ATHLE.ch VINTAGE | BIOGRAPHIE IRENE PUSTERLA / EPISODE 5 | Au début des années 2000, une jeune athlète Tessinoise de Mendrisio nommée Irene Pusterla (Società Atletica VIGOR Ligornetto) démontre des qualités de détente supérieures à la moyenne, au point de constater qu'elle se situe sur la même trajectoire que la grande Meta Antenen, une bonne trentaine d'années plus tôt. ATHLE.ch VINTAGE propose de revivre la carrière exceptionnelle d'Irene Pusterla, la reine du saut en longueur helvétique. Le cinquième des huit épisodes de cette biographie est consacré à la saison 2012 qui permet à Irene Pusterla vivre son rêve lors des Jeux Olympiques de Londres.

2012, année olympique. Voilà le ton de cette saison est donné d’entrée avec cet objectif suprême à atteindre pour le duo Irene Pusterla / Andrea Salvadé. Mais avant cela, le parcours de la native de Mendrisio passera également par un autre rendez-vous important : les championnats d’Europe à Helsinki. Il faudra rester focalisé sur chacun des événements, tout en osant prendre part à des compétitions de-ci de-là qui serviront à jauger l’état de forme à l’instant T. Un premier point de la situation s’effectue lors de la courte saison en salle. En effet, Irene ne saute qu’une fois à Macolin; son saut du 26 février à 6,51 m lui permet de tirer de bons enseignements et surtout de décider de participer aux championnats du monde en salle à Istanbul.

Disputés dans la superbe salle Ataköy Athletics Arena à Istanbul, les championnats du monde en salle vont révéler plusieurs paramètres pour le duo suisse, dont la concurrence qui est encore plus féroce que prévue et la pression qui intervient désormais avant chaque grand rendez-vous par rapport aux exigences de la limite de qualification. Fixée comme d’habitude à 6,75 m, cette ligne est à nouveau difficilement maîtrisée par l’ensemble des concurrentes, puisque seules deux sauteuses réussissent à la dépasser. Il s’agit de Janay DeLoach avec 6,90 m et de Shara Proctor avec 6,86 m. Six autres athlètes parviennent à gagner leur ticket pour la finale, dont Nastassia Mironchyk est la dernière à en bénéficier avec 6,62 m. Irene Pusterla doit à nouveau déchanter suite à deux premiers sauts où ses marques n’ont pas joué (5,58 m et 4,23 m) et un troisième essai mesuré à 6,45 m pour un douzième rang final. Ce 10 mars 2012 ne restera pas un jour majeur dans la carrière d’Irene Pusterla, c’est certain. Mais il a cependant le mérite d’exister et d’avoir révélé toutes les difficultés qui peuvent se produire pour atteindre une performance exigée. Cette expérience stambouliote ne sera finalement pas si vaine que cela !

Le meeting de Chiasso sauve un début de saison difficile
La Tessinoise retourne dans un cycle d’entraînement qui devrait lui permettre de connaître cet été deux pics de forme : le premier à la fin juin à l’occasion des championnats d’Europe à Helsinki et le second au début du mois d’août avec les Jeux Olympiques de Londres. Elle effectue sa rentrée le plus tard possible et ce n’est que le 27 mai qu’elle épingle pour la première fois un dossard sur son bustier, celui du meeting de Gavardo. Le vent souffle de manière soutenue ce jour-là en Lombardie et les performances en pâtissent. Irene réussit 6,43 m avec l’aide d’un vent de +2,6 m/s, mais seulement 6,17 m avec un vent de +1,8 m/s. Cette petite rentrée n’est pas très grave en soi car on pense bien qu’elle va pouvoir s’améliorer à Savone. Hélas en Ligurie, il n’en est rien puisqu’elle ne franchit que 6,35 m. Il faut attendre le sacro-saint meeting de Chiasso pour voir Irene Pusterla voler comme elle sait si bien le faire. Ce 20 juin dans le stade de la ville-frontière, elle décroche sa qualification olympique avec un magnifique bond à 6,66 m.

