21.01.1924
Les organes directeurs de l’Association Suisse de Football et d’Athlétisme (A.S.F.A.) et de la Société Fédérale de Gymnastique (S.F.G.) publient dans les journaux du pays un appel aux athlètes en vue des Jeux Olympiques d’été à Paris. Finalement plus de 50 inscriptions ont été reçues, et une sélection de 35 athlètes (25 par l’A.S.F.A. et 10 par la S.F.G.) est ensuite élaborée pour un cours préparatoire de trois jours en mars.
17.02.1924
Les championnats suisses de cross se disputent à Lausanne sur un parcours de 8500 m aux alentours du stade de la Pontaise. Après une première boucle très groupée, le Lausannois William Marthe prend le commandement des opérations, puis de lâche progressivement ses adversaires. De retour dans le stade, il peut savourer la victoire avec le public. Derrière arrive un coureur du CS Lausanne, mais ce n’est pas Paul Martin. En effet Marius Schiavo a pu s’assurer la deuxième place, en terminant à une soixantaine de mètres du vainqueur. C’est le Genevois Charles Liechty qui complète le podium.
Sagement quatrième en début de course, William Marthe va remporter le titre suisse chez lui à Lausanne
23.03.1924
La fin du mois de mars coïncide avec des courses de renom. Le première se dispute à Lausanne à l’occasion du Tour de Lausanne remporté par Alfred Gaschen avec le record du parcours.
30.03.1924
Les meilleurs coureurs se sont donné rendez-vous aux abords du Förrlibuck Stadion pour prendre part au troisième cross de Zurich. Sur un parcours de 8500 m, on assiste à un triomphe d’Alfred Gaschen. Derrière on retrouve le trio médaillé aux championnats suisses, mais dans le désordre avec la deuxième place de Marius Schiavo, la troisième de William Marthe et la quatrième de Charles Liechty.
18.05.1924
La saison estivale 1924 débute par la première manches de la journée nationale de course d’estafettes à Lausanne. Avec ses camarades du CS Lausanne Constant Bucher, Baumgartner et André Verdeil, Paul Martin termine le relais suédois en tête dans le chrono de 2’02″2, soit un nouveau record suisse.
01.06.1924
C’est le grand jour de l’athlétisme suisse puisque c’est au terme de ce meeting préolympique de Berne que la sélection définitive pour les Jeux Olympiques de Paris sera dévoilée. Une soixantaine d’athlètes prennent part à cette unique compétition de sélection et chacun donne le meilleur de lui-même afin de recevoir le précieux sésame olympique. Quatre records suisses tombent lors de cette journée. Willy Schärer remporte le 1500 m en 4’01″8 ce qui lui permet d’améliorer de deux secondes et sept dixièmes le record national qu’il codétenait depuis l’an dernier avec Paul Martin. Willi Moser (FC Biel) remporte le 110 m haies en 16″2 et améliore son record suisse de deux dixièmes. Les deux autres records suisses sont l’œuvre de Werner Nüesch (TV Balgach) qui projette son poids à 12,94 m et de Hans Wipf (FC Zürich) qui lance son javelot à 52,80 m, soit des améliorations respectivement de 32 centimètres et de 1,80 m. En sprint, Karl Borner (TV Olten) s’adjuge le 100 m en 11″1 et Walter Strebi (LSC Luzern) le 200 m en 22″7. Le tour de piste est désormais la chasse gardée du Genevois Josef Imbach qui s’impose facilement en 51″7. Le 800 m engendre un doublé lausannois avec la victoire de Paul Martin en 1’56″9 devant Jean Dentan en 1’59″6. Grand dominateur du demi-fond long durant l’hiver, William Marthe l’est également sur la piste en scories de Berne sur 5000 m, qu’il gagne en 16’31″3. Dans les disciplines techniques, le décathlonien Adolf Meier (STV St.Gallen) saute 6,71 m en longueur, tandis que Werner Nüesch – en plus du poids – lance le disque à 38,79 m. Enfin en marche, sur 10000 m, la victoire revient à Arthur Tell Schwab (Gehsportsektion Baden) en 49’56″4.
03.06.1924
Le comité de sélection de l’A.S.F.A. et de la S.F.G. dévoile la sélection olympique pour les compétitions d’athlétisme, pour lesquelles 17 athlètes sont retenus avec en tête d’affiche Josef Imbach, Paul Martin, Willy Schärer et Ernst Gerspach. Cette annonce est plutôt bien accueillie, à une exception près. En effet le marcheur Arthur Tell Schwab est un Suisse qui vit en Allemagne et sa sélection est tellement critiquée que le président de l’A.S.F.A. Jakob Schlegel doit préciser que l’attribution définitive du marcheur Schwab avec l’équipe olympique suisse n’a été entérinée que lorsque l’assurance a été donnée qu’un montant très important a été payé par le secteur privé afin d’assurer les frais de transports de Schwab depuis Berlin.
