Après une saison 2016 très exigeante sur le plan émotionnel, Nicole Büchler rempile à 33 ans pour une nouvelle saison, avec en plus de gros objectifs. Elle balaye également sans soucis les quolibets des gens qui lui ont suggéré récemment de mettre un terme à sa carrière après sa magnifique prestation des Jeux Olympiques de Rio : «Le saut à la perche est et reste ma grande passion. Pourquoi devrais-je arrêter de faire quelque chose que j’aime tant faire ?», demande-t-elle avec une rhétorique implacable. On la comprend aisément car il faut expliquer que quand tous les signaux sont au vert dans ce sport, il faut en profiter au maximum.
Le World Indoor Tour 2017
Si la compétition majeure de la saison 2017 en salle seront les championnats d’Europe indoor à Belgrade, Nicole Büchler désire d’abord focaliser son attention sur l’I.A.A.F. World Indoor Tour. Cette série de meetings en salle comprend cinq étapes à Boston, Düsseldorf, Karlsruhe, Torun et Birmingham. Un classement général par discipline est établi, où des points sont alloués aux quatre premiers : 10 pts au 1er, 7 pts au 2ème, 5 pts au 3ème et 3 pts au 4ème. Il faut avoir participé au moins deux fois et seuls les trois meilleurs résultats sont retenus. Au final, chaque vainqueur de discipline remporte la coquette somme de 20’000 $ et reçoit une wild card pour les championnats du monde en salle suivants. Nicole Büchler a choisi Düsseldorf, Torun et Birmingham, où elle voudra marquer un maximum de points, ceci dans le but de décrocher la timbale en faisant sauter la banque de l’I.A.A.F. !
La première étape se déroule le 1er février à Düsseldorf avec une victoire de Sandi Morris et une deuxième place pour Nicole Büchler avec 4,52 m. Après les épreuves de Boston et de Düsseldorf, on retrouve le duo Katerina Stefanidi et Sandi Morris en tête avec 10 points et une autre doublette composée d’Alysha Newman et Nicole Büchler avec 7 points. Trois jours plus tard, la Seelandaise a préféré sauter à Clermont-Ferrand plutôt qu’à Karlsruhe. Elle termine troisième du All Star Perche avec un joli saut à 4,61 m. Elle retrouve le circuit du World Indoor Tour le 10 février à Torun. La Copernicus Cup s’avère être une bonne affaire pour Büchler qui s’impose avec 4,60 m et avec les dix points de la victoire, elle prend la tête du classement général provisoire après quatre étapes avec 17 points, devant Mary Saxer avec 12 points et le quatuor formé de Katerina Stefanidi, Sandi Morris, Lisa Ryzih et Minna Nikkanen avec 10 points. Quatre de ces cinq athlètes se retrouvent le 18 février à Birmingham pour une véritable finale. À priori, il ne peut pas arriver grand-chose de mal à Nicole Büchler. Il suffit de sauter comme d’habitude pour que la victoire finale soit sienne. C’est Stefanidi qui gagne ce concours avec 4,63 m devant Büchler et Saxer avec 4,53 m et Nikkanen avec 4,43 m. Au classement général final, Nicole Büchler l’emporte avec 24 points devant Katerina Stefanidi avec 20 points et Mary Saxer avec 17 points. L’objectif de la Suissesse est donc atteint, bravo à elle !
Le lendemain de cette belle consécration, Nicole aurait dû participer aux championnats suisses en salle à Macolin. Hélas son ancienne blessure à la cuisse gauche s’est à nouveau fait ressentir à la suite du meeting de Birmingham et elle a sagement renoncé, laissant ainsi le titre national à la prometteuse Angelica Moser. Pire, quelques jours plus tard, Nicole Büchler doit faire face à de grosses douleurs lombaires qui seraient une sorte d’hernie discale et qui s’étendent ensuite vers la hanche. Elle doit inexorablement faire l’impasse sur les championnats d’Europe en salle à Belgrade et surtout elle doit observer une longue période de repos.
