Le marcheur Arthur Tell Schwab (Gehsportsektion Baden), qui vit à Berlin, est un esthète en la matière. Grâce à des fonds privés, il a eu la possibilité de montrer son art lors des Jeux Olympiques de Paris. ATHLE.ch VINTAGE retourne en plein cœur des Années folles pour suivre son parcours.
Mercredi 9 juillet 1924, le camp suisse est toujours en train de fêter la médaille d’argent de Paul Martin. Les Jeux Olympiques ne sont de loin pas terminés et les dirigeants helvétiques ont d’autres espoirs, notamment grâce au marcheur Arthur Tell Schwab. L’Argovien vivant en Allemagne prend part ce jour-là aux demi-finales du 10000 m marche, où les cinq premiers de chacune des deux séries obtiennent leur ticket pour la finale de dimanche. Les règles de la marche sportive sont assez complexes et leur application est souvent délicate, tant pour les marcheurs que les juges. À Colombes, il a vraiment fallu marcher dans les clous car les juges-arbitres ont été particulièrement intransigeants. Sur les 25 concurrents des deux demi-finales, 15 ont été disqualifiés pour une marche incorrecte. Arthur Tell Schwab, un pur esthète de la marche, n’a bien sûr pas failli. Il s’est facilement qualifié pour la finale en prenant la troisième place dans la seconde demi-finale. Les nombreuses disqualifications de mercredi passé lors de la première série du 10000 m marche avaient occasionné des réclamations en tous genres (notamment celle de l’Autrichien Rudolf Kühnel), au point de voir les juges se désolidariser de certains de leurs collègues, puis de devoir reporter la seconde série au vendredi avec un nouveau jury et enfin de décaler la finale à ce dimanche 13 juillet. Ce rififi, largement commenté dans la presse, a provoqué un mécontentement général, aussi bien chez les marcheurs qu’au niveau du public, qui ne paraît pas apprécier ce triste spectacle.
La finale, disputée à 10 concurrents, a permis de redresser le tir puisqu’aucune disqualification n’a dû être signifiée. Tant mieux pour l’image de cette discipline ! Les 25 tours de marche de cette finale vont voir un cavalier seul de l’Italien Ugo Frigerio. Le champion olympique en titre a pris le commandement après deux tours déjà et il ne sera plus du tout inquiété en gagnant avec 200 m et 300 m d’avance sur ses dauphins, le Britannique Gordon Goodwin et le Sud-Africain Cecil McMaster (les mal nommés en l’occurrence). Longtemps à la lutte pour la quatrième place, Arthur Tell Schwab (à gauche sur la photo) a dû lâcher prise face à l’autre Italien Donato Pavesi. Le marcheur suisse de Berlin termine au cinquième rang en 49’50″0, à 430 m du champion du jour. Il a su contenir les accélérations finales du Britannique Ernest Clark qui reste à 25 m, des Italiens Armando Valente et Luigi Bosatra qui terminent respectivement à 40 m et 60 m, ainsi que de l’Américain Harry Hinkel et du Français Henri Clermont qui sont encore dans le dernier virage lorsque Schwab passe la ligne d’arrivée.
Le classement final du 10000 m marche des Jeux Olympiques de 1924 à Paris est le suivant :
Ugo Frigerio (ITA) 47’49″0
Gordon Goodwin (USA) 48’37″9 | à 200 m
Cecil McMaster (USAf) 49’08″0 | à 300 m
Donato Pavesi (ITA) 49’17″0 | à 330 m
Arthur Tell Schwab (SUI) 49’50″0 | à 430 m
Ernest Clark (GBR) 49’59″2 | à 455 m
Armando Valente (ITA) 50’07″0 | à 470 m
Luigi Bosatra (ITA) 50’09″0 | à 490 m
Harry Hinkel (USA) 50’16″8 | à 540 m
Henri Clermont (FRA) 51’41″6 | à 590 m
PAB
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