Pendant ce temps-là, quelques athlètes féminines de notre pays se trouvent à Londres pour une compétition très importante pour elles : les IVe Jeux Athlétiques Internationaux Féminins. Bien isolées dans le monde de l’athlétisme helvétique, ces femmes doivent faire face à l’incompréhension et aux critiques. L’an dernier, il y avait eu une prise de position énergique contre l’activité sportive des femmes dans tout le domaine des exercices physiques. En réaction, l’association avait décidé de changer son nom en devenant à la fin de l’année 1923 la Fédération Féminine Athlétique Suisse (F.F.A.S.). Composée de sept clubs – cinq de Genève, un de Lausanne et un de Moudon -, la F.F.A.S. doit subir plus que jamais l’attitude négative à l’encontre de l’athlétisme féminin et son développement va longtemps s’en ressentir en Suisse. Mais la pire déception en cette fin d’année vient de l’étranger, lorsque le Comité International Olympique s’est une nouvelle fois opposé à la participation des femmes aux Jeux Olympiques de 1924 à Paris. Pour la F.F.A.S., il s’agit-là d’un véritable coup dur car les signaux avaient pourtant montré que leur participation aux Jeux de Paris était une chose décidée. Ainsi 1924 sera une année olympique… mais que pour les hommes ! Les femmes se débrouillent donc comme elle le peuvent. Après trois années successives, les Jeux Athlétiques Internationaux Féminins ne se déroulent pas comme d’habitude en début de saison à Monte-Carlo, mais bien en août et à Londres. Pour patienter, un grand meeting féminin a été mis sur pied à Paris. Un mois après les Jeux Olympiques de Paris et les exploits retentissants de Josef Imbach sur 400 m, de Paul Martin sur 800 m et de Willy Schärer sur 1500 m, les IVe Jeux Athlétiques Internationaux Féminins se tiennent le 4 août 1924 à Londres, avec la collaboration des journaux majeurs de l’époque : News Of The World, Sporting Life et Daily Mirror. À Stamford Bridge, devant l’affluence bluffante de 25000 spectateurs, la Suissesse la plus en vue est la Genevoise Louise Groslimond, la recordwoman du monde du lancer du javelot des deux mains avec un total de avec 48,64 m. À Londres elle remporte la médaille d’or avec un total de 47,65 m. Sa coéquipière Adrienne Kaenel s’illustre dans ce même concours en terminant troisième avec le total de 43,19 m. Cette dernière va encore améliorer en septembre à Genève deux records suisse : le 1000 m en 3’19″0 et le poids des deux mains avec un total de 15,45 m.
Les Suissesses aux Jeux Athlétiques Internationaux Féminins en 1924 à Londres
Malgré ces gros succès internationaux de 1924, le mouvement athlétique féminin en Suisse va doucement s’endormir, ceci uniquement par le fait que la tentative d’une association menée uniquement par des femmes et d’associations exclusivement faites par des femmes avait échoué de convaincre les principales instances, dirigées par des hommes !
Le dernier exploit helvétique féminin de ces Années folles sera à mettre au compte de Francesca Pianzola (absente à Londres) et qui lancera le 18 octobre 1925 à Lausanne son javelot plus loin que jamais en scellant le record du monde au total de 54,43 m (27,05 m avec la droite et 27,38 m avec la gauche). Francesca Pianzola, au palmarès encore plus impressionnant que celui de Louise Groslimond, doit être considérée comme étant LA pionnière de l’athlétisme féminin en Suisse. Plus tard, mariée à Bernard Guggenheim (le meilleur ami de Paul Martin au Cercle des Sports de Lausanne), elle deviendra la Présidente de l’athlétisme féminin en Suisse et c’est elle qui organisera les premiers championnats suisses féminins inofficiels, le 11 août 1929 à Lausanne.
PAB
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