Motivée par les succès internationaux de Francesca Pianzola, une autre Genevoise, Louise Groslimond (Fémina Sport Genève), devient dès 1922 sa principale challenger. ATHLE.ch VINTAGE revient sur la courte mais très belle carrière de l’autre grande pionnière de l’athlétisme suisse.
Les grands succès internationaux de Francesca Pianzola ont motivé une autre athlète Genevoise, qui ne tarde pas à faire de remarquables progrès : il s’agit de Louise Groslimond (Fémina Sport Genève). En 1922. elle fait partie des cinq athlètes sélectionnées pour les Jeux Mondiaux Féminins qui se disputent le 20 août à Paris. Dans l’ombre de sa camarade Francesca Pianzola, qui remporte le titre du lancer du javelot à deux mains avec un record du monde, Louise Groslimond manque de peu la médaille de bronze, battue pour 22 centimètres seulement par l’Américaine Lucile Godbold. Louise doit pour l’heure se contenter de cette quatrième place avec un total de 39,48 m; mais on a certainement vu naître en elle le talent d’une des futures leaders dans cette spécialité si particulière qu’est le javelot « two-handed ».
Effectivement la saison 1923 une grande année pour Louise Groslimond. Lors des IIIe Jeux Athlétiques Internationaux Féminins, qui se déroulent du 2 au 6 avril à Monte-Carlo, son duel face à Francesca Pianzola est de toute beauté car indécis jusqu’au tout dernier essai et, surtout, au-delà du record du monde ! Finalement c’est Louise Groslimond qui remporte le lancer du javelot des deux mains avec le total de 44,94 m, juste devant sa rivale Pianzola, qui a atteint le total de 44,88 m. Forte de cette belle victoire, Louise améliore également le record suisse du poids des deux mains en atteignant le total de 15,14 m, pour une cinquième place finale. Louise Groslimond connaît la journée sportive de sa vie le 13 août 1923 à Anvers. Au stade Olympique, la Genevoise améliore son record du monde du lancer du javelot des deux mains avec le total de 48,64 m (25,89 m de la droite et 22,75 m de la gauche). Elle s’adjuge ensuite le premier record du monde du lancer du disque, également des deux mains, avec le total de 45,32 m. Malheureusement, ces succès sportifs ne reçoivent pas de réponse positive en Suisse, au contraire. Il y a eu prise une position énergique contre l’activité sportive des femmes dans tout le domaine des exercices physiques. Mais la pire déception en cette fin d’année 1923 vient de l’étranger, lorsque le Comité International Olympique s’est une nouvelle fois opposé à la participation des femmes aux Jeux Olympiques de Paris. 1924 est donc une année olympique… mais que pour les hommes ! Après trois années successives, les Jeux Athlétiques Internationaux Féminins ne se déroulent pas en début de saison à Monte-Carlo, mais bien en août et à Londres. Un mois après les Jeux Olympiques de Paris et les exploits retentissants des Suisses Josef Imbach sur 400 m, Paul Martin sur 800 m et Willy Schärer sur 1500 m, les IVe Jeux Athlétiques Internationaux Féminins se tiennent le 4 août 1924 à Londres, avec la collaboration des journaux majeurs de l’époque : News Of The World, Sporting Life et Daily Mirror. À Stamford Bridge, devant l’affluence bluffante de 25000 spectateurs, la Suissesse la plus en vue est la Genevoise Louise Groslimond, la recordwoman du monde du lancer du javelot des deux mains. À Londres, elle remporte la médaille d’or avec un total de 47,65 m, alors que sa coéquipière Adrienne Kaenel s’illustre dans ce même concours en terminant troisième avec le total de 43,19 m. Malgré ces gros succès internationaux de 1924, le mouvement athlétique féminin en Suisse va doucement s’endormir, ceci uniquement par le fait que la tentative d’une association menée uniquement par des femmes et d’associations exclusivement faites par des femmes avait échoué de convaincre les principales instances, dirigées par des hommes !
PAB
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