07-08.06.1924
Les 17 athlètes retenus pour les Jeux Olympiques de Paris n’ont plus qu’un mois pour affûter leur forme. Paul Martin est celui qui se distingue singulièrement au niveau de son approche, on va dire peu conventionnelle. Mais l’étudiant en médecine lausannois connaît le programme démentiel qui l’attend le mois prochain à Paris et il mène sa préparation en conséquence. À Lausanne, il prend part à plusieurs épreuves des IXe championnats suisses universitaires et remporte, malgré une piste lourde, le 800 m, le 1500 m, le pentathlon, le relais suédois et le 3000 m à l’américaine. Il tient également tête à l’un des meilleurs sprinters du pays, Heinz Hemmi, en ne concédant qu’un mètre sur 200 m. À Vidy, on a aussi vu les prestations de Josef Imbach sur 400 m en 51″8, de Victor Moriaud sur 110 m haies en 16″4, du Bâlois qui s’entraîne à Vidy Otto Garnus au poids avec 12,70 m et de Constant Bucher avec 39,80 m au disque.
10.06.1924
Paul Martin participe à un 800 m du côté de Colombes, le stade des prochains Jeux Olympiques de Paris. Il parvient à s’imposer en 1’56″0.
22.06.1924
Sur demande de l’A.S.F.A., les dirigeants du Cercle des Sports de Lausanne acceptent d’organiser une nouvelle compétition sur leurs belles installations de Vidy. Hélas ce meeting est perturbé par le vent et la pluie. Le Lucernois Walter Strebi semble bien affûté avec un joli 22″2 sur 200 m (hélas avec un peu trop de vent). Sur 800 m, Paul Martin et Willy Schärer ne forcent pas leur talent outre mesure puisqu’ils ne se contentent que de gagner, en 2’01″2 sur 800 m pour le Lausannois et en 4’05″2 sur 1500 m pour le Bernois. William Marthe réalise un cavalier seul lors d’un 5000 m rondement mené et il a été récompensé d’un 15’53″8 qui représente le deuxième chrono de sa carrière. Un joli duel au 110 m haies débouche sur un record suisse égalé pour Victor Moriaud en 16″2 face au Biennois Willi Moser qui termine à 30 centimètres. Enfin le décathlonien Lausannois Constant Bucher affine dans quatre disciplines ce qui doit l’être encore; ses meilleures prestations sont assurément le 100 m (à un mètre des 11″0 de Borner) et le disque (38,26 m).
L’équipe suisse, qui s’est nettement mieux préparée qu’il y a quatre ans pour les J.O. d’Anvers, semble prête à rejoindre Paris avec tous les atouts de son côté. Sera-ce suffisant pour briller ?
06-13.07.1924
Samedi 5 juillet 1924, le grand jour est arrivé. La délégation suisse est prête à parader dans le stade de Colombes pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. C’est le Bâlois Otto Garnus qui ouvre le cortège suisse en portant un panonceau; derrière lui vient M. Max Sillig de Vevey, portant l’étendard national, puis le Docteur Francis-Marius Messerli et de Professeur Richème représentant le Comité Olympique Suisse. Nos dirigeants sont suivis de nos athlètes défilant en rangs de quatre. Les compétitions d’athlétisme débutent le 6 juillet avec les deux premiers tours du 100 m. Walter Strebi est le seul de nos trois sprinters à décrocher son ticket pour les quarts de finale en prenant la deuxième place de la onzième série en 11″2 derrière l’Américain Walter Rangeley. Hélas le Lucernois s’est blessé à la cuisse en fin de course et son couloir reste vide l’après-midi lors des quarts de finale. Victor Moriaud, quatrième de la huitième série et Karl Borner, troisième de la douzième manquent de peu leur qualification à la place. Ce premier jour de compétition voit également l’entrée en lice de Paul Martin dans les séries du 800 m. Opposé à des adversaires de seconde classe, le Lausannois sort vainqueur en 2’00″2. Lundi 7 juillet, c’est le jour de la demi-finale du 800 m de Paul Martin. Le Lausannois se trouve dans la première course avec trois coriaces adversaires : l’épouvantail Henry Stallard, l’Américain Bill Richardson, ainsi que Rudolf Johansson, de loin le meilleur des Suédois. Comme prévu, Stallard l’emporte facilement en 1’54″2 et il est accompagné de Richardson, crédité de 1’55″0. Pour la troisième et dernière place qualificative pour la finale, la bataille fait rage entre Martin et Johansson. À un moment de la course, le Suisse cherche à se dégager, mais il perd un temps précieux. Finalement au prix d’un effort maximal dans la dernière ligne droite, Paul Martin passe le Français Baraton et doit tirer sa foulée jusqu’à la ligne d’arrivée pour laisser le Suédois Johansson à peine derrière lui en 1’55″6 contre 1’55″7. Ouf, on était à deux doigts de la catastrophe !
