a tout de même démontré que les grands chronos sont certainement pour très bientôt.

Un super 100 m à Stuttgart
En fait il ne faut pas attendre très longtemps puisque le meeting de Stuttgart du 21 juin permet à Philippe Clerc de compléter son ticket pour Munich avec la partie concernant le 100 m. Lors de la première série, le vent souffle idéalement sur la ligne droite du Neckar Stadion. Philippe Clerc réussit un excellent départ et, malgré un tout petit passage à vide entre 20 et 40 mètres, on le voit planer de manière royale sur la piste en tartan pour décrocher sur le fil un chrono de 10″2 qui lui permet d’égaler le record suisse qu’il codétenait déjà en compagnie de Hansruedi Wiedmer, de Reto Diezi et de Fabrizio Pusterla. C’est la troisième fois que le Lausannois réussit un tel chrono après celui du 4 juillet 1969 et celui du 3 juillet 1970, les deux fois à Zurich. Clerc est évidemment très content d’avoir également obtenu sa qualification olympique sur 100 m car il pense que le fait de courir d’abord sur cette distance à Munich, ce sera la meilleure des préparations pour le 200 m olympique. Plus tard lors de cette douce soirée qui règne sur le Bade-Wurtemberg, il s’impose sur 200 m en 20″8, à un dixième de son chrono d’il y a trois semaines à Turin. Enfin le relais 4 x 100 m est remporté par les sprinters du LC Zürich en 40″1, soit un nouveau record suisse des clubs battu de quatre dixièmes. Les Zurichois (Marcel Kempf, Reto Diezi, Markus Schuppiser et Peter Muster) démontrent que leur démarche individuelle est sur de bonnes voies, bien qu’encore très éloignée des minimas olympiques de 39″4. Quant à l’équipe nationale (Philippe Clerc, Ugo Molo, Hansruedi Wiedmer et Heinz Reber) restent à une demi-seconde en 40″6. De toute évidence, le relais helvétique ne pourra s’offrir une participation olympique qu’à condition d’une fusion entre ces deux équipes; à nos yeux avec Kempf, Wiedmer, Muster et Clerc.

