25.03.1928
Les championnats suisses de cross qui se disputent à Berne permettent à Marius Schiavo de remporter une belle victoire. Sur un parcours de 8,3 km, le Lausannois gagne en 29 minutes avec 100 m d’avance sur le Zurichois Fritz Riehs et l’autre Lausannois du LS Marcel Vernez.
28.05.1928
Un meeting préolympique se tient à Berne avec pour objectif de préparer les athlètes en vue du prochain match France-Suisse-Italie. Les sauteurs en longueur tiennent la vedette avec pas moins de trois athlètes au-delà des 7 m ! Adolf Meier remporte le concours avec 7,17 m, Alfred Sutter est mesuré à 7,04 m et Hans Wenk bat son record personnel avec 7,01 m. Par une forte chaleur, le public applaudit aussi les 11″0 sur 100 m du Zurichois Willy Tschopp et assiste à deux records suisses : celui du 400 m haies par Hans Schneider (FC Biel) en 58″0, puis celui du 4 x 100 m par le FC Zürich (Emmanuel Goldsmith, Willy Weibel, Willy Tschopp et Alfred Sutter) en 42″3, soit 1″3 de mieux.
10.06.1928
À moins de deux mois des Jeux Olympiques d’Amsterdam, l’équipe nationale se rend à Paris pour un match triangulaire qui l’oppose à la France et à l’Italie. Loin du niveau de ses adversaires, les Suisses doivent également subir les mésaventures de ses leaders. En effet, Paul Martin n’est pas à son avantage lors du 800 m, au point de ne terminer que troisième seulement, tandis que sur 110 m haies, Adolf Meier accroche la neuvième haie et tombe lourdement sur la cendrée. Dommage car ce match avait fort bien débuté avec un petit exploit de la part du relais 4 x 100 m. En courant en 42″2, les quatre sprinters du FC Zürich Emanuel Goldsmith, Willy Weibel, Willy Tschopp (photo) et Adolf Meier réussissent à égaler le fameux record suisse établit lors des Jeux Olympiques de Paris. La situation est bonne également dans les lancers : Werner Nüesch remporte le poids avec 13,85 m, Arturo Conturbia se classe deuxième du disque avec 43,18 m et Jack Schumacher, désormais licencié au Stade Lausanne, bat le record suisse du javelot de 50 cm avec 56,825 m. Le classement final voit la France l’emporter avec 132 points; l’Italie suit à 24 points et la Suisse se retrouve à la traine avec 69 points.
24.06.1928
Karl Borner, discret en ce début de saison, se signale à Breslau par un joli 100 m en 10″9. En Suisse, le traditionnel match Vaud-Genève se déroule cette année à Vidy et, sous l’impulsion de Gottfried Lüscher (Stade Lausanne) qui parvient à battre de deux centimètres le record suisse du saut à la perche avec 3,64 m, ce sont les Vaudois qui s’imposent par 79 points à 56.
01.07.1928
La seconde édition des championnats suisses de marathon se déroule comme l’an dernier à Baden. Les chronos ne sont pas du niveau de l’an dernier puisque seul Rudolf Morf (SK Kemptthal) passe la barrière des trois heures en 2:54’01″6. Ce même jour, le Biennois Hans Schneider bat le record suisse du 110 m haies à Grenchen avec le joli chrono de 15″7.