Retour en juin avec la Diamond League
On retrouve trois mois plus tard Nicole Büchler à Winterthour à l’occasion de la finale des championnats suisses interclubs. Est-ce que ses blessures ont toutes été soignées correctement ? Connaissant le sérieux de l’athlète et de son entourage, si elle saute à la perche en ce 13 mai, c’est que tout est OK. Certainement en retard dans sa préparation, elle franchit 4,30 m sans forcer outre mesure. Les choses importantes débutent vraiment le 31 mai à Athènes avec un meeting international qui lui permet de se rassurer un peu avec un saut à 4,60 m. Son programme en ce tout début d’été est fort raisonnable avec une sortie tous les dix jours environ, ce qui permet une très bonne récupération des efforts. Cette série de compétitions débute par deux meetings de la Diamond League, d’abord le 8 juin à Rome avec un petit raté à 4,40 m, mais le 18 juin ensuite avec une très belle réussite à Stockholm, où Nicole Büchler remporte la toute première victoire d’une Suissesse lors de cette compétition, avec de surcroît un très encourageant 4,65 m. Elle signe une autre victoire avec 4,55 m le 24 juin lors des championnats d’Europe Team 1st League à Vaasa, puis elle retrouve le 4 juillet un sautoir helvétique qui lui convient en général fort bien : celui du Kleinholz à Olten. Lors de ce meeting du soir, elle réussit un remarquable saut à 4,70 m. Une troisième participation en Diamond League se déroule le 9 juillet à Londres. Sur le sautoir qui accueillera dans un mois les championnats du monde, la Seelandaise se surpasse une fois de plus pour terminer deuxième en réussissant sa meilleure performance de la saison avec 4,73 m. Il s’agit à ce moment de la saison de la 8ème performance mondiale de l’année. Son retour en Suisse passe deux jours plus tard par le meeting Spitzenleichtathletik à Lucerne où elle réussit 4,40 m. C’était la dernière compétition de la Seelandaise avant les championnats du monde. Elle va pouvoir peaufiner les derniers détails durant les trois prochaines semaines, notamment au niveau de sa course d’élan.
Les championnats du monde 2017 à Londres
Le 4 août, Nicole Büchler se retrouve pour la cinquième fois d’affilée sur un sautoir à la perche des championnats du monde. Après Berlin, Daegu, Moscou et Pékin, il serait bien que la Suissesse puisse franchir cette fois-ci à Londres le stade des qualifications. Mais comme lors les quatre précédentes éditions, les règles du jeu sont toujours très compliquées avec cette barre qualificative placée à 4,60 m. Nicole Büchler démarre son concours à 4,50 m et manque ses deux tentatives. On croit vivre un cauchemar tant ce scénario paraît improbable. Heureusement la Seelandaise se reprend magnifiquement au troisième essai, une hauteur également franchie par sa camarade Angelica Moser. À la barre suivante, quatre concurrentes passent d’entrée les 4,55 m, puis trois autres dont Büchler le font à leur deuxième tentative. Finalement c’est Katarina Stefanidi qui remporte ces qualifications en étant la seule à franchir les 4,60 m. Nicole Büchler termine 7ème avec ses 4,55 m, alors que la dernière qualifiée est Eliza McCartney avec 4,50 m, notamment aux dépends d’Angelica Moser qui se retrouve première non-qualifiée avec ses 4,50 m réussis au troisième essai. Pour Büchler, la tâche a été plus facile que prévu, même s’il a fallu sortir un grand saut lors du troisième essai à 4,50 m. Elle doit maintenant se concentrer sur ce qui sera sa toute première finale mondiale en plein air.
