TIMELINE | L’épopée des athlètes suisses aux championnats du monde | Séville 1999 Pour les athlètes suisses, atteindre la limite pour les championnats du monde représente une sorte de Saint Graal car cette compétition est assurément l'un des deux summums de l'athlétisme mondial. ATHLE.ch «VINTAGE propose de revivre en détail l'épopée des athlètes suisses au cours des dix-neuf éditions de ces Mondiaux. La septième édition des championnats du monde s'est disputée du 20 au 29 août 1999 à Séville.

En ouverture de cette compétition, un fléau nommé argent sème le trouble au sein de la planète athlé. En effet le Président de l’I.A.A.F. Primo Nebiolo a annoncé que les médailles seront désormais liées à des sommes d’argent substantielles. D’où la crainte justifiée de voir les athlètes tenter de se les approprier… à n’importe quel prix ! En introduisant de l’argent cash aux Mondiaux, Nebiolo et l’I.A.A.F. ouvrent inexorablement la porte qui donne au dopage. En même temps, la lutte contre cet autre fléau de l’athlétisme s’intensifie pleinement à l’approche du nouveau millénaire et de grands noms de l’athlétisme tombent juste avant ces championnats du monde de Séville. Ainsi après le champion olympique 1992 du 100 m Linford Christie et le champion d’Europe 1998 du 200 m Doug Walker, tous deux Britanniques, c’est au tour de Merlene Ottey de se faire épingler pour usage d’un stéroïde anabolisant : la nandrolone. C’est le choc pour la Jamaïcaine, qui avait participé à tous les championnats du monde depuis leur création en 1983 et qui ambitionnait de conquérir une quinzième médaille en Espagne.

Loin des critères de sélection, la réalité de la piste est impitoyable
Contrairement au slogan polémique « La Suisse n’existe pas », qui avait été placardé sur le pavillon de notre pays lors de l’Exposition Universelle de Séville en 1992, la délégation de l’athlétisme helvétique veut prouver le contraire au Stadio Olimpico. Composée de sept garçons et de deux filles, elle est certes petite, mais très ambitieuse. Après les Jeux d’Atlanta en 1996, la F.S.A. avait décidé de durcir les minimas en ne prenant que des athlètes susceptibles d’atteindre une finale. Cette sélection de 1999, basée sur des critères d’exigence comparables à ceux qui donnent accès aux Jeux Olympiques, semble justifiée. On aurait peut-être pu repêcher Ivan Bitzi (LV Horw) au 110 m haies, lui qui n’a manqué sa deuxième limite que pour un centième.
La stratégie des dirigeants de la F.S.A. est pourtant bien ébranlée au cours des premières apparitions helvétiques sur la piste andalouse, en soirée du samedi 21 août. C’est Christian Belz (ST Bern) qui ouvre les feux à l’occasion des séries du 3000 m steeple. L’étudiant bernois fait figure de néophyte, mais il a bien progressé avec notamment un nouveau record à Dortmund en 8’24″10. La première série est pourtant beaucoup trop rapide pour lui et il est rapidement lâché. Il termine huitième en 8’29″19, soit le deuxième chrono de sa carrière, ce qui le classe au 22e rang. Une heure plus tard, Mathias Rusterholz (LC Zürich) est au départ de la sixième et dernière série du 400 m. Souvent blessé, l’instituteur Appenzellois a su revenir en forme à temps. Mais on le voit, il est encore loin de son record suisse (44″99 en 1996). Les quatre premiers sont qualifiés pour les quarts de finale, Mathias sait qu’il peut aussi passer au temps. À la lutte avec le Français Marc Foucan jusqu’à 60 mètres de l’arrivée, le coureur du LCZ faiblit nettement sur la fin et boucle son tour de piste en 46″43; avec le 34e chrono seulement, c’était bien insuffisant pour passer un tour. Quant à Anita Brägger (LC Luzern), elle n’a rien pu faire face à la meute des favorites du 800 m. Ses 2’00″23 réussis il y a peu à Zurich aurait pu faire l’affaire, mais à Séville elle court en 2’01″89 et elle se voit classée au 24e rang de ces séries d’un bon niveau. Anita n’a pas démérité, en se battant jusqu’à la limite de ses moyens : «J’ai fait ce que j’ai pu !».
« Suiza existe » assure en titre le bulletin d’information publié par la F.S.A. à Séville. Ce pied de nez au bide essuyé par le pavillon suisse lors de l’Expo ’92 n’est pourtant pas encore si évident que ça.

