Après avoir égalé de manière non officielle le record du monde du 100 m lors des championnats suisses de 1920 à Genève, Josef Imbach (CA Genève) a pris soin montrer que son exploit de Frontenex n’était pas dû au hasard. Dès 1921, le Genevois décide d’étendre son rayon d’action du 100 m au 400 m, ce qui lui permet de briller encore plus souvent. ATHLE.ch VINTAGE revient sur une compétition en 1922 à Francfort, qui voit Josef Imbach placer les records suisses du 200 m et du 400 m à un excellent niveau sur le plan européen.
On ne sait évidemment pas comment Josef Imbach avait réagi lors des championnats suisses de 1920 à Genève, suite à la non-homologation de ses fantastiques chronos sur 100 m, les 10″8 réussis en séries et surtout les 10″6 lors d’une finale de feu entre les cinq hommes les plus rapides de Suisse. On peut pourtant le retrouver trois semaines plus tard à Anvers pour disputer le 100 m des Jeux Olympiques. Un peu moins rapide qu’à Frontenex, le Genevois court en 11″0 en séries et 11″1 en quarts de finale. Dès la saison suivante, Josef Imbach décide d’étendre son rayon d’action en prenant part non seulement au 100 m, mais également au 200 m et au 400 m. Au cours d’une tournée estivale des meetings français, le sprinter du CA Genève va fortement secouer les statistiques de l’athlétisme helvétique. Le 17 juillet 1921 à Paris, il améliore de six dixièmes le record suisse du 200 m avec 22″2. Deux semaines plus tard, le 31 juillet à Oyonnax, il réussit un nouveau chrono de choix : 10″7, quatrième performance européenne et septième mondiale, à trois dixièmes du record du monde que l’Américain Charlie Paddock avait établi en avril dernier à Redlands avec 10″4. Le lendemain, jour de la fête nationale suisse, il se trouve à Marseille pour s’essayer sur 400 m. En courant en 50″6, il parvient à améliorer le record suisse de Georg Möschlin (Old Boys Basel) d’une seconde et demie. Ce joli florilège de performances ne sera toutefois jamais homologué par la Association Suisse de Football et d’Athlétisme (A.S.F.A.) ! Décidément, que faudra-t-il pour que les performances d’Imbach soient enfin reconnues par les dirigeants de son propre pays, alors que dans toute l’Europe il jouit d’une formidable réputation, qui va jusqu’à lui prêter un surnom plutôt évocateur : « le phénomène suisse » ? Lors des championnats suisses le 7 août à Berne, plus de doutes possibles, l’A.S.F.A. ne peut pas faire autrement que de valider les performances du Genevois qui lui donnent les titres nationaux : 10″9 et 22″5, soit à bonne distance des 10″7 et 22″2 réussis en France; mais c’est toujours ça de pris.
La saison 1922 est encore plus performante avec un nouveau doublé 100 m / 200 m lors des championnats suisses à Vidy, puis la réalisation d’un excellent 100 m réussi à Annecy. Mais une fois encore, l’A.S.F.A. fait la sourde oreille devant les 10″8 d’Imbach ! Le 13 août, Josef réussit à Genève une performance absolument imparable sur 400 m : 49″6, deuxième performance européenne derrière les 49″4 du Suédois Niels Engdahl et nouveau record suisse battu de deux secondes et demie. Sur sa belle lancée, il se rend le 3 septembre à Francfort pour y disputer un 200 m et un 400 m. Sur le demi-tour de piste, il doit subir la loi de l’Allemand Hubert Houben qui court un très joli 21″9. Mais le Céagiste s’est plutôt bien accroché en courant un superbe 22″1, un chrono que l’A.S.F.A. entérine comme étant un nouveau record suisse battu de quatre dixièmes. Il s’agit-là de la huitième performance européenne de la saison et la quinzième mondiale. Galvanisé par cette belle prestation, Josef s’attaque maintenant au tour de piste. Complètement déchaîné, il réussit une course admirable qui lui permet de bloquer le chrono à 49″4, meilleure performance européenne de la saison égalée et nouveau record suisse battu de deux dixièmes. Ces deux très bons résultats le font forcément réfléchir par rapport à son avenir athlétique. À 28 ans, le sprinter du CAG pense qu’il est temps de donner la priorité au 400 m, ceci en vue des Jeux Olympiques de 1924 à Paris. Ce nouvel objectif est fort prometteur, mais il doit passer par une amélioration de ses performances s’il veut pouvoir être compétitif face aux Britanniques et aux Américains. Or durant la saison 1923, ses résultats restent sensiblement inférieurs à ceux de 1922 avec 22″3 sur 200 m et 49″5 sur 400 m. Saura-t-il parfaire sa condition physique pour 1924, alors qu’il aura 30 ans au moment de fouler la piste olympique du stade de Colombes ?
PAB
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