Dès la deuxième moitié des années ’20, le Soleurois Karl Borner (TV Olten / Teutonia Berlin / Old Boys Basel / Stade Lausanne) fait parler sa magnifique pointe de vitesse sur les pistes en cendrée d’Europe et principalement en Allemagne, au point de devenir l’un des vingt sprinters les plus rapides de la planète. ATHLE.ch VINTAGE file à 88 miles à l’heure pour retrouver le sprinter en forme optimale lors des championnats suisses 1927 à Vidy.
En 1924, le Soleurois Karl Borner (TV Olten) se révèle le 1er juin à Berne en remportant le 100 m du meeting préolympique en 11″1. À Paris, il est certes éliminé dès les séries du 100 m, mais il met sa nouvelle vitesse au service du 4 x 100 m helvétique, dont il est le premier relayeur. En feu, les Suisses claquent un chrono de 42″2, soit une égalisation du record du monde en vigueur avant les Jeux ! Hélas en finale, un passage hors zone de la dernière charnière brise le rêve du quatuor. Mis en confiance par cette formidable expérience olympique, Karl revient au pays transformé. Il remporte le titre national du 100 m en 11″0, puis il se déplace à Bochum en Rhénanie-du-Nord-Westphalie où il est engagé pour deux courses de sprint. Cette dernière sortie internationale de l’année est pour lui un véritable succès. Tout d’abord il parvient à égaler le record suisse du 100 m de Josef Imbach en 10″9. Une heure plus tard, il remporte le 200 m en 22″0, ce qui lui permet d’améliorer les 22″1 de Josef Imbach. Jouissant d’une soudaine notoriété en Allemagne, Karl Borner décide de courir durant la saison 1925 pour le club Teutonia Berlin ! Il va briller avec des chronos de premier ordre, hélas jamais homologués par l’A.S.F.A. puisqu’aucun ne sera réalisé en terres helvétiques. C’est essentiellement à Berlin qu’il court à quatre reprises en 10″8 sur 100 m, mais également en 22″0 sur 200 m. Engagé avec l’équipe suisse pour affronter la France à Paris, il réussit 22″2 à Colombes. En 1926, de retour en Suisse avec l’étiquette d’être l’un des vingt hommes les plus rapides de la planète, il s’engage avec l’Old Boys Basel. Cette localisation est plus pratique pour continuer de courir à l’étranger. Le 15 août à Stuttgart, il est plus rapide que jamais avec un superbe chrono de 10″7 sur 100 m qui le classe au treizième rang de la hiérarchie mondiale. Il confirme en finale avec 10″8 et un mois plus tard à Oslo avec la même performance. Très ami avec Paul Martin (qui ne le serait pas ?), Karl Borner se retrouve au bord du Léman pour la saison 1927. À 29 ans, il va bénéficier sous les couleurs du Stade Lausanne de la plénitude de sa vélocité. Il débute sa saison en Allemagne avec deux fois 10″8 à Hanovre et à Hambourg, mais il revient en Suisse à la fin juin pour les championnats suisses à Lausanne. Le 26 juin 1927, sur la piste de Vidy, Karl Borner va sceller ses meilleures performances sous les yeux des (trop incrédules) dirigeants de l’A.S.F.A. Ainsi il remporte sans coup férir le 100 m en 10″8, puis surtout le 200 m en 21″8, vingtième performance mondiale de l’année. En fin de saison, il réussit un autre chrono sous les 22″ à Stockholm avec 21″9. Le rêve de Karl Borner serait de participer une seconde fois aux Jeux Olympiques à Amsterdam. Mais à 30 ans, le défi est trop gros pour lui. Il court en 10″9 à Breslau, une belle performance, mais qui ne pèse plus trop lourd dans le concert du sprint mondial. Pour sa dernière saison de compétition, Karl court en 1929 en 11″0 sur 100 m et en 22″4 sur 200 m.
À l’instar du Genevois Josef Imbach, Karl Borner a dû subir une règle absurde, celle qui n’entérine que les records suisses établis sur sol suisse uniquement. Sans cette lubie des dirigeants de l’A.S.F.A., le Soleurois aurait pu mettre son nom à maintes reprises sur les tablettes des records helvétiques. Aux yeux des statistiques nationales, il reste cette journée du 26 juin 1927 à Vidy avec ses jolis 10″8 et 21″8; c’est déjà ça de sauvé !
PAB
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