Marcel Schelbert montre la voie à suivre
Il faut attendre trois longs jours pour voir un autre Suisse en lice. Freiné l’an dernier à cause d’une blessure, Marcel Schelbert (LC Zürich) a retrouvé en juillet dernier un niveau tout à fait remarquable lors des Universiades à Palma de Majorque en battant à deux reprises le record suisse du 400 m haies en 48″89, puis en 48″77, tout en décrochant une belle médaille de bronze. Il y a deux semaines lors de Weltklasse, sa troisième place en 48″52 lui avait permis d’atteindre carrément le niveau mondial. Le Zurichois aborde donc les séries du mardi 24 août en pleine confiance. Engagé dans la sixième des sept éliminatoires, on voit qu’un chrono de 49 secondes peut-être suffisant pour passer en demi-finales, ce qui serait le minimum pour Marcel. Il se joue avec une facilité déconcertante de ses adversaires, dont l’Américain Joey Woody et le Sénégalais Ibou Faye. Le chrono qui se bloque à 48″66 en dit long sur l’état de forme du Suisse. En même temps, ce premier tour a été fatal au champion des États-Unis Angelo Taylor et au Zimbabwéen Ken Harden, ce qui propulse Schelbert au sixième rang des demi-finalistes.
Mercredi 25 août, les pronostics vont bon train dans le camp suisse avant l’entrée en scène de Marcel Schelbert : allait-il parvenir à forcer les portes de la finale du 400 m haies des Mondiaux de Séville ? La condition sine qua non est de terminer à l’une des trois premières places ou d’obtenir l’un des deux meilleurs temps des viennent-ensuite. Placé au couloir 6, le Zurichois ne montre aucun signe de nervosité. Même s’il n’a que 23 ans, il possède déjà une grande expérience des compétitions internationales. Médaillé d’argent européen chez les juniors en 1995 à Nyiregyhaza et chez les espoirs en 1997 à Turku. Bien parti jusqu’à la deuxième haie, Marcel donne ensuite l’impression de perdre du terrain, peu, mais constamment. Au passage de la dernière haie, il n’est que cinquième, loin de la troisième place automatiquement qualificative. C’est là que sa vitesse de base fait merveille et dans un dernier effort, il remonte irrésistiblement sur le Polonais Jiri Muzik, puis sur le Jamaïcain Kemel Thompson et il s’adjuge cette fameuse troisième place en 48″80. Cinq minutes plus tard en zone mixte, il a déjà pu reprendre son souffle, ce qui prouve ses facultés de récupération : «Je suis effectivement bien parti et si j’ai commencé à flotter légèrement à partir de la quatrième haie, c’est parce que j’étais un peu trop loin de l’obstacle. L’effort nécessité pour me rapprocher progressivement m’a fait perdre du terrain. Estimant que ma valeur actuelle me situe parmi les huit meilleurs du monde, j’ai sorti mes ultimes réserves et mes derniers 25 mètres m’ont arraché un effort brutal, mais efficace». Heureux d’avoir atteint le but qu’il s’était fixé, le Zurichois a maintenant 48 heures pour récupérer en vue d’une finale plus ouverte que jamais.