07-08.07.1928
Les championnats suisses simples organisés à Genève sont très importants car c’est à l’issue de cette compétition que sera dévoilée la sélection pour les Jeux Olympiques d’Amsterdam. Les deux locomotives de l’athlétisme suisse que sont Paul Martin et Adolf Meier semblent en bonne forme au stade de Frontenex : le Lausannois réussit le triplé 400 m / 800 m / 1500 m, tandis que le Saint-Gallois s’adjuge le saut en longueur avec 7,10 m, sa troisième performance absolue. D’autres résultats méritent également une mention : le Lausannois Alfred Gaschen s’adjuge à 36 ans son sixième titre national sur 5000 m, Hans Schneider remporte les haies hautes et les haies basses, tout comme son camarade de club Ernst Antenen (FC Biel) au saut en hauteur avec un joli bond à 1,83 m. Le Lausannois Gottfried Lüscher a le bonheur de gagner le saut à la perche, mais il manque de chance au saut en longueur où son meilleur essai est mesuré à 6,995 m ! Pour un demi-centimètre, il ne sera pas le quatrième suisse a atteindre la ligne des 7 m. Enfin dans les lancers, Werner Nüesch améliore pour la cinquième fois son record suisse du lancer du poids en étant le premier à dépasser la ligne des 14 m avec 14,17 m.
15.07.1928
Si les championnats suisses de relais avaient été outrageusement dominés par le F.C. Zürich l’an dernier, ce n’est sûrement pas le cas cette année à Berne car on assiste à un partage assez équitable entre les trois principaux clubs helvétiques. La GG Bern, emmenée par Willy Schärer et Franz Rammelmeyer en feu, s’approprie le titre au 4 x 100 m en 43″3, au 4 x 400 en 3’27″8 et à l’olympique en 3’24″9; ces deux dernières victoires sont même assorties d’un nouveau record suisse. Le F.C. Zürich réplique en remportant le 4 x 200 m et le spectaculaire relais 10 x 100 m, alors que le Stade Lausanne s’appuie sur la classe de Paul Martin pour gagner le relais suédois et le 3000 m à l’américaine.
29.07.-05.08.1928
Une sélection de neuf athlètes seulement s’apprête à prendre part aux IXe Jeux Olympiques à Amsterdam. On le voit, nous sommes évidemment bien loin de l’engouement de Paris, quatre ans plus tôt. Au sein même de la délégation suisse, la confiance n’est pas vraiment de mise. En effet, quelques temps avant la tenue de ces JO, des voix autorisées s’étaient élevées contre la participation de nos athlètes à cette Olympiade, prétextant que nos hommes n’étaient pas du tout en forme ! Ébranlée, la Fédération décide toutefois de faire fi de ces critiques et de participer à ces Jeux Olympiques d’Amsterdam, avec en plus l’intention de prouver qu’elle n’a pas eu tort.
Les épreuves d’athlétisme se déroulent du 29 juillet au 5 août au stade Olympique où la piste d’athlétisme, construite à l’intérieur de l’anneau cycliste, mesure pour la première fois 400 m; cette distance deviendra officiellement la norme pour les compétitions internationales à venir. Lors de la cérémonie d’ouverture, la délégation helvétique qui défile a fière allure avec ses 114 représentants, fortement applaudis. Il est vrai que la formidable équipe de gymnastes, avec ses vedettes Georges Miez, Eugen Mack et Hermann Hänggi, est admirée dans le monde entier.
Ce sont les sprinters qui ouvrent les feux le dimanche 29 juillet avec les séries du 100 m. Comme imaginé, aucun des trois Zurichois ne parvient à passer ce tour : Willy Weibel et Emanuel Goldsmith sont crédités de 11″4, alors que Willy Tschopp se blesse après 50 m de course. Va-t-il être remis pour le relais 4 x 100 m ? Le lanceur Werner Nüesch s’en sort quant à lui nettement mieux en terminant au dixième rang du lancer du poids avec 13,77 m. Ce dimanche voit également l’entrée en lice de Paul Martin à l’occasion des séries du 800 m. Très à son affaire, Paul Martin se montre à la hauteur de la situation. Pourtant dans le dernier virage, il a bien failli se faire piéger par le Mexicain Alfonso Garcia, qui l’a un moment enfermé. Il a pu s’extirper facilement de ce guêpier pour terminer sur les talons du Français Keller en 1’59″4, tout en contrôlant le retour de l’Américain Watson (1’59″6) et de l’Allemand Tarnogrocki (1’59″8). Voilà une bonne chose de faite pour le Lausannois; cette qualification devrait augmenter sa confiance pour la suite de son périple olympique.
