Dopage | Le sport mondial en crise COMMENTAIRE | Après la Fédération internationale de Football (FIFA), c’est au tour de notre Fédération internationale (IAAF) de se trouver plongée dans une crise sans précédent. Le Sénégalais Lamine Diack, Président sortant de l’IAAF, et la Fédération russe d’athlétisme sont dans le collimateur. En poste jusqu’en août dernier, Diack a été mis en examen par la justice française pour corruption passive et blanchiment. Il aurait reçu des sommes d’argent considérables pour couvrir des pratiques de dopage systématique. Dans son rapport publié hier à Genève, l’Agence mondiale anti-dopage (AMA) a dévoilé une corruption généralisée autour du dopage en Russie.

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Photo : Flotrack.org

Dans son essai publié le 8 octobre dernier dans la Neue Zürcher Zeitung sous le titre « Le sport mondial doit se soumettre », l’historien Walter Aeschimann exposait combien les structures sportives mondiales sont grevées d’erreurs ; et combien le système sportif en général est décadent. Pour en appeler à un renouvellement en profondeur. Les lignes ci-dessous vous en proposent une lecture pensante.

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Au sein du système sportif mondialisé, les idées et valeurs traditionnelles, les concepts d’éthique et de morale sportives – le fair-play, la santé, l’exemplarité, l’esprit de famille, la paix, le plaisir – sont devenues des formules creuses. Seuls la performance, la victoire et le gain comptent.

Au fil des décennies, les sportifs et spectateurs se sont vus toujours davantage entourés par d’autres acteurs : scientifiques, médecins, politiques, industriels, économistes, publicistes et autres représentants des médias ont désormais une part belle dans le monde du sport. Tous participent d’un même système – de dupes – qui cherche à maximiser les possibilités, les victoires, le succès et par suite le remplissage des caisses.

Pour ne prendre que l’exemple des journalistes : chouchoutés qu’ils sont comme prestataires de service et assistants de promotion, s’ils deviennent soudain critiques lors de scandales – telles les affaires de dopage, de malversations, de fraude, etc. –, ils ne prennent guère le risque d’interroger le système sportif lui-même.

Si personne ne s’attelle à en repenser les structures, c’est, selon Aechimann, que les idées et valeurs de base du sport unissent aveuglément le monde entier : parce que le sport est une « idéologie mondiale » rendue extrêmement puissante par son succès chronique : « Le sport est l’idée la plus populaire des cent dernières années ».

Aeschimann en appelle à la création de commissions d’éthiques externes et à une soumission des instances sportives à des systèmes de droit public. Le fait que la justice française s’en prenne à Diack et ses acolytes et qu’une commission indépendante de l’AMA dévoile une corruption généralisée en Russie autour du dopage laisse espérer une réflexion en profondeur, sur l’essence même du sport.
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