André Bucher, l’autre atout helvétique
Son diplôme de maître d’école en poche, André Bucher (LR Beromünster) réalise lui aussi une incroyable progression cette saison. Le prodige Lucernois, médaillé d’argent du 800 m des championnats d’Europe 1998 à Budapest, vient de porter son record suisse à 1’44″27 le 30 juin dernier à Oslo, un chrono confirmé lors du Weltklasse à Zurich en 1’44″45. Bien qu’on pense que Bucher possède la classe mondiale, rien n’est jamais acquis d’avance lors des séries de cette compétition. Au nombre de huit, il faudra courir d’entrée très vite en ce jeudi 26 août si on entend terminer parmi les deux premiers et ainsi passer en demi-finales. Heureusement, cette réserve est injustifiée pour le Lucernois, puisqu’il a brillamment remporté sa course en 1’46″81 : «Je me suis senti très à l’aise et je n’ai jamais douté que je parviendrais à m’imposer dans la dernière ligne droite. Bien calé à la corde, j’ai évité les à-coups pour ménager mes forces au maximum. À 250 m du but, enfermé en quatrième position, je me suis malgré tout rendu compte qu’il pourrait y avoir un problème. Mais je ne me suis pas affolé. Je pensais bien qu’une brèche s’ouvrirait. Je m’y suis engouffré en jouant en peu des coudes. Ne sentant pas de résistance, j’ai pris la tête et c’est sans problème que j’ai passé en premier la ligne d’arrivée. Je récupère facilement et la chaleur ne m’a pas vraiment marqué. Je devrais donc être bien en demi-finales…».
Programmées en début de soirée le vendredi 27 août, les trois demi-finales sont homogènes et explosives. Pour se qualifier pour finale, il faut comme en séries terminer dans les deux premiers, ou signer l’un des deux chronos suivants. Dans les deux premières courses, les favoris ont fait la loi sans trop de soucis. C’est dans la deuxième, remportée par le Danois Wilson Kipketer devant l’Algérien Djabir Saïd-Guerni, que le tempo est allé le plus vite et c’est le chrono du Kenyan Kennedy Kimwetich (1’45″67) qui fait référence pour la qualification. Du tout cuit pour le Suisse, en tous cas en apparence. Sauf que le tempo de cette troisième demi-finale s’est soudain fortement ralenti, juste au moment où Bucher se trouve dans une position très enfermée. Comme en séries, on espère pour lui qu’une ouverture va se créer dans la dernière ligne droite, mais celle-ci a fini par venir, mais c’était sans compter le finish de ses adversaires. Pris au piège derrière le Kenyan Japheth Kimutai (1’47″74) et l’Allemand Nils Schumann (1’47″90), André Bucher termine troisième en 1’48″07 et on voit avec stupeur qu’il est éliminé ! «La course est partie très vite, de sorte que je n’ai pu me rabattre en tête comme je l’aurais voulu. Enfermé comme la veille, le rythme a fortement ralenti, ce qui ne jouait pas en ma faveur. Je n’ai pu me dégager qu’à l’entrée de la dernière ligne droite, la porte s’étant tout à coup ouverte devant moi. J’ai alors sprinté au maximum de mes forces, revenant sur les talons de Kimutai. À ce moment-là, j’ai vu Schumann – celui qui m’avait battu l’année dernière à Budapest pour le titre européen – remonter à ma hauteur. Là, j’ai carrément eu un blocage psychologique; c’était fini». Cette désillusion est grande pour le champion suisse, qui va devoir digérer ce revers avant de se lancer dans sa quête olympique de l’an 2000.

Anita Weyermann se tord la cheville, mais passe en finale du 1500 m
Loin du climat propice du col des Mosses, là où elle a achevé sa préparation autour du chalet familial, Anita Weyermann (GG Bern) doit maintenant s’accommoder de la chaleur de l’Andalousie. À 22 ans, la médaillée de bronze du 1500 m des Mondiaux de 1997 et des Européens de 1998 vient de claquer un super chrono à Zurich : 3’59″82, deuxième temps mondial de la saison. Voilà la Bernoise fin prête pour confirmer ses deux podiums remportés à Athènes et à Budapest. Un petit ajustement final doit cependant être apporté dans son approche car les séries du 1500 m ont été supprimées hier : «Ce n’est pas drôle, du tout ! On nous envoie des programmes pour qu’on puisse se préparer avec méthodes et on les bouleverse au dernier moment. Je dois revoir tout mon programme et cela me perturbe un peu. Il faut maintenant que j’essaie de me distraire un peu, de ne pas gamberger. Je ne suis pas Schelbert, l’entraînement mental et moi, on n’arrive pas à faire bon ménage. Mais je me sens finalement bien comme ça dans ma tête. Je suis une lutteuse». Ce vendredi soir, Anita Weyermann prend part à la seconde demi-finale, avec l’espoir de terminer parmi la cinq premières. Comme souvent avec la Bernoise, sa course ressemble à un roman à suspense… Elle est si positivement excessive en tout, qu’on l’admire tout en craignant pour elle jusqu’au dernier moment où elle a passé la ligne. Pendant 1200 mètres, elle oscille entre la troisième et la septième position. À ce moment-là, on craint même le pire pour elle en la voyant prise dans une bousculade, avec une position bizarre de sa cheville droite. Son sprint final qui lui permet de remonter jusqu’à la troisième place, en 4’04″88, ce qui nous rassure sur son bon état de forme. Encore essoufflée, elle raconte sa fin de course : «Oui, comme souvent, je me suis un peu tordu un pied, mais ce n’est pas grave. J’ai pensé que je n’étais pas là pour m’arrêter sur une peccadille. J’ai continué à foncer et me voilà en finale».