Le lundi 30 juillet est déjà un moment important pour l’athlétisme suisse puisque son capitaine, Paul Martin, doit prendre part à une demi-finale du 800 m d’un très haut niveau. Placé dans la troisième et dernière course, le Lausannois n’a pas hérité d’un tirage favorable car il s’agit bien là de la demi-finale la plus corsée, aux allures de cruel couperet tant les huit athlètes semblent tous en mesure de pouvoir se qualifier. La nervosité prévaut sur la ligne de départ et, immanquablement, deux faux-départs sont sanctionnés; l’un d’eux est dû à Paul Martin. Le troisième coup de pistolet libère les huit coureurs, prêts à en découdre pour obtenir l’une des trois places qualificatives. Sagement placé en en dernière position durant le premier tour, le Lausannois entame une remontée progressive dès la cloche. S’il parvient à avaler facilement le Norvégien Strand, puis le Britannique Tatham, il en va tout autrement lorsqu’il faut s’attaquer aux cinq concurrents de tête. Paul engage toutes ses forces pour revenir au niveau des meilleurs, mais cette grande débauche d’énergie s’avère fatale au moment d’aborder la ligne droite finale. Il parvient à dompter l’Américain Sittig et l’Allemand Müller, mais hélas trois autres adversaires ne sont déjà plus du tout à sa portée et il doit déchanter. Finalement la course est remportée par l’Américain Lloyd Hahn en 1’52″6, devant le Canadien Phil Edwards en 1’52″8 et le Français Séra Martin en 1’53″0. Pour Paul Martin, classé au quatrième rang en 1’53″3, la marche était malheureusement trop haute et la déception est très grande. Sa belle performance chronométrique lui laisse par contre quelques bons espoirs en vue de l’autre épreuve prévue à son programme, le 1500 m.
Mardi 31 juillet voit la deuxième apparition des sprinters sur la cendrée du stade Olympique à l’occasion des séries du 200 m. Comme deux jours plus tôt, les Zurichois Willy Weibel et Hans Niggl ne font pas le poids avec des chronos de 23″0 et 23″4. Leurs camarades de club Adolf Meier et Alfred Sutter espèrent faire mieux au saut en longueur. Mais surpris par la lourdeur de la piste d’élan, les deux sauteurs ne retrouvent pas la même superbe qui était la leur lors du meeting de Berne il y a deux mois de cela. Meier doit se contenter du 22e rang avec 6,80 m et il va pouvoir maintenant se concentrer sur le décathlon. Sutter termine 27e avec 6,75 m (N.D.L.R.: Certains sites Internet font état d’un 6,23 m pour Sutter; nous faisons plutôt confiance aux journaux de l’époque qui ont tous relaté ses 6,75 m).
Mercredi 1er août, Paul Martin retrouve la piste du stade Olympique d’Amsterdam pour les séries du 1500 m avec un sentiment de revanche. Cette distance, bien que n’étant pas sa préférée, ni la plus courue ces dernières années, paraît être tout à coup celle qui pourrait sauver sa quête olympique 1928. Cependant les séquelles physiques de sa demi-finale du 800 m de lundi sont toujours bien présentes dans ses jambes. Il y a également cette polémique étonnamment montée par la presse helvétique, qui se demande si Paul Martin n’avait pas eu tort de porter son entraînement sur deux distances différentes ? Opposé dans le 1500 m à des spécialistes comme Jules Ladoumègue, Harri Larva ou Eino Purje, Paul Martin répond qu’il peut assurément défendre ses chances et on comprend tout à fait son point de vue. Ils sont 44 en lice pour ce 1500 m olympique, répartis en six séries. Le Lausannois a tiré la quatrième et il devra faire face au tempo souvent rapide du Finlandais Harri Larva et du Britannique Reg Thomas. Sûr de sa vitesse terminale, Paul Martin reste en cinquième position jusqu’à la cloche. À ce moment-là, Larva accélère et dépasse Thomas. Martin, qui a suivi la manœuvre, remonte sur la tête dans le dernier virage, puis passe sans coup férir le Finlandais dans la dernière ligne droite. Il s’impose très frais en 4’00″8, soit un nouveau record personnel. Cette belle entrée en matière devrait lui donner encore plus d’envie pour la finale, d’autant plus que certains favoris comme Otto Peltzer, Séra Martin ou Lloyd Hahn – mal remis de leurs 800 m épuisants – ont connus l’élimination. Le Tessinois Arturo Conturbia est l’autre Suisse en lice en ce jour de la Fête Nationale. Il s’en sort dignement lors du concours de qualification du lancer du disque avec un jet à 41,90 m qui lui donne un valeureux 15e rang.