Deux jours plus tard, le 6 août, la finale du saut à la perche débute à 19:00. Au vu des forces en présence, à part Katarina Stefanidi qui est la grande favorite et Sandi Morris qui est une formidable compétitrice, le paysage semble très ouvert pour l’accession à la troisième marche du podium. Contrairement à ce qui s’est passé 48 heures plus tôt, Nicole Büchler franchit d’entrée sa première barre à 4,45 m. Ce bon point reste hélas le dernier à signaler pour elle dans cette finale mondiale car à 4,55 m la Suissesse n’y est pas du tout. Elle peine à trouver ses marques, principalement à cause de douleurs à la hanche. Elle manque ses trois tentatives et elle se retrouve éliminée au 11ème rang. Cette terrible désillusion s’accroît lorsqu’elle constate que la médaille d’argent de Sandi Morris s’est vendue à 4,75 m et que la médaille de bronze est revenue à la jeune Vénézuélienne Robeilys Peinado avec 4,65 m. En zone mixte, elle revient sur sa finale ratée : «Hélas cela ne s’est pas bien passé aujourd’hui. J’avais encore un bon feeling quand je suis entrée dans le stade, mais ensuite il ne s’est pas passé grand-chose. Je me sentais faible, sans aucune force dans mes jambes et je ne savais même pas quoi faire. Je n’ai probablement pas bien récupéré après les qualifications. La fièvre après mon arrivée à Londres a également laissé des traces. Si vous voulez remporter une médaille lors des championnats du monde, vous devez être en parfaite santé; or je ne l’étais pas».
Après quelques jours de break pour digérer l’issue décevante de ces championnats du monde, Nicole Büchler réussit un retour satisfaisant lors du concours du meeting Weltklasse qui se déroule devant 4000 spectateurs dans le hall de la gare de Zurich. Elle termine quatrième avec 4,62 m et ce résultat la motive pour sa dernière compétition de la saison, à savoir la finale de la Diamond League qui se déroule le 1er septembre à Bruxelles. Le règlement de cette finale est un peu absurde : tous les points accumulés lors de la saison sont annulés et seul le résultat de ce concours donne le classement finale de la Diamond League ! Il s’agit en fait d’une revanche des championnats du monde de Londres et à ce jeu plutôt bizarre, la Seelandaise s’en sort très bien avec un saut à 4,65 m lui donnant la cinquième place finale et quelques précieux dollars au passage.
Aucune compétition en 2018
La carrière de Nicole Büchler se caractérise par des hauts et des bas au niveau de sa santé. En janvier 2018, c’est le fond qu’elle touche à nouveau puisqu’elle doit renoncer à la saison en salle, ses douleurs à la hanche ayant persisté durant tout l’automne : «Je ne peux pas aller à la limite, je ne peux pas atteindre la vitesse nécessaire, donc ça n’a pas de sens. Depuis la saison dernière je me suis entraînée avec des analgésiques. Comme il faudrait en prendre toujours plus pour éviter la douleur, je pense que ce n’est pas sain du tout. Autant arrêter et soigner complètement ces blessures».
Le 1er mai, une heureuse nouvelle est dévoilée : Nicole Büchler et son mari Mitch Greeley seront parents pour la première fois en octobre ! La Biennoise de 34 ans est radieuse : «Fonder une famille a toujours été dans mon esprit, mais c’est juste un peu difficile à planifier. Après ma grossesse, je prévois de revenir en compétition. Cela dépendra aussi de savoir si je peux maîtriser mes problèmes de hanche. Pour le moment, je n’ai aucune douleur; curieusement, c’est depuis que je suis enceinte… Le destin en a probablement décidé ainsi ! Le sport reste ma passion. Je verrai et sentirai quand je devrai faire demi-tour. La prochaine étape sera certainement comme un bonus pour moi. Mais avant tout, être mère a la priorité. Peut-être que l’enfant bouleversera vraiment ma vie. Mais j’ai aussi hâte d’y être, je le voulais ainsi». Flynn Greeley est né le 15 octobre 2018 et il fait la fierté de ses parents.
PAB
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