Une ligne droite d’enfer pour décrocher le paradis !
Il est bientôt 21 heures à Séville et les huit participants à la finale du 400 m haies sont aux ordres du starter. Marcel Schelbert a bien récupéré de ses efforts lors de sa demi-finale d’il y a deux jours et, comme chaque fois, il s’est longuement concentré sur l’événement, en faisant un gros travail de visualisation. Il s’agit en quelque sorte de répéter mentalement tous les gestes qu’il va accomplir une fois le départ donné. Il compte rester fidèle à son approche habituelle : 13 foulées jusqu’au cinquième obstacle, 14 entre les haies 5 à 7 et 15 foulées entre les trois dernières. Son temps de réaction est digne d’un sprinter (125 millièmes), mais la suite ne se passe pas totalement comme prévu car il doit changer de rythme, de 13 à 14 foulées entre les obstacles, après le passage de la quatrième haie et non de la cinquième. Ce contretemps le fait déboucher à l’appel de la ligne droite en avant-dernière position. Sans se crisper, il lâche alors toute la cavalerie. Au passage de de la neuvième haie, il est toujours septième mais on le voit accélérer tant et plus. Les deux Américains Joey Woody et Torrance Zellner sont avalés et sur l’ultime obstacle, le Suisse possède trois mètres de retard sur un trio composé du Français Stéphane Diagana, de l’Italien Fabrizio Mori et du Polonais Pawel Januszewski, alors que le Brésilien Eronilde de Araujo se rate un peu à la réception. Sur le plat, Mori s’envole vers le titre mondial, alors que Diagana, Januszewski et Araujo semblent être au bout de leur vie. En conquérant mué par une hargne hors du commun, Marcel Schelbert réalise les 40 derniers mètres les plus fous de sa carrière, au point de revenir sur le trio agonisant. Dans un dernier effort, les quatre hommes se jettent sur le fil. Ce final dans un mouchoir de poche, où les émotions s’entrechoquent, personne ne peut le juger à l’œil nu. Les chronométreurs de Seiko ont vite fait de donner la victoire à Fabrizio Mori en 47″72, meilleure performance mondiale de l’année. Ça met en revanche nettement plus de temps pour connaître la suite du classement. Stéphane Diagana, le champion en titre, est écroulé sur le dos, tandis que Marcel Schelbert est assis sur la piste, le teint rougi par le formidable effort qu’il vient de produire. Le tableau d’affichage cafouille; il donne le Suisse ex-aequo avec Woody (qui était largement derrière), puis il est classé quatrième et, enfin, grâce aux millièmes grattés par l’ordinateur, à la troisième place en 48″13, à un centième de Diagana et dans le même temps que Araujo. Oui la médaille de bronze de ce 400 m haies mondial est revenue au Zurichois, avec un fabuleux nouveau record suisse qui représente la 27e performance mondiale de tous les temps et la 10e au niveau européen. On le voit maintenant sauter comme un cabri, comme s’il franchissait de barrières imaginaires : «J’étais gonflé à bloc, prêt à tout. Mais j’ai de la peine à réaliser».