Le troisième jour de ces Jeux Olympiques, le mardi 8 juillet, permet de voir sept suisses à l’œuvre lors des séries et des éliminatoires. Sur 200 m, le Soleurois Karl Borner manque de peu la qualification en terminant troisième de la quatrième série. Sur 5000 m, William Marthe se retrouve dans la même série que le maître Finlandais Paavo Nurmi. Alors que le Lausannois suit parfaitement le rythme, on le voit abandonner un peu avant les 4000 mètres. Sur 110 m haies, deux Suisses sont au départ. Si Victor Moriaud rate le coche en terminant troisième de sa série, Willi Moser ne manque pas l’occasion de filer en demi-finales grâce à sa deuxième place. L’après-midi, dans la deuxième demi-finale, le Biennois ne termine que sixième en 16″1, mais ce chrono lui permet de battre d’un dixième le record suisse qu’il co-détenait avec son coéquipier du jour en 16″2; le contrat est donc parfaitement rempli pour Willi ! Enfin dans les éliminatoires du lancer du poids, le Saint-Gallois Werner Nüesch termine au 21e rang avec 12,45 m, tandis que son collègue Bâlois Otto Garnus le suit au classement à la 23e place avec 12,12 m.
Ce mardi 8 juillet 1924 sera-t-il un jour de gloire pour Paul Martin ? Possible, mais c’est aussi ce que veulent les huit autres coureurs de la finale du 800 m… Après deux faux-départs, c’est enfin parti pour un moment de pure anthologie. Ce début de course est rapide et après 300 m de course, Paul Martin passe en sixième position.
Le rythme s’accélère encore au début du deuxième virage, mais à ce moment-là le Lausannois est enfermé. En se décalant sur sa droite, Paul s’extirpe peu à peu du traquenard tenus par les Américains. Malheureusement il a perdu un temps précieux sur la tête de la course. Au moment d’aborder le dernier virage, à 250 m de l’arrivée, Martin est toujours en sixième position. À nouveau enfermé par l’Américain Richardson, il décide de passer derrière lui, puis de le doubler par la droite en faisant l’extérieur. Ça ressemble à un suicide, mais l’opération fonctionne. Dans le dernier virage, Paul se sent pousser des ailes qui l’incitent à aller de l’avant, encore et encore. Il arrive maintenant à hauteur d’Enck, qu’il passe sans coup férir. Incroyable ! Dans cette fin de virage, le voilà proche de Lowe et de Stallard. Il ne reste plus que 100 m et le Suisse possède enfin une piste dégagée, ce qui lui permet de lancer ses dernières forces dans la bataille. Il transcende sa foulée, en dodelinant sa tête de droite et de gauche. Dans le même temps, Stallard est en train de coincer et il ne reste maintenant plus que Douglas Lowe devant lui. Il revient fort en reprenant 20, 30, 50 centimètres, un mètre même, ce qui, vu depuis les tribunes, lui permet de franchir le fil d’arrivée sur le même plan que l’Anglais.
À bout de souffle, aucun des deux coureurs ne sait qui est le vainqueur de cette finale endiablée. Debout côte à côte un peu plus loin de l’arrivée, les deux hommes récupèrent comme ils peuvent. Martin apprend le verdict avant l’Anglais et se tourne vers lui pour le féliciter.
– «Est-ce que vous avez gagné, Martin ?» dit Lowe en lui tendant la main.
– «Non, c’est vous !», répond le Suisse. En véritable gentleman, les premières paroles de Lowe sont :
– «Oh ! Comme je regrette, Martin, que vous n’ayez pas gagné !».
Dans un premier temps, le même chrono est affiché pour les deux athlètes. Mais très vite le classement est modifié en 1’52″4 pour Douglas Lowe et en 1’52″5 pour Paul Martin. Pour la première fois dans l’Histoire des Jeux Olympiques, un athlète suisse est monté sur le podium. Il s’en est fallu de peu pour que cette belle médaille d’argent n’ait été l’or olympique.
Mercredi 9 juillet, le camp suisse est toujours en train de fêter la médaille d’argent de Paul Martin. Pourtant il ne faut pas perdre de vue que les Jeux Olympiques ne sont de loin pas terminés et que d’autres atouts helvétiques peuvent eux aussi apporter de grandes joies au Comité Olympique Suisse. C’est le cas des deux seuls athlètes qui sont en lice ce jour-là. Arthur Tell Schwab, l’Argovien d’Allemagne, prend part aux demi-finales du 10000 m marche, où les cinq premiers de chacune des deux séries obtiennent leur ticket pour la finale de dimanche. Il faut marcher dans les clous à Colombes car les juges-arbitres sont particulièrement intransigeants. Sur les 25 concurrents des deux demi-finales, 15 ont été disqualifiés pour une marche incorrecte. Arthur Tell Schwab, un pur esthète de la marche, n’a bien sûr pas failli. Il s’est facilement qualifié pour la finale en prenant la troisième place dans la seconde demi-finale. Sur 1500 m, il y a vraiment du beau monde parmi les 40 inscrits pour les séries dont le Bernois Willy Schärer. Sans complexe, il se permet de mener sa course à une bonne allure. Cette tactique s’avère payante puisqu’il prend la mesure de Douglas Lowe et s’impose dans la deuxième série en 4’06″6, soit le meilleur chrono des six courses de 1500 m.