Le jeudi 2 août est une nouvelle fois très important pour l’athlétisme suisse car les prestations de nos compatriotes au stade Olympique d’Amsterdam restent fort modestes. Paul Martin fait bien sûr figure d’exception dans ce marasme, malgré son élimination en demi-finales du 800 m. À la recherche d’une revanche, le Lausannois pense même qu’il aura droit au chapitre lors de sa finale du 1500 m. Mais la concurrence s’avère être rude avec notamment les Finlandais, les Français et les Allemands. Son manque d’expérience sur cette distance pourrait-elle être préjudiciable ? Pas sûr car une erreur commise dans un 1500 m est certainement pas aussi rédhibitoire que sur 800 m. Placé sur la ligne de départ en milieu du peloton, aux côtés de Jules Ladoumègue, Paul Martin prend un départ moyen. Mais contrairement à sa demi-finale du 800 m, il choisit judicieusement de ne pas traîner en queue de peloton. Après 700 m de course, le Suisse pointe en sixième position et c’est à ce moment-là qu’il décide de fournir un bel effort pour se placer au deuxième rang derrière l’Allemand Hans Wichmann, une place qu’il maintient durant 100 mètres. Cependant ce coup de bluff ne fait pas long feu car on voit Martin rétrograder à l’entame du dernier tour, lorsqu’un groupe de cinq coureurs menés par Larva se détache irrémédiablement. Paul Martin reste quant à lui à cinq mètres derrière et il ne semble pas être en mesure de suivre les meilleurs. Sans s’affoler, Martin laisse passer l’orage et il parvient ensuite à recoller aux 1200 m. Dans la ligne opposée, Ladoumègue prend la tête, mais Larva montre qu’il est le patron de cette finale et il contre le Français en le passant à l’entrée de la dernière ligne droite. Harri Larva remporte facilement le titre en 3’53″2, nouveau record olympique. Jules Ladoumègue s’empare de la médaille d’argent en 3’53″8 et le Finlandais Eino Purje gagne son duel pour la troisième place sur Hans Wichmann en 3’56″4 contre 3’56″8. Au cinquième rang on retrouve le Britannique Cyril Ellis en 3’57″6, juste devant Paul Martin qui remporte un très joli diplôme olympique grâce à sa sixième place en 3’58″4, soit un record personnel battu de deux secondes et quatre dixièmes.
