Doha en Uber avec… Yassine : « Bienvenue au Qatar ! » CHRONIQUE DU VISIBLE ET DU CACHÉ 1 | Le Qatar est un petit émirat situé sur une péninsule du Golfe Persique, au Nord de l’Arabie saoudite, loin de nos prairies, de nos lacs et de nos montagnes. Au bord de la mer (température 32°), en plein désert, à la fois horizontal (avec du sable partout) et vertical (avec du béton et des gratte-ciels). Les Mondiaux de Doha sont l’occasion pour ATHLE.ch de visiter sa capitale. Entre l’aéroport, les hôtels et le stade Khalifa climatisés, de sympathiques chauffeurs Uber nous racontent un peu. Yassine est notre première rencontre.

Yassine est Tunisien. Une trentaine d’années. Sympa comme tout. Chauffeur de Skoda Rapid ; avec un long numéro de plaque, qui se termine par 372 (marque et chiffres indispensables pour se trouver). Il est minuit et quelques, notre avion vient d’atterrir, nous venons de longer de somptueux couloirs, de passer à la douane, de récupérer nos valises et… de sortir à l’air libre. Même que c’est beaucoup dire : la chaleur et l’humidité sont terribles, plus étouffantes encore que ce qu’on nous racontait. Et hop, on s’introduit dans la Skoda climatisée de Yassine. « Bienvenue au Qatar ! » Et nous voilà en train de papoter, en français, en toute naïveté.

Qui sont les hommes de grand calme et de grande dignité habillés tout en blanc ?
« Ce sont les Qatariens ! » Yassine est tout content de nous expliquer ce qui, ici, est une évidence. « C’est simple : au Qatar, il y a, d’un côté, les Qatariens, en longues chemises blanches, avec diverses coiffes et bandelettes en guise de marques d’importance, de l’autre les Qataris, habillés comme vous et moi. Les premiers sont les autochtones, les gens d’ici. Ils sont quelque 300’000, riches, très riches, souvent monstrueusement riches. Les seconds sont les étrangers, les travailleurs, comme vous et moi : les Arabes et les Occidentaux, bien vus ; et la main d’œuvre indienne, iranienne, pakistanaise, irakienne, népalaise, Bengalis et autres Africains déconsidérée. Ils sont dix fois plus nombreux : 2,7 millions, venus au Qatar comme moi pour gagner de l’argent, avant de repartir. Moi, ça ne fait pas longtemps que je suis là : 9 ans. Je reste encore quelques années, puis je pars retrouver ma famille en Tunisie. »

On gagne bien sa vie, au Qatar ?
« Oui, infiniment mieux qu’en Tunisie ! » Et le service de santé est incroyable : l’assurance maladie et accident coûte 100 Riyals (CHF 30.- ndlr.) par année et on s’occupe extrêmement bien de vous. Les Qatariens sont des hommes riches et bons. Ils arrivent à faire qu’il n’y ait pas de voleurs, pas de violence. » Les Qatariens travaillent eux aussi ? « Certains, oui – mais ils gagnent beaucoup plus d’argent que nous. A travail égal, ils gagnent quelque chose comme 8 fois ( !) plus. Ils se serrent les coudes, les Qatariens, vous savez, du haut au bas de l’échelle sociale. Le gaz ! Le gaz et le pétrole peut faire le bonheur de tous, mais d’abord des Qatariens ! Ce sont ce qu’on pourrait appeler des capitalistes… communistes. Entre eux.

Une énorme Land Rover passe à côté de nous. « Regardez, une Land Rover Defender : c’est leur voiture préférée ! Regardez le numéro de plaque, deux chiffres : c’est un membre de la famille de l’Emir ! Plus on est important, ici, plus on a une grosse voiture – et un petit numéro de plaque. Ils aiment aussi les Lexus, les Mercedes, les Lamborghini, les Ferrari, toutes les voitures qu’on ne peut pas se payer. Ils en ont beaucoup. Jusqu’à sept par personne. Le gaz, je vous dis. Le même gaz qui leur fait construire des palais, des hôtels, des gratte-ciels, des centres sportifs. Bienvenue au Qatar ! »

 

 

Commentaires

commentaires

Auteur

Autres articles en lien avec ce sujet

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Top