Jeudi 10 juillet, on entame la seconde partie de ces Jeux Olympiques de Paris. Le Genevois Josef Imbach, qui a passé sans encombre les séries du matin, est engagé dans le sixième et dernier des quarts de finale. Au terme d’une magnifique course, le Suisse passe la ligne en vainqueur et reste en attente de son temps. Assis sur leur échelle, les chronométreurs ont fait leur travail, bon pied bon œil. Les résultats sont transmis au speaker, qui s’apprête à lâcher une véritable bombe : «Résultats du sixième quarts de finale du 400 m. Premier, Josef Imbach, Suisse, 48 secondes, nouveau record du monde !!!». Tout le monde est pris de court, spécialement du côté des journalistes, car il s’agit en fait d’un cas pour le moins épineux. En effet l’I.A.A.F. s’est un peu emmêlée les pinceaux dans le cadre de l’homologation des records du monde. Et finalement, on apprend que ce sont les 47″4 de Ted Meredith sur 440 yards qui font foi et non les 48″2 que l’Américain Charles Reidpath avait réalisé le 13 juillet 1912 en finale des Jeux Olympiques de Stockholm sur un vrai 400 m. Pour Josef Imbach, ce qui est sûr, c’est qu’il vient de signer un nouveau record suisse en battant d’une seconde et quatre dixièmes les 49″4 qu’il avait réussi le 3 septembre 1922 à Francfort. Le record olympique est également entériné par le C.I.O.; c’est toujours ça de pris !
En ce jeudi 10 juillet, le camp helvétique n’est de loin pas encore au bout de ses émotions, puisque c’est maintenant l’annonce de la finale du 1500 m. Auteur du meilleur chrono des séries la veille, Willy Schärer sait qu’il n’aura pas la vie facile dans cette finale. Les trois tours de 500 m promettent d’être somptueux. Schärer est bien parti et sa troisième position dans ce peloton compact semble être une tactique judicieuse. Après une bonne centaine de mètres, le Finlandais Paavo Nurmi est maintenant en tête, suivi comme son ombre par Lowe. Le rythme des deux hommes est tellement soutenu qu’il va créer une petite rupture avec le reste du peloton après déjà 300 m de course. Toujours en troisième position, Schärer emmène la meute. Le rythme imprimé par Nurmi est trop rapide pour Lowe, qui doit rentrer dans le rang. Au contraire, l’Américain Watson tente de suivre à son tour le « Finlandais volant », qui passe aux 1000 m en 2’32″0. La cloche retentit et c’est là que Nurmi accélère encore, ce qui provoque le vide derrière lui. Watson tente de résister maintenant au retour de ses adversaires, dont le plus fringant de tous est Stallard. Le Britannique passe sans difficulté Wiriath et rattrape Schärer, qui dans le même temps s’apprête à déborder Lowe et Watson. Alors qu’il ne reste plus que 80 m, Nurmi se retourne et constate qu’il va gagner ce 1500 m. Derrière, le sprint entre Stallard et Schärer est fou. Le Suisse est héroïque et finit par passer rageusement dans les vingt derniers mètres. Il décroche ainsi une merveilleuse médaille d’argent en 3’55″0, soit un record suisse battu de presque sept secondes ! Cette médaille d’argent est un énorme exploit car il faut bien comprendre que le niveau de cette finale olympique était absolument énorme. Galvanisé par la facilité de sa qualification lors des séries, le coureur de la GG Bern a su saisir sa chance dans cette finale en courant très intelligemment. Au final, Willy Schärer apporte une seconde médaille d’argent à la Suisse, deux jours après celle remportée par Paul Martin sur 800 m. En faisant preuve d’une totale abnégation dans leur dernière ligne droite de Colombes, ces deux coureurs ont véritablement fait honneur à notre pays. Ces médailles ne sont que la juste récompense de tous leurs efforts fournis ces dernières années.
Après Paul Martin et Willy Schärer, c’est au tour de Josef Imbach de se tenir devant une échéance capitale. Ce vendredi 11 juillet, le programme des coureurs de 400 m va être ardu avec deux demi-finales prévues à 14 h 45, puis la finale agendée à 17 h 30. La seconde demi-finale met aux prises l’Écossais Eric Liddell, l’Américain John Coard Taylor et Josef Imbach. Le Genevois se trouve au couloir 4 et il a la chance de pouvoir calquer son rythme sur celui de Liddell. Les deux hommes terminent le virage en tête, suivis de près par le Norvégien Hoff. Liddell et Imbach vont pouvoir continuer leur belle chevauchée jusqu’à l’arrivée et c’est finalement le Britannique qui s’impose en 48″2, juste devant le Suisse qui est crédité de 48″3, soit le deuxième chrono de sa carrière. La finale promet donc énormément; pourtant lors de son échauffement, Imbach est victime de vomissements et de maux de ventre. Placé au couloir 3, le Suisse va faire de son mieux en partant très vite. Le camp helvétique, qui veut croire en sa bonne étoile, voit le Suisse fléchit lourdement à 150 m de l’arrivée. Sur les rares images vidéo disponibles, on le voit dodeliner de la tête et piocher comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Quasiment au ralenti, il est irrémédiablement distancé par ses adversaires. Puis, en totale perdition, il commence à se déporter sur l’extérieur de son couloir et il finit même par s’écrouler en sortie de virage ! Il parvient à se relever, mais il est groggy. Après quelques secondes sans bouger, le voilà qu’il tente de franchir les cordelettes pour aller récupérer en direction de la pelouse. Le camp suisse reste sans voix après cet abandon.
