Il y a deux ans, l’athlétisme suisse avait touché le fond lors des championnats du monde de Paris. On pensait à ce moment-là être au creux de la vague et que l’arrivée d’un nouveau staff technique puisse permettre de nous sortir de cette impasse. Mais force est de constater en 2005 que la situation de l’athlétisme helvétique est toujours loin d’avoir été résolue et que la remise dans de bons rails prend plus de temps que prévu. Pour ces 10e championnats du monde, on retourne aux sources puisque cette compétition se déroule à Helsinki, la capitale finlandaise ayant été la ville hôte des premiers championnats du monde en 1983. La délégation suisse, composée de neuf athlètes, compte une fois de plus sur André Bucher (LR Beromünster) pour briller.

Corinne Müller manque de peu la finale au saut en hauteur
Quatre athlètes entrent en compétition dès le premier week-end et le moins que l’on puisse dire c’est que la réussite n’a pas été au rendez-vous. Le samedi 6 août en fin de matinée, Patric Suter (LC Zürich) ouvre les feux au lancer du marteau. Son premier essai est mesuré à 65,65 m, le suivant à 68,54 m et le dernier est déclaré nul. Loin de son record national de 80,51 m, le Zurichois prend la 28e et antépénultième place de ces qualifications : «Je ne suis pas arrivé en forme à ces championnats car j’ai été victime d’une blessure au dos pendant ma préparation. En plus mon coach Vasiliy Sidorenko n’a pas reçu son visa pour me rejoindre ici à Helsinki».
À l’heptathlon, Simone Oberer (LC Zürich) se situe après la première journée au 16e rang sur 27 engagées, ce qui reste conforme à ses possibilités. Ses 3’512 points l’ont mise sur orbite pour atteindre les 6’000 points, son objectif initial. La Bâloise a connu un très bon début avec 13″77 sur 100 m haies, à deux centièmes de son PB, et surtout au saut en hauteur avec 1,82 m, record personnel égalé. La suite a été moins performante avec 11,96 m au poids et 25″52 au 200 m.
En fin d’après-midi, Corinne Müller (TV Unterstrass) participe aux qualifications du saut en hauteur, dont la barre qualificative pour la finale a été fixée à 1,93 m. Comme elles ne sont que cinq à avoir pu franchir cette hauteur, c’est à 1,91 m que la décision s’est faite. La Zurichoise s’est bien comportée avec ses deux premières barres à 1,80 m et à 1,84 m franchies au premier essai. Elle s’y reprend a deux fois pour passer 1,88 m, puis elle dompte les 1,91 m à sa troisième tentative avant d’échouer à 1,93 m. Bien qu’il y ait eu de gros espoirs pour elle, elle est passée à la trappe car il aurait fallu maîtriser les 1,91 m au deuxième essai pour obtenir un ticket pour la finale. Corinne termine au quatorzième rang, ce qui est toutefois assez bon.
Le lendemain, Simone Oberer entame la seconde journée de son heptathlon, un peu dans la même veine qu’elle a terminé sa première partie la veille. Avec 5,99 m en longueur, puis un petit 37,39 m au javelot et enfin un 2’14″02 sur 800 m, elle reste éloignée de son but initial. Son total de 5’882 points, pour une 18e place, se situe à 170 unités de son meilleur total réussi à la fin mai à Götzis. Enfin en conclusion de ce premier week-end de compétition, Nadine Rohr (ST Bern) passe complétement au-travers de son affaire au saut à la perche avec trois essais nuls à sa barre de départ placée à 4,00 m.

Le joli coup de Christian Belz sur 10000 m
Longtemps le record suisse du 10000 m avait été la propriété de Markus Ryffel (ST Bern). Ses 27’54″29 réussis en juillet 1985 à Lausanne ont finalement tenu vingt ans, jusqu’à ce que Christian Belz (ST Bern) ne réussisse un crime de lèse-majesté le 2 mai de cette année avec un 10000 m couru à Stanford en 27’54″11, soit le deuxième chrono européen de la saison. Bien sûr à Helsinki, c’est face au niveau mondial qu’il doit combattre et il s’agit là d’un tout autre challenge. À bientôt 31 ans, le Bernois compte bien faire parler son expérience, riche de trois expéditions mondiales et de deux expéditions olympiques. Dans cette finale du 10000 m courue le lundi 8 août, il y a bien sûr eu Kenenisa Bekele, vainqueur en 27’08″33. Derrière, Christian Belz tente de restituer le fruit de tous ses entraînements réalisés en altitude au Kenya, au Colorado ou comme récemment à Saint-Moritz. Descendu la veille de son repère grison, Belz a réussi son pari en terminant au quatorzième rang en 27’53″16, nouveau record suisse battu de 95 centièmes. Il s’agit là d’une prouesse rare dans un grand championnat.

Belles prestations de Stefan Müller et de Pierre Lavanchy
Mardi 9 août, deux néophytes à ce niveau de compétition entrent en lice. Stefan Müller (LV Winterthur) n’est pas passé très loin de la qualification au javelot. Le Zurichois a pris la quinzième place grâce son premier essai mesuré à 76,30 m, soit à 78 cm du Lituanien Tomas Intas, le dernier qualifié : «J’étais très bien relâché au début, mais ensuite j’ai voulu trop bien faire et je me suis un peu crispé. Finalement être 15e sur 28 participants, c’est plutôt encourageant».
De son côté, Pierre Lavanchy (Lausanne-Sports) se retrouve au départ des séries du 400 m avec beaucoup d’espoirs. Placé au couloir 8 de la première série, le champion suisse du tour de piste (45″49 à Berne) croit en ses chances. Il sait que les deux premières places de sa course sont inatteignables, mais pour lui l’essentiel est d’obtenir l’un des dix meilleurs chronos des viennent-ensuite. Il joue crânement le coup et sa cinquième place en 45″79 lui vaut le huitième temps des repêchés : «J’ai fait fi du couloir. Placé juste derrière moi, le Nigérian James Godday m’a très vite dépassé, puis s’est maintenu à bonne distance. Je l’ai suivi et en quelque sorte il m’a tracté. Je crois que j’ai rempli mon contrat en signant le deuxième chrono de ma carrière. J’ai juste un peu trop ralenti à l’entrée du virage et je me suis crispé face au vent dans la dernière ligne droite».
Après une nuit de repos, Pierre Lavanchy prend part aux demi-finales par un temps exécrable. Dans ces conditions, il est impossible de briller. Classé cinquième de la troisième course en 47″26, le Lausannois figure au 19e rang du sur 400 m mondial.
Un peu plus tard, ce n’est guère mieux pour Ivan Bitzi (LV Horw) qui doit courir son 110 m haies face à 5,1 m/s de vent. Son chrono de 14″26 est le mieux qu’il pouvait faire.

André Bucher hors du coup
Même si on le savait peu en forme, on attendait avec intérêt André Bucher sur son 800 m. Il n’y a cependant rien eu à faire pour lui car il a été éliminé en 1’47″97. Le Lucernois, qui est toujours resté encré à la corde entre la troisième et la cinquième place, n’est pas parvenu à accélérer dans la dernière ligne droite : «Il n’y a pas grand-chose à dire. Dès les premières foulées, j’ai senti que j’avais les muscles contractés. C’est un mauvais rang et un mauvais temps». Le constat final est que si on ne peut plus compter sur André Bucher, ça va être dur à l’avenir pour l’athlétisme suisse…

PAB

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