Le chronométrage manuel de moins en moins crédible
C’est devenu un fait bien récurrent dans le monde du sprint en ce début des années ’70 : l’apparition progressive du chronométrage électrique montre que les temps pris manuellement sont appelés à disparaître purement et simplement de la norme. C’est vrai, l’athlétisme a très longtemps dû subir des problèmes de chronos douteux, surtout en matière de sprint. On en veut pour preuve les temps arrangés lors de la fameuse « Night of Speed » en juin 1968 à Sacramento. En Suisse, dans le courant des années ’60, quelques cas ont également suscité de grosses indignations. D’abord lors des championnats romands qui s’étaient déroulés le 3 juillet 1966 à la Pontaise. Hans Hönger (Stade Lausanne) remportait très facilement la finale du 100 m devant son camarade de club Jean-Pierre Strebel.
D’après la photo, quatre mètres séparaient les deux sprinters, ce qui aurait dû donner un écart de cinq dixièmes au maximum. Mais le verdict des chronométreurs fut étonnant : 10″4 pour Hönger et 11″2 pour Strebel ! Ce qui fit dire à un spectateur : «Ce n’est vraiment pas possible, ils ont dû certainement chronométrer avec des réveils-matins ou des sabliers !» Bien qu’un peu exagérée, cette réflexion traduisait bien la vague d’indignation qui souffla alors dans les travées du stade Olympique au moment de la proclamation des résultats. La limite en poche pour les championnats d’Europe de Budapest, Hans Hönger n’avait pas vraiment brillé dans la capitale hongroise avec 10″8 en séries et 11″2 en demi-finales.
Plus tard, entre 1968 et 1972, quatre sprinters helvétiques ont réussi à courir à six reprises le 100 m en 10″2, ce qui représente l’actuel record suisse : Hansruedi Wiedmer (TV/AS Pratteln) le 12 juin 1968 à Paris, Philippe Clerc (Stade Lausanne) le 4 juillet 1969 à Zurich, puis le 3 juillet 1970 à nouveau à Zurich et le 21 juin 1972 à Stuttgart, Reto Diezi (LC Zürich) le 26 juillet 1969 et Fabrizio Pusterla (SFG Lugano) le 3 juillet 1970. Tous ces 10″2 ont-ils le même poids ? Bien évidemment que non. On sait qu’en sprint la qualité du chronométrage manuel joue à cette époque un rôle très important. Un 10″1 réalisé lors du meeting international de Zurich dans des conditions idéales (2,0 m/s de vent favorable par exemple) et sanctionné par des chronométreurs très bons enfants (qui oserait prétendre que ceux du Letzigrund ne l’ont jamais été ?) peut fort bien équivaloir à un anonyme 10″4 obtenu dans des conditions moins favorables, avec des chronométreurs très sévères. À défaut de références indiscutables (un chronométrage électrique de contrôle), une chatte a finalement bien de la peine à y retrouver ses petits… En ce qui concerne les 10″2 des sprinters suisses, une sélection est cependant possible. La performance de Hansruedi Wiedmer n’a jamais été mise en doute, pour deux raisons principales. L’homme était en superforme ce soir-là, à Paris (il allait ensuite réaliser 20″8 sur 200 m). D’autre part, les chronométreurs français sont réputés pour leur sévérité. La France, patrie du cocorico facile, n’est pas celle des chronos bidons. Pour Philippe Clerc, la question ne se pose même pas. La loi des nombres joue pour lui. Trois fois, les chronométreurs lui ont attribué un 10″2. Ils n’ont manifestement pas pu se tromper trois fois. De plus, il est le seul pour l’instant à avoir un jour réussi 10″1. C’était au Letzigrund en 1969, mais le vent soufflait au-delà de la limite autorisée. Il existe des preuves irréfutables – deux temps électriques le prouvent – que Clerc valait réellement 10″2 et, en une occasion, 10″1 voire 10″0 ! Le premier concerne l’Universiade de Turin en 1970 où Clerc avait été crédité en série de 10″38, ce qui correspond à un 10″2 manuel puisqu’on estime que l’écart entre la machine et l’homme varie entre 15 et 25 centièmes. Le deuxième concerne le 100 m du meeting de Zurich en 1969. On se souvient que le Cubain Hermes Ramirez, le Trinitéen Edwin Roberts et le sprinter du Stade Lausanne avaient fini dans un mouchoir. Ramirez avait été crédité de 10″0, Roberts de 10″1, et Clerc de 10″2. Or, la couverture électrique a montré que Roberts et Clerc auraient dû être crédités du même temps, 10″1 ou même 10″0. En effet, Ramirez était pointé en 10″20 et Philippe Clerc en 10″23. L’année précédente à Zurich, le Sud-Africain Paul Nash avait d’ailleurs été payé d’un 10″0 alors que le chrono électrique indiquait 10″28. Quant aux 10″2 de Clerc en 1970, son chrono électrique de 10″42 a finalement été le seul chrono homologué pour déterminer le tout premier record vaudois électrique; pourquoi les 10″23 de 1969 ont-ils été ignorés ? Mystère ! Tout cela est bien sûr très compliqué, mais il faut bien y passer pour remettre un peu d’ordre dans une discipline où l’on commence seulement à faire le ménage. Les deux 10″2 de Reto Diezi et de Fabrizio Pusterla sont en revanche beaucoup plus discutables. Diezi, de l’avis des observateurs présents à la fin du mois de juillet 1969 lors d’un petit meeting au Letzigrund, a bénéficié des largesses du starter qui ne sanctionna pas son faux-départ. Quant à Pusterla, il doit son 10″2 à un faux-départ et à des chronométreurs trop prompts à la gâchette. Son temps électrique était de 10″53. On résume : 10″53 égale 10″2 pour Pusterla et 10″23 égale 10″2 pour Clerc ? Allez faire croire après ça que l’athlétisme est le sport de rigueur par excellence… On regrettera d’autant plus ces erreurs qu’elles ont, dans le cas de Pusterla notamment, brisé sa prometteuse carrière. Avec un 10″4 ou même un 10″3, le Tessinois aurait été encouragé à travailler, pour conquérir les sommets dont il s’était approché. Promu artificiellement dans l’élite européenne à 18 ans, il n’a pas digéré l’événement et il a rapidement disparu.
En 1972, l’I.A.A.F. n’en est qu’au tout début de ses études comparatives. Elle va établir en 1975 une règle pour compenser les différences entre les deux systèmes de chronométrage (manuel et électrique) : vingt-quatre centièmes pour les courses de courtes distances (100 m, 200 m, 110 m haies) et de quatorze centièmes pour les courses sur le tour de piste. Cette anarchie des chronos mixtes va durer encore jusqu’à la fin de la saison 1976. Dès le 1er janvier 1977, l’I.A.A.F. et la F.S.A. n’homologueront plus aucun record chronométré manuellement.

PAB

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