Durant cette journée du 11 juillet a également eu lieu la première journée du décathlon avec pas moins de trois Suisses. Parmi les principaux prétendants, le Bâlois Ernst Gerspach fait figure d’outsider assez dangereux. D’ailleurs lors de la première épreuve, le 100 m, il est déjà à son avantage puisqu’il obtient le deuxième chrono derrière Osborn avec 11″4. Il s’en sort relativement bien au saut en longueur avec 6,46 m, ce qui lui permet de se placer en sixième position du classement. Ça se corse un peu au lancer du poids où ses 10,36 m ne pèsent pas bien lourd dans la balance et cette contre-performance le fait passer au dixième rang du classement intermédiaire. Au saut en hauteur, le Bâlois passe 1,70 m, ce qui lui permet de gagner une place au classement provisoire après quatre épreuves. La première journée se termine par la terrible épreuve du 400 m. Gerspach assure le coup avec le neuvième chrono en 53″4. Grâce à la défaillance du Letton Gvido Jekals (54″2) et du Finlandais Paavo Yrjölä (54″6), il pointe en septième position à l’issue de cette première journée. Tout comme Gerspach, le Lausannois Constant Bucher débute fort bien son décathlon avec 11″4 sur 100 m. Hélas la suite de sa première journée ne se passe pas vraiment comme prévu. Avec des performances très moyennes (6,12 m en longueur – 9,71 m au poids – 1,60 m en hauteur – 54″0 sur 400 m), Bucher est passé de la deuxième à la 24e place avec 3’203,92 points. Il devrait pouvoir améliorer son classement lors de la seconde journée. Quant au troisième Helvète de ce décathlon, le Saint-Gallois Adolf « Dolfi » Meier, il a dû subir une banqueroute au saut en hauteur avec trois essais nuls à sa première barre. Dolfi était sur la même lancée que le Lausannois après les trois premières épreuves (11″6 sur 100 m – 6,17 m en longueur – 10,00 m au poids).
Samedi 12 juillet, c’est déjà l’avant-dernier jour des Jeux Olympiques de Paris. Au programme des Suisses, la seconde journée du décathlon, mais également le relais 4 x 100 m. Dans la quatrième série, les Suisses doivent affronter l’Italie et l’Argentine. Dans sa composition standard, c’est le Soleurois d’Olten Karl Borner qui lance la course. Il passe le témoin au capitaine Bernois Heinz Hemmi, qui achève la ligne droite opposée et entame le virage avant de donner – avec la technique qu’il a promulgué à l’ensemble du groupe – au recordman suisse du 100 m Josef Imbach. Au vu de la qualité de son virage, le Genevois semble avoir extrêmement bien récupéré de sa mésaventure de la veille lors de la finale du 400 m. En tête, la Suisse effectue son dernier passage et c’est l’autre Genevois Victor Moriaud qui conclut avec un fabuleux chrono de 42″2. Oui, les Suisses ont égalé l’ancien record du monde des États-Unis en vigueur avant cette compétition !
La seconde journée du décathlon va-t-elle permettre à Ernst Gerspach de réaliser une remontée en direction du podium ? C’est l’idée, mais avec les deux Américains qui font cavaliers seuls à la tête du classement, il ne reste qu’une place que l’Estonien Aleksander Klumberg est prêt à défendre coûte que coûte. Le 110 m haies permet au Suisse d’engranger de précieux points avec ses 16″8 synonymes de troisième chrono du jour. Grâce aussi à la disqualification du Finlandais Iivari Yrjölä, Gerspach occupe maintenant la sixième place provisoire. Le lancer du disque avec 33,91 m lui permettent de figurer au cinquième rang au moment d’aborder l’une de ses disciplines de parade, le saut à la perche. Avec ses 3,40 m, Ernst Gerspach fait mieux que tous ses adversaires directs et au sortir de cette huitième épreuve, on pointe le Suisse au quatrième rang avec 279 points de retard sur le troisième. Le javelot n’est pas la spécialité de Gerspach, qui termine dixième du concours avec 44,82 m et voit ses rêves de podium s’envoler définitivement. Le Suisse fait de son mieux au 1500 m en 5’08″6 et termine brillant sixième avec le total de 6’743,530 points (5’765 pts au barème actuel), soit un nouveau record suisse battu de 41,64 points. La régularité de l’athlète de l’OB Basel a été sa marque personnelle tout au long de ces deux jours de compétition, ce qui lui vaut un diplôme olympique fort mérité. Quant à Constant Bucher, il a pu concrétiser ce qui était attendu de sa part, c’est-à-dire une belle remontée au classement. Elle aurait pu être plus belle encore s’il n’avait pas manqué son 110 m haies avec un 18″4 peu flatteur. Sa sixième place au lancer du disque avec ses 34,78 m lui ont remis un peu de baume au cœur et le voilà désormais à la seizième place du classement, un rang qu’il s’efforce de maintenir avec ses 2,90 m au saut à la perche et ses 39,42 m au lancer du javelot. Classé à la onzième place du 1500 m en 4’57″2, il termine au quinzième rang final de ce décathlon avec un total de 5’961,525 points (5’268 pts au barème actuel).