Il y a deux ans à Athènes, Marcel avait hérité du rôle du héros malheureux. Et c’est meurtri qu’il avait quitté la Grèce avec un sentiment d’immense culpabilité, pour avoir laissé échapper le témoin et privé le relais 4 x 400 m helvétique d’une place en finale. Deux ans plus tard, la distribution a changé : c’est en héros qu’il fait son entrée dans la grande salle des interviews, le poing levé, en lançant un « yes » qui l’emporte un bref instant sur le brouhaha ambiant. Qui l’eût cru ? Le Zurichois devient le troisième Suisse à décrocher une médaille mondiale après Werner Günthör, triple champion du monde du poids en 1987, 1991 et 1993, et Anita Weyermann, 3e du 1500 m en 1997. «Il faut croire, même en l’impossible», disait-il après sa demi-finale. En prouvant ses paroles par l’action, Marcel Schelbert a transformé un rêve en réalité : «Quand j’ai vu que j’étais septième à l’attaque de l’avant-dernier obstacle, j’ai pensé que je pourrais rattraper deux ou peut-être trois de mes adversaires, mais pas quatre ! Cela dit, je ne me suis pas inquiété le moins du monde car le scénario était très exactement celui que nous avions envisagé avec mon entraîneur, Andreas Hediger. Le point fort de ma course devait être, et fut, la dernière ligne droite». Alors qu’il raconte à qui veut l’entendre son finish de rêve, on apprend que l’équipe de France a porté une réclamation officielle contre la victoire de Fabrizio Mori, estimant que l’italien avait empiété dans le couloir intérieur. Les Brésiliens ont également déposé un protêt qui conteste la photo-finish et donc la troisième place de Schelbert. Ces deux réclamations seront officiellement repoussées à 0:30 par le jury d’appel.

Un record suisse, mais pas de finale pour le 4 x 400 m
Il y a deux ans à Athènes, le malheureux accrochage dont fut victime Marcel Schelbert avait privé le relais 4 x 400 m helvétique d’une place en finale. Cinquième l’année suivante aux championnats d’Europe à Budapest, au terme d’un finish à couper le souffle de Mathias Rusterholz, le quatuor (privé de Kevin Widmer, blessé) se remet en piste pour écrire une nouvelle page qu’on espère resplendissante. Cette équipe revient pourtant de loin car elle était restée au-dessus des minimas lors de la Coupe d’Europe avec 3’04″46. En fait, elle doit sa sélection au chrono de Schelbert sur 400 m haies lors du meeting de Zurich.
Samedi 28 août, à passé 22:00, l’équipe suisse est opposée dans la troisième et dernière série à la Pologne, la Russie, la Slovénie, la Grèce, l’Afrique du Sud, la Jamaïque et… le Zimbabwe. Les deux premiers sont qualifiés pour la finale, plus les deux meilleurs chronos. Pour l’instant c’est la Grande-Bretagne (3’02″21) et le Japon (3’02″50) qui sont qualifiés au temps. On le voit, le coup semble jouable. Malheureusement la concurrence est également d’un excellent niveau dans cette ultime série. Les Suisses, remontés comme des coucous, jouent leur va-tout à fond. Laurent Clerc (Stade Genève) lance la course en 46″5 (départ arrêté), puis Mathias Rusterholz assure le coup avec un joli 45″2. Alain Rohr (ST Bern) joue son rôle de remplaçant devenu titulaire de très belle façon en 45″7 et Marcel Schelbert, en véritable moteur de l’équipe, conclut le périple helvétique en 45″0. Malgré un magnifique nouveau record suisse en 3’02″46, contre 3’02″91 l’an dernier à Budapest, le team helvétique est devancé par les Sud-Africains (3’00″77), les Polonais (3’00″86), les Jamaïcains (3’01″38) et les Russes (3’01″51). Classés au dixième rang de ce 4 x 400 m mondial, Laurent Clerc résume la déception de l’équipe : «Bien sûr, nous sommes déçus. D’autant que mon passage avec Mathias a été loin d’être excellent. Je pense même qu’il nous a coûté comme une demi-seconde. Mais nous avons prouvé, malgré tout, que ce relais tenait la route. L’aventure doit se poursuivre jusqu’aux Jeux Olympiques de Sydney. Et j’espère bien que mon pote Kevin Widmer sera cette fois-ci du voyage. Une place en finale passe cependant par une amélioration de nos performances individuelles car le niveau mondial ne cesse de s’élever. Or, cette année, à part bien sûr Marcel Schelbert, aucun des spécialiste du tour de piste n’a vraiment cassé la baraque».