On le sait, la capitale finlandaise est une ville d’athlétisme car son public, certes chauvin, est en même temps fort connaisseur des choses de ce sport. Pour nous les Suisses, nous savons que sur ce même sautoir, il y a 41 ans, avait brillé notre première icône féminine : Meta Antenen. Lors d’un concours d’une dramaturgie tout à fait incroyable, le blonde Schaffhousoise avait conquis la plupart de nos compatriotes, au point d’en devenir la coqueluche. Irene Pusterla a bien sûr elle aussi de très nombreux fans derrière elle, des sponsors aussi (Raiffeisen en particulier), mais ce qui l’avantage par rapport à Meta, c’est qu’elle n’est pas la seule à se retrouver sous les feux de la rampe et c’est très bien comme ça. Le concours de qualification pour le saut en longueur des femmes de déroule le 27 juin à Helsinki. Le challenge est de franchir la ligne des 6,65 m, chose qui n’est réalisée que par trois athlètes avec 6,66 m : la Turque Karin Melis Mey (disqualifiée de cette compétition par la suite pour dopage), la Française Éloyse Lesueur et la Norvégienne Margrethe Renstrøm. Irene Pusterla ne débute pas de la meilleure des façons avec 6,02 m au premier essai. Elle se ressaisit quelque peu à sa deuxième tentative avec 6,34 m, mais il faut attendre son ultime saut pour qu’elle entérine sa qualification avec 6,44 m. Le job est fait, mais on espère voir plus réussite pour la Tessinoise car elle a une très belle carte à jouer. Le 28 juin, la Marseillaise résonne en l’honneur d’Éloyse Lesueur qui remporte le titre européen avec un très bon 6,81 m. Derrière, la Biélorusse Volha Sudarava s’empare de la médaille d’argent avec 6,74 m et la Norvégienne Margrethe Renstrøm empoche le bronze avec 6,67 m. Irene Pusterla se retrouve tout près, à quatorze centimètres du podium avec 6,53 m. Tout débute bien avec ce bond mesuré à 6,53 m qui la place en quatrième position après la première série d’essais. Son deuxième saut, excellent également, retombe à 6,50 m, alors que sa troisième tentative est manquée (4,96 m). C’est à ce moment-là qu’elle se fait passer, d’abord par la Lettone Ineta Radēviča avec 6,55 m, puis par l’Allemande Sosthene Taroum Moguenara avec 6,57 m. Les trois derniers sauts d’Irene (6,32 m / 6,40 m / 6,25 m) ne changeront plus rien au classement. Cette belle sixième place représente son meilleur résultat en compétition continentale, à égalité avec les championnats d’Europe U20 à Hengelo en 2007.
Sans transition, après quelques jours de récupération, il faut désormais peaufiner ce qui doit l’être encore avant la prochaine échéance, la plus belle de toutes : les Jeux Olympiques.

Ça y est enfin, les Jeux Olympiques sont une réalité pour le duo Irene Pusterla / Andrea Salvadè. À l’époque de Pékin en 2008, ses 6,32 m étaient encore bien loin du niveau mondial. Mais lorsqu’on l’avait retrouvée en juillet 2010 à Lugano en train de déloger Meta Antenen avec nouveau record suisse à 6,76 m, c’est exactement à ce moment-là qu’on avait compris que la Tessinoise avait tout à fait l’étoffe pour jouer les héroïnes olympiques. L’année suivante, ses records de Paris en salle (6,71 m), puis ceux de Chiasso l’été venu (6,77 m et 6,81 m en juin, puis 6,84 m en août) l’avaient placée dans la catégorie des outsiders à surveiller avec sa quinzième place mondiale. Voilà donc l’athlète de Mendrisio plongée dans le plus grand bain qui soit : celui des Jeux Olympiques. Mais comme souvent entre les rêves et la réalité, il y a un écart important. Ce mardi 7 août, sur les coups de 19:00, les qualifications du saut en longueur des femmes débutent au stade Olympique de Londres. Le climat est frais (16°C), la pluie tombe et le vent balaye le stade, mais heureusement dans le dos des athlètes. Les 6,70 m exigés pour entrer directement en finale ressemblent pourtant à une mission quasiment impossible dans ces conditions. Exactement comme aux Mondiaux en salle à Istanbul cet hiver, la Britannique Shara Proctor et l’Américaine Janay DeLoach réalisent les meilleurs sauts avec 6,83 m et 6,81 m. La Russe Yelena Sokolova surprend avec ses 6,71 m, tandis que la favorite Américaine Brittney Reese s’en sort chichement avec 6,57 m, tout comme la championne d’Europe Française Éloyse Lesueur avec 6,48 m. La dernière qualifiée pour la finale, la Biélorusse Veronika Shutkova, réussit un saut à 6,40 m. Irene Pusterla (photo : Getty Images | Droits achetés) concourt dans le groupe B, mais cela n’a pas d’incidence particulière. Lorsqu’elle enlève son survêtement on ne peut s’empêcher de voir deux énormes straps bleus posés sur son quadriceps droit et qui remontent jusqu’au niveau de sa hanche. On espère qu’il n’y a rien de grave et qu’elle pourra tout donner dans son premier saut. Malgré un vent favorable de +2,1 m/s, son essai n’est mesuré qu’à 6,20 m. Sa deuxième tentative n’est pas meilleure avec 6,14 m par vent légal et son troisième saut est complètement manqué avec 4,88 m. Hélas, trois fois hélas, la Tessinoise ne se classe que 25ème sur 30 participantes, bien loin de son meilleur niveau. Elle rate là une formidable occasion de franchir le cap car les 6,40 m de Shutkova semblaient à sa portée. Loin de la consoler, elle pourra quelques temps plus tard avancer de quatre places dans ce classement olympique, suite aux contrôles positifs de la Turque Karin Mey Melis (6,80 m), de la Lettone Ineta Radēviča (6,68 m), de la Biélorusse Nastassia Mironchyk (6,66 m) et de la Russe Anna Nazarova (6,62 m). Cool & Clean, Irene Pusterla n’en a certainement cure de tout cela, même s’il semblerait qu’elle se soit fait voler quelque chose à Barcelone en 2010 par Mironchyk. On ne refait jamais l’Histoire, mais par contre on peut toujours l’éclairer à la lueur des nouveaux éléments dévoilés ultérieurement. Et là, c’est vraiment dommage, il y a eu à ce moment-là de grosses zones d’ombres.
Le retour en Suisse permet de concourir pendant un mois au cours duquel elle saute 6,48 m le 25 août à Chiasso, puis 6,50 m lors de la finale de la Diamond League le 29 août à Zurich. Sa saison 2012 prend fin comme l’an dernier avec les championnats tessinois à Lugano où elle saute 6,30 m en longueur et 12,38 m au triple saut.

PAB

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