Le dernier jour de compétition olympique à Colombes se déroule le dimanche 13 juillet. L’équipe helvétique, pour qui des éloges commencent à fuser de toutes parts, a encore deux atouts à faire valoir : Arthur Tell Schwab au 10000 m marche et le relais 4 x 100 m. En début d’après-midi ont lieu les trois demi-finales du relais 4 x 100 m. Alignée dans la première course, l’équipe suisse doit affronter les États-Unis, le Canada et la Grèce, tout espérant décrocher l’une des deux places qualificatives pour la finale. Emmenée dans le sillage des Yankees, l’équipe suisse a assuré le coup à merveille en terminant à la deuxième place espérée. Les passages tendus de cette vaillante équipe de sprinters helvétiques leur ont permis d’égaler leur record national en courant une nouvelle fois en 42″2. En finale, il faudra au minimum le même genre de transmissions, mais aussi courir individuellement plus vite que jamais. En attendant cette finale du 4 x 100 m, le camp suisse va patienter en encourageant leur compatriote Arthur Tell Schwab au cours de la finale du 10000 m marche. Les 25 tours de cette finale vont voir un cavalier seul de l’Italien Ugo Frigerio. Longtemps à la lutte pour la quatrième place, Arthur Tell Schwab a dû lâcher prise face à l’autre Italien Donato Pavesi. Le marcheur suisse de Berlin termine au cinquième rang en 49’50″0, à 430 m du champion du jour.
L’ultime épreuve de ces Jeux pour les Suisses, c’est le 4 x 100 m. Comme prévu, les USA remportent la victoire en égalant leur record du monde en 41″0. Les sprinters British se sont bien accrochés en terminant deuxièmes en 41″2, nouveau record d’Europe. Derrière, la bagarre fait rage entre les Pays-Bas, la Suisse et la Hongrie. On l’a dit, il fallait prendre tous les risques en tendant les passages de témoin au maximum. À ce jeu-là, les Néerlandais sont très forts et ils parviennent à arracher la médaille de bronze en 41″8, au détriment des Suisses et des Hongrois. Le quatuor helvétique a longtemps pu croire en ses chances. Karl Borner et Heinz Hemmi ont été dans le coup. Hélas lors de l’ultime charnière, entre les deux Genevois Josef Imbach et Victor Moriaud, la transmission du témoin semble avoir été un peu longue. Moriaud s’est battu jusqu’au bout, remontant le Hongrois et restant à un souffle du Hollandais. La Suisse a terminé quatrième de cette finale olympique, mais le jury avait bien vu que le passage entre Imbach et Moriaud était hors zone, tant et si bien que les Helvètes ont été disqualifiés. Il n’y a pas de regrets car il faut reconnaître la supériorité des sprinters Bataves. C’était bien de tendre au maximum les passages, mais il aurait fallu aussi tenir compte de l’état de fatigue de Josef Imbach, qui n’est pas arrivé aussi vite que d’habitude sur Victor Moriaud. Malgré cette mésaventure, les sprinters suisses ont prouvé que leur technique de transmission pouvait partiellement compenser leur manque de vitesse individuelle. La méthode mise en place par Heinz Hemmi a le mérite d’avoir fait ses preuves quasiment jusqu’au bout et ces trois courses de Paris ont montré la voie à suivre pour que la Suisse se fraye un chemin en direction du plus haut niveau.
À l’heure des bilans d’après Jeux Olympiques, la presse européenne a reconnu les mérites des athlètes suisses. Le célèbre journaliste et écrivain autrichien, le Dr Willy Meisl, est le plus dithyrambique lorsqu’il écrit le 15 juillet dans le journal « Der Kicker » : « La Suisse, le pays de l’avenir ». Il ne faut pas exagérer non plus ! Mais il est vrai que les deux médailles d’argent de Paul Martin au 800 m et de Willy Schärer au 1500 m, plus les quatre places de finalistes de Josef Imbach au 400 m, d’Arthur Tell Schwab au 10000 m marche, de Ernst Gerspach au décathlon et des sprinters du relais 4 x 100 m rendent les dirigeants fiers de leur équipe au stade de Colombes.
Le septième rang au tableau des médailles – pour une seconde participation olympique – est absolument exceptionnel et toujours inexplicable aujourd’hui. En effet, quand on sait que le budget alloué pour le département d’athlétisme de l’A.S.F.A. en 1923 était de Fr. 5’400.- seulement, il y a de quoi crier au miracle. Ce montant contraste de manière éloquente face aux Fr. 165’000.- reçus par la S.F.G. de la part du département militaire…
14.07.1924
Les Jeux Olympiques sont désormais terminés; tous les athlètes et leurs dirigeants ont investi les différentes gares parisiennes afin de rentrer au bercail. Tous ? Non ! Un seul athlète, suisse qui plus est, a dû rester dans la capitale française : il s’agit de Paul Martin ! En effet, le vice-champion olympique du 800 m a en tête d’effectuer pendant un petit mois une tournée de meetings à travers l’Europe. Ainsi de France, son périple l’amènera en Belgique, en Suède et en Allemagne, avec un programme pour le moins chargé : 13 courses en 24 jours, dont une par jour durant toute la semaine du début du mois d’août; téméraire le garçon ! Tout commence donc le lundi 14 juillet, à l’occasion d’une exhibition à Colombes dans le cadre des festivités célébrant les 135 ans de la Révolution Française. Le Lausannois remporte d’abord un 400 m qu’il déroule en 51″2, puis il se met à la poursuite d’adversaires lors d’un 1500 m par handicap. Il rattrape presque tout le monde, mais il doit laisser deux coureurs franchir la ligne avant lui. Son chrono du jour de 4’03″4 représente à ce moment-là son record personnel, battu d’une seconde et un dixième. Pour conclure cette journée d’exhibition, il s’adjuge encore la course du 2000 m steeple en 6’21″8.