La cheville d’Anita Weyermann a tenu bon, contrairement à ses nerfs…
En guise de bouquet final, on attend monts et merveilles de la part d’Anita Weyermann lors de la finale du 1500 m. Hélas la Bernoise est affaiblie par une blessure à la cheville droite, contractée lors des demi-finales de vendredi. Ce qui était apparenté sur le moment à une broutille, s’avère plus grave que prévu en vue d’une finale de championnats du monde. Anita a en effet une distorsion des ligaments avec épanchement de sang et micro-déchirure au niveau de la malléole. Sa cheville, légèrement enflée, fait l’objet des tous les soins possibles : application de glace et d’une compresse, surélévation de la jambe, physiothérapie, prise de médicaments anti-inflammatoires et surveillance de Fritz Weyermann pour que sa championne de fille ne bouge pas d’un œil… Dans ces cas-là, est-ce qu’Anita doit vraiment courir cette finale du 1500 m ? Après le léger footing de samedi matin, la radiographie a montré au médecin de l’équipe suisse que sa cheville pourrait tenir le choc, même sans infiltration.
Dimanche 29 août à 22:44, douze coureuses se trouvent sur la ligne de départ pour la finale du 1500 m des championnats du monde de Séville. Parmi elles la petite Suissesse Anita Weyermann qui espère bien jouer un nouveau tour à toute l’élite mondiale du demi-fond, ceci malgré sa cheville meurtrie. Souvent mal placée dans le peloton, la Bernoise tente de se faufiler par le deuxième couloir. Mais à chaque fois, l’Américaine Regina Jacobs accélère l’allure et le peloton se referme sur elle. Comme étrangère à la course, Anita s’est laissé piéger au moment où Svetlana Masterkova et Jacobs ont sonné la charge finale. Sans réelle réaction, la Suissesse est reléguée en queue de peloton et elle termine douzième de cette course tactique en 4’17″86. «J’étais très nerveuse depuis mon faux-pas et je n’avais tout simplement plus les forces nécessaires pour réagir lorsqu’il s’est agi de suivre le train des premières à 300 mètres de l’arrivée. J’ai vraiment mal couru. Je m’attendais à un tempo rapide, et ce fut le contraire. Enfermée à chaque fois que je me suis rabattue à la corde, j’ai dû me laisser couler pour revenir par l’extérieur. En vérité, j’aurais dû rester tranquille à la corde jusqu’au dernier tour… Je l’avoue, mes nerfs ont lâché. À bien y réfléchir, je n’aurais pas dû courir; j’en ai un peu marre», dit-elle en essuyant une petite larme. C’est sûr, elle n’aurait pas dû courir ! Même si, de cette finale manquée, un souvenir lui restera qu’elle n’est certainement pas près d’oublier : le geste spontané de Svetlana Masterkova, double championne olympique à Atlanta et vainqueur de cette finale en 3’59″53 devant Regina Jacobs et l’Éthiopienne Kutre Dulecha. Submergée de bonheur, la Russe de 31 ans n’oublie pas de compatir à la souffrance de la Bernoise, classée bonne dernière de ce 1500 m. Elle s’approche d’elle et lui dit : «Ne t’en fais pas, tu es jeune…», puis elle est allé lui chercher à boire ! «Je crois qu’elle m’aime bien», dira plus tard Weyermann. Sa cheville a tenu bon, mais c’est dans la tête qu’elle a perdu ses moyens, le fil d’une finale qu’elle avait imaginée tout autrement, qu’elle aurait aimé préparer d’autre façon. «Non, je n’ai pas songé à abandonner. Il fallait que j’aille jusqu’au bout». Cette belle mentalité devrait lui permettre de se relancer rapidement en vue des Jeux Olympiques de Sydney.

PAB

Résultats

Hommes
400 m : 34. Mathias Rusterholz (LC Zürich) 46″43 en séries
800 m : 19. André Bucher (LR Beromünster) 1’46″81 en séries et 1’48″07 en demi-finales
400 m haies : 3. Marcel Schelbert (LC Zürich) 48″13 (record suisse) / 48″66 en séries et 48″80 en
demi-finales
3000 m st. : 22. Christian Belz (ST Bern) 8’29″19 en séries
4 x 400 m : 10. Laurent Clerc (Stade Genève) / Mathias Rusterholz / Alain Rohr (ST Bern) / Marcel
Schelbert 3’02″46 (record suisse) en séries
Femmes
800 m : 24. Anita Brägger (LC Luzern) 2’01″89 en séries
1500 m : 12. Anita Weyermann (GG Bern) 4’17″86 / 4’04″88 en séries

 

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