Larva remporte le 1500 m devant Ladoumègue et Purje. Paul Martin termine sixième et obtient un diplôme
En grand connaisseur de l’athlétisme, l’ancien recordman du monde du 100 m Charlie Paddock donne son avis suite à cette finale : «Je n’en reviens pas de la course de Paul Martin. Je suis convaincu qu’avec sa vitesse et son endurance, Paul aurait dû se spécialiser sur cette distance. S’il l’avait fait, il aurait été champion olympique du 1500 m !». Cette affirmation donne de l’eau au moulin de la presse suisse qui, même si elle félicite leur compatriote pour cette belle sixième place, n’en démord pas et pense elle aussi que Paul Martin aurait dû se préparer uniquement sur 1500 m. On ne saura jamais où est la vérité…
On arrive gentiment au terme de ces Jeux Olympiques d’Amsterdam. Le camp suisse, même s’il peut être fier de Paul Martin, fait plutôt gris mine. En cette fin de semaine, il ne lui reste plus que deux atouts pour raviver ses couleurs : le relais 4 x 100 m et le décathlonien Adolf Meier. Justement, le Saint-Gallois du FC Zürich se donne à fond aux quatre coins du stade. Lors de la première journée, le vendredi 3 août, il réussit les performances suivantes : 11″6 – 6,89 m – 12,15 m – 1,65 m – 55″0, soit loin de son meilleur total lors d’une première journée. Cela ne va guère mieux le lendemain avec 16″6 sur 110 m haies, 33,43 m au disque et hélas une blessure au saut à la perche qui le contraint à abandonner. La délégation suisse est à nouveau fort déçue par ce coup du sort, mais elle veut bien croire en sa bonne étoile pour le relais 4 x 100 m. Les sprinters du FCZ Emanuel Goldsmith, Willy Weibel, Willy Tschopp et Hans Niggl bénéficient effectivement d’un bon coup de Dame Chance lors des séries. Confrontés aux États-Unis, à la Turquie et à la Hongrie, les Suisses terminent troisièmes de leur série en 42″6 et sont malheureusement éliminés. Cependant le jury a décelé un passage illicite du côté des Hongrois et la Suisse se voit ainsi propulsée en finale. Très heureux de leur sort, le quatuor va tout donner pour faire face aux Américains, aux Allemands, aux Britanniques et autres Français et Canadiens. Cette finale se déroule le dimanche 5 août et montre un constat flagrant : les Suisses passent bien le témoin, mais ils manquent de vitesse. Ils terminent fort logiquement derniers de cette course, mais ils sont finalement classés au cinquième rang en 42″6, ceci suite à un passage hors zone du Canada.
À l’heure du bilan, l’équipe nationale d’athlétisme est loin de sa fantastique septième place remportée en 1924 à Paris. Avec deux finalistes (Paul Martin sur 1500 m et le relais 4 x 100 m), la Suisse a marqué trois petits points et se classe au dix-huitième rang. Un classement somme toute conforme aux forces en présence.
12.08.1928
Retour en Suisse pour retrouver une toute nouvelle compétition : l’International Leichtathletik-Meeting à Zurich, plus communément appelé « Nurmi-Meeting ». Considéré comme le point de départ de ce qui deviendra au fil des éditions le plus grand meeting du monde, cette compétition est organisée par Hans Körner, un ancien coureur de demi-fond du FC Zürich. La partie nationale qui se déroule en début d’après-midi permet notamment au Biennois Hans Schneider de battre le record suisse du 400 m haies d’une seconde et huit dixièmes avec 56″2. Quant au programme international, il met en valeur l’Allemand Jakob Schüller sur 100 m et surtout le Haïtien Silvio Cator au saut en longueur. Ce dernier est en grande forme et il va même battre le record du monde dans un mois à Paris avec 7,93 m. Enfin le 5000 m, la course la plus attendue, fait un triomphe à Paavo Nurmi. Le Finlandais, neuf fois champion olympique dont la dernière fois sur 10000 m à Amsterdam, part en scratch en rendant 250 m aux Suisses Georges Nydegger, Alfred Gaschen, Josef Amrein et Fritz Riehs, et même 300 m à Hans Wehrli, alors que l’Allemand Willi Boltze prend le départ avec le champion olympique, mais il sera lâché aux 2000 m. Nurmi dépasse les Suisses après 3750 m et rejoint Wehrli (photo), qui subit le même sort que ses compatriotes aux 4000 m. Finalement, sous les vivats de la foule, Nurmi gagne sans avoir forcé en 15’18″3 devant Wehrli en 15’45″6.