19.07.1924
Paul Martin se trouve maintenant à Bruxelles où il termine troisième d’un 400 m, puis il remporte le 800 m en 1’58″0.
21.07.1924
Deux jours plus tard, le lausannois se trouve à Gand pour courir un 1000 m dans le remarquable chrono de 2’33″4, une performance que le département technique de l’A.S.F.A. ne validera pourtant jamais comme étant un record suisse !
01.08.1924
Arrivé à Stockholm, la ville de la Ve Olympiade, Paul martin tente de trouver ses marques dans un pays dont il ne connaît ni la langue ni les coutumes. Le vendredi 1er août il lance un véritable feu d’artifice avec un nouveau record personnel sur 1500 m bouclé seul devant en 4’01″1.
02.08.1924
Le lendemain sur 800 m, bien qu’il soit crédité du temps correct de 1’56″2, Paulet est battu par deux Suédois !
03.08.1924
Au troisième jour de compétition dans la capitale suédoise, le vice-champion olympique prend part à un 1000 m qu’il gagne en 2’31″6, soit près une seconde et huit dixièmes de mieux qu’à Gand.
04.08.1924
Après un voyage de Stockholm à Göteborg, Paul Martin se retrouve en fin de journée sur la ligne de départ pour un nouveau 1000 m et il s’impose en souplesse en 2’34″2.
Pendant ce temps-là, quelques athlètes féminines de notre pays se trouvent à Londres pour les IVe Jeux Athlétiques Internationaux Féminins à Londres, une compétition très importante pour les femmes. À Stamford Bridge, devant l’affluence bluffante de 25000 spectateurs, la Suissesse la plus en vue est la Genevoise Louise Groslimond, la recordwoman du monde du lancer du javelot des deux mains avec un total de 48,64 m. À Londres elle remporte la médaille d’or avec un total de 47,65 m. Adrienne Kaenel (Fémina Sport Genève) s’illustre dans ce même concours en terminant troisième avec le total de 43,19 m. Cette dernière va encore réussir à améliorer en septembre à Genève deux records suisses : le 1000 m en 3’19″0 et le poids des deux mains avec un total de 15,45 m. Malgré ces gros succès internationaux, le mouvement athlétique féminin en Suisse va peu à peu s’endormir, ceci principalement par le fait que la tentative d’une association menée uniquement par des femmes et d’associations exclusivement faites par des femmes avait échoué de convaincre les principales instances, dirigées par des hommes !
05.08.1924
Paul Martin se rend à Malmö et court son quatrième 1000 m en quinze jours en 2’35″2.
06.08.1924
Son ultime compétition de Paul Martin se déroule à Berlin, où un 800 m est à son programme. À l’instar de Paris, les Années folles ont également gagné la capitale allemande; cette période faste est appelée en allemand « die Goldene Zwanziger ». Paul Martin commence à comprendre pourquoi son ami de l’équipe nationale, le marcheur Arthur Tell Schwab, est si attaché à cette ville qui se prétend être l’équivalent de Paris. Ultime course de sa tournée européenne (athlétique et culturelle), ce 800 m de Berlin ne lui sourit pas puisqu’il doit s’incliner en 1’56″2 face à un coureur allemand.
09.08.1924
Le jour des championnats suisses à Bâle, Josef Imbach préfère se rendre en France à Oyonnax. En courant en 10″8, il approche son record personnel (10″7 le 31 juillet 1921 sur cette même piste).
