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Dans le berceau de l’athlétisme qu’est la Grèce antique, notre sport symbolise la quête d’excellence. L’athlète (athlos) se distingue du commun des mortels en ce qu’il lutte, combat pour réaliser au mieux ses possibilités, pour faire jouer ses forces au plus haut niveau. Lutte et combat avant tout contre ses propres difficultés et faiblesses, en même temps avec et contre les autres. Dans l’optique de dépasser ses adversaires, bien sûr, mais en apprenant d’abord à se surpasser soi-même : à repousser ses limites pour s’envoler toujours plus haut, aller toujours plus vite et devenir toujours plus fort, plus ouvert, plus sensible, plus précis, plus divin.
Lutte vers l’excellence – et non vers la perfection
Ce que nous apprennent les Grecs, c’est que la vie est une lutte, un combat vers l’excellence – et non vers la perfection. La nuance est capitale : il s’agit chez eux d’exceller, de briller, d’évoluer à son plus haut niveau, à partir de ses profondeurs cachées ; alors que nous sommes, nous, pris dans un système qui nous pousse à aller toujours plus loin et nous amène à réaliser des buts abstraits, à courir après une perfection détachée de tout sol.
Si on s’engage à fond, qu’on soit sportif, cuisinier, maçon, papa, maman, la question est finalement peut-être celle-ci : quel genre d’athlète faut-il être ? Un athlète de la vie, en quête de maîtrise, d’excellence, d’équilibre, d’harmonie ? Ou un athlète du système, prisonnier d’idées, de volonté, de perfection, de succès toujours plus grands ?
Benoît Violier était un immense cuisinier : un athlète d’exception, plus doué, plus travailleur et plus perfectionniste que nul autre. Mais à force de vouloir la perfection, tout ça a soudain été trop pour lui : il s’est retrouvé dans une impasse, dans le vide qui gronde sous les planches. Au point de ne plus supporter la vie.
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