De son côté, Paul Martin se trouve à Paris pour un 800 m qui met aux prises les deux Martin : Paul, le Suisse et Séra, le Français. Il s’agit là d’une véritable revanche de la demi-finale du 800 m d’Amsterdam, dont les paroles de Séra à l’attention de Paul, des années plus tard, furent : «Désolé, mais j’ai été obligé de t’éliminer !». À Colombes, devant pas moins de 15000 spectateurs, le rythme imprimé en début de course par le Français est fort soutenu. Mais aux 600 mètres, Paul attaque son homonyme et il le laisse littéralement sur place. Le Suisse s’impose en 1’53″4 et le Niçois du Stade Français termine à sept mètres. Même s’il atténue que très modérément l’amertume d’Amsterdam, ce succès montre aux observateurs que Paul Martin est actuellement en top forme.
15.08.1928
Trois jours plus tard ont lieu à Colombes les championnats du monde universitaires. Unique Suisse engagé, Paul Martin remporte sans forcer le 800 m en 1’57″4, devant l’Allemand Fredy Müller et le Français Francis Galtier.
18.08.1928
Unique Suisse présent à Berlin, l’Argovien Arthur Tell Schwab termine deuxième du 5000 m marche dans l’excellent chrono de 23’00″5.
25-26.08.1928
Après son échec lors de son décathlon à Amsterdam, Adolf Meier ne doit pas attendre plus de trois semaines pour prouver qu’il tient la forme de sa vie. Lors des championnats suisses multiples à Zurich, l’athlète du FC Zürich concrétise tous ses objectifs avec un décathlon qui l’amène à battre le record suisse d’Ernst Gerspach avec le total de 7’072,185 pts (6’021 pts actuels). Voici le détail de ses performances : 11″2 – 6,97 m – 12,25 m – 1,70 m – 55″2 | 16″0 – 36,83 m – 3,30 m – 42,41 m – 5’13″6. Comme d’habitude le Saint-Gallois a également pris part à un 200 m au Letzigrund et ses 23″2 lui permettent d’améliorer également le record suisse du pentathlon avec 3’379,185 points (6,97 m – 36,83 m – 23″2 – 42,41 m – 5’13″6). Hermann Ruckstuhl (STV Winterthur) termine à 30 unités de l’ancien record suisse avec 3’144,150 points.
02.09.1928
L’équipe nationale se rend à Francfort pour participer à la huitième édition du match Allemagne-Suisse. Les 10000 spectateurs allemands peuvent assister à un monologue de la part de leurs athlètes puisque le score est à nouveau sans appel : 89 points à 49. Mais comme d’habitude ce match n’est pas vain pour quelques-uns de nos compatriotes. Trois victoires suisses sont à mettre en exergue avec le doublé 800 m / 1500 m de Paul Martin en 1’55″4 et 4’07″3 et le succès d’Arturo Conturbia au lancer du disque avec 43,17 m. Mention spéciale également pour le Bâlois Max Stauber qui bat le record suisse du 110 m haies avec un chrono de 15″6, ainsi que pour Jack Schumacher au lancer du javelot avec un joli 56,30 m.
08-09.09.1928
Le meeting international de Paris, organisé sur deux jours au stade de Colombes, bénéficie d’un battage médiatique sans précédent en annonçant pour dimanche une revanche des Jeux Olympiques d’Amsterdam sur 800 m. Mais avant cela, Paul Martin prend part le samedi au 400 m. Il ne peut sans aucun doute oublier qu’il y a quatre ans, son camarade de l’équipe de Suisse, le Genevois Josef Imbach, avait brillé de mille feux dans ce même stade lors des quarts de finale du 400 m des Jeux Olympiques de 1924 en battant le record du monde en 48″0. Animé des mêmes intentions, Paul Martin réalise une course magnifique en s’accrochant aux ailes de ses deux adversaires Germaniques. Finalement Hermann Engelhard remporte la course en 47″6, soit le record d’Europe du Britannique Eric Liddell égalé. Paul Martin termine deuxième en 47″8, nouveau record suisse battu de deux dixièmes. Otto Neumann est crédité de 47″9, alors que Marcel Moulines bat le record de France en 48″1. Une fois de plus le public parisien a pu vivre une course fantastique.