09-10.08.1924
On aurait pu croire que les jours glorieux de Colombes auraient pu être exploités favorablement lors des championnats suisses simples se déroulant à Bâle. Hélas la popularisation de l’athlétisme suisse espérée à la Schützenmatte n’a pas lieu et les organisateurs sont fâchés par cette situation, qu’ils jugent incompréhensible. Il y a de quoi en effet car les trois vedettes des Jeux Olympiques de Paris ont plus ou moins fait faux bond à cette compétition nationale. Josef Imbach a préféré se rendre en France à Oyonnax. Willy Schärer, qu’on dit malade, n’a finalement couru que le 800 m du relais olympique. Enfin Paul Martin n’est arrivé de Berlin que la veille. Absent des séries du 400 m qui se sont disputées le samedi, il a tout de même été admis pour courir la finale de dimanche, mais hors concours. Par un temps pluvieux le samedi, le niveau atteint par les athlètes suisses n’a pas été de tout premier ordre, mais on se plaît à signaler le nouveau record suisse du lancer du poids réussi par Werner Nüesch avec 13,43 m. Dimanche, les 500 spectateurs apprécient les rares moments où les bagarres hommes à hommes font rage comme sur 100 m où Karl Borner remporte de haute lutte le titre en 11″0 devant Heinz Hemmi. Ce dernier prend sa revanche en s’adjugeant le 200 m en 22″3 contre 22″4 à Borner. Le 800 m a été chaud lui aussi avec des tassements et des bousculades en tous genres. Le Lausannois Jean Dentan, qui a passé le premier la ligne d’arrivée en 2’02″2, a été disqualifié pour avoir coupé par deux fois la ligne de ses adversaires. C’est Otto Gass qui est déclaré vainqueur et obtient du coup son deuxième titre suisse, avec cependant l’ombre d’avoir été battu chaque fois par un Lausannois. Un autre duel épique s’est disputé sur 110 m haies. En tête jusqu’à la dernière haie, Victor Moriaud est battu sur la ligne par Willi Moser, qui s’impose en 16″3. Moriaud sera même déclassé au troisième rang pour avoir fait tomber trois haies… Dans les concours, Hans Wenk remporte la saut en longueur avec 6,72 m, alors que Thomas Bütler (TV Neumünster) s’adjuge le saut à la perche avec 3,50 m, non sans avoir tenté d’égaler le record suisse à 3,60 m. Derrière lui, ils sont trois sauteurs à avoir franchi 3,30 m et il a fallu tirer au sort qui allait occuper les places 2 et 3 sur le podium ! Le hasard a désigné le Genevois Georges Stenglé médaillé d’argent et le Soleurois Lack médaillé de bronze, ceci au grand damne d’Ernst Gerspach, le recordman suisse du décathlon. Pour terminer, il faut aussi noter les titres de Werner Nüesch au disque avec 38,40 m et de Willi Moser au javelot avec 48,00 m. Ces deux athlètes ont ainsi réussi un doublé durant ce week-end, tout comme Otto Gass et Hans Wenk.
31.08.1924
L’équipe nationale est au grand complet pour affronter à Düsseldorf la grande absente des Jeux Olympiques de Paris : l’équipe d’Allemagne. Les Suisses, qui les affrontent pour la quatrième fois consécutive, vont encore le constater la supériorité germanique en regardant le tableau d’affichage : 81 points pour l’Allemagne contre 57 aux Suisses et surtout 12 victoires à 3. Les succès helvétiques, on les doit à Josef Imbach sur 400 m en 50″5 juste devant Paul Martin, à Willy Schärer sur 1500 m en 4’05″8 et à Willi Moser en hauteur avec 1,70 m. Le 800 m aurait aussi engendrer une quatrième victoire pour notre pays, mais c’était sans compter un fait assez unique qui s’est produit au départ de cette course. Le starter a bel et bien donné le départ avec son pistolet, mais seul le coureur allemand Otto Peltzer avait entendu le coup de feu. Surpris, Paul Martin est parti avec 15 m de retard. Sa brillante remontée l’a amené jusque dans la foulée de Peltzer, mais il était trop tard pour le passer. Les Suisses ont alors déposé protêt et finalement le tribunal arbitral a annulé la course et a ordonné le partage des points. Enfin Werner Nüesch, bien que battu, est tout de même heureux car il a battu pour la troisième fois le record suisse du lancer du poids avec très précisément 13,675 m.
07.09.1924
Pour terminer la saison en beauté, le Soleurois Karl Borner se déplace à Bochum en Rhénanie-du-Nord-Westphalie où il est engagé pour deux courses de sprint. Cette dernière sortie internationale de l’année est pour lui un véritable succès. Tout d’abord il parvient à égaler le record suisse du 100 m en 10″9. Une heure plus tard, il remporte le 200 m en 22″0, ce qui lui permet d’améliorer les 22″1 de Josef Imbach réalisés en 1922 à Francfort.
12.10.1924
L’ultime résultat à mettre en exergue en cette fin de saison 1924 est réalisé à Lausanne où Bernard Guggenheim (CS Lausanne) réussit un joli 40,10 m au lancer du disque, soit à 78 centimètres du record suisse. Ce même jour, les autorités de la ville de Berne, ainsi que les dirigeants du FC Bern et de la GG Bern, inaugurent en toutes grandes pompes le complexe sportif du Neufeld. Il s’agit d’un stade appelé à devenir l’un des hauts lieux du football et de l’athlétisme suisse. Construit sur les anciens terrains qui avaient servis à l’Exposition Nationale de 1914, dans un décor absolument imparable en bordure de la forêt de Bremgarten, le millier de personnes présentes dans les tribunes s’accorde à dire qu’il s’agit là du plus beau des quelques stades qui existent dans notre pays. Les Bâlois ne sont bien entendu pas vraiment d’accord sur ce sujet…
PAB
Version imprimable de l’article (PDF)
Lien vers notre dossier complet sur la saison 1924 de l’athlétisme suisse
A découvrir prochainement
L’athlétisme suisse dans les années ’20
Les principaux événements de l’athlétisme suisse lors de la saison 1925