C’est encore plus épique le lendemain avec la fameuse revanche des Jeux d’Amsterdam sur 800 m promise par la presse spécialisée, quand bien même manquent à l’appel le Britannique Douglas Lowe (double champion olympique 1924 et 1928), ainsi que le Canadien Phil Edwards et l’Américain Lloyd Hahn (4e et 5e à Amsterdam). Dès le début de ce 800 m, la lutte est parfaite de loyauté, si ce n’est ce coup de pointe malencontreux que Paul Martin doit subir et devra s’en souvenir encore longtemps. C’est Ladoumègue qui mène le train avec un tempo admirable, mais le Lausannois n’est pas loin. Au fil des mètres, la lutte pour la victoire semble devoir se circonscrire entre ces deux hommes. En fin tacticien qu’il est, le Lausannois prend le commandement au moment le plus opportun et fonce vers la victoire. Mais c’était sans compter ce diable d’Engelhard qui revient maintenant sur le Suisse et, comme en 1924 avec Douglas Lowe, les deux coureurs passent la ligne sur le même plan, Martin arrachant le fil d’arrivée de la poitrine et Engelhard le touchant de l’épaule. Le public réclame un verdict de « dead-heat » (arrivée qui se fait en même temps par des concurrents sportifs). Engelhard assure quant à lui que le Suisse est le vainqueur ! Mais les juges donnent pourtant la victoire à l’Allemand et Paul Martin en est cruellement déçu sur le moment. Que dire sur ce verdict en voyant la photo de l’arrivée entre les deux champions ? Le Lausannois n’a-t-il pas gagné d’un souffle ?
Paul Martin et Hermann Engelhard terminent sur la même ligne en 1’51″8, mais c’est l’Allemand qui sera déclaré vainqueur !
Finalement Engelhard et Martin sont tous les deux crédités de 1’51″8, soit exactement le chrono du record olympique établi quelques semaines auparavant par Lowe à Amsterdam ! Il s’agit également d’un magnifique nouveau record suisse, qui ne sera battu que 27 ans plus tard seulement par Josef Steger (LC Zürich) en 1’49″8, le 11 septembre 1955 également à Paris. Pour Paul Martin, ses chronos de 47″8 sur 400 m et de 1’51″8 sur 800 m représentent non seulement les sommets chronométriques de sa carrière, mais surtout l’aboutissement d’une préparation savamment élaborée et la preuve que sa science de la course n’est pas illusoire.
23.09.1928
Tout comme à Zurich, Lausanne veut se doter d’un meeting international d’athlétisme. Ainsi après 1925, le Stade Lausanne organise à Vidy son deuxième « Meeting des Champions ». Hélas une bise noire souffle avec insistance ce jour-là sur les bords du Léman, ce qui plombe les ardeurs des athlètes et du public. Malgré la fraîcheur, le Haïtien Silvio Cator vient étrenner son nouveau record du monde du saut en longueur avec un 7,55 m très applaudi. Paul Martin, très fatigué par ses dernières courses, remporte le 800 m sans forcer son talent en 1’58″0. Enfin dans les courses de relais (4 x 100 m et suédois), le spectacle entre deux équipes équilibrées est total pour le public émerveillé.
29.09.1928
Magnifique performance à Chiasso pour Arturo Conturbia au lancer du disque avec 46,87 m. Ce résultat ne sera pas validé comme record suisse et il faudra attendre 1953 pour voir un tel jet en Suisse !
PAB
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