Morat-Fribourg | 85e célébration de la victoire des Confédérés sur Charles le Téméraire HISTOIRE | Ce samedi se joue dans les hauts de la vieille ville de Fribourg le Mini-Morat-Fribourg : l’amuse-bouche enfants de la grande classique nationale qui commémore dimanche pour la 85e fois la victoire, en 1476, des Confédérés sur le Duc de Bourgogne. Rappel historique de ce qui s’est passé il y a 542 ans et pourquoi le vainqueur reçoit chaque année un rameau de tilleul.

Morat-Fribourg n’est pas une course comme les autres. On n’y participe pas seulement pour le plaisir, mais aussi pour la mémoire. L’épreuve longue de 17,17 km commémore en effet la victoire des Confédérés sur le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, l’amorce de la naissance du canton de Fribourg et une importante consolidation de l’esprit national.

Guerre des Helvètes contre le duc de Bourgogne
On est en 1474. Encouragés et financés par le roi de France Louis XI, les membres de la Confédération suisse déclarent le 25 octobre la guerre au duc de Bourgogne. Une année plus tard, le 15 octobre 1475, nouvelle déclaration de guerre à son allié Jacques de Savoie, comte de Romont et baron de Vaud. Les Confédérés se mettent à envahir le pays de Vaud : les villes de Grandson, Orbe, Blamont, Morat, Estavayer, Yverdon tombent les unes après les autres.

Blessé dans son amour-propre, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire décide alors de mettre fin à cette avancée et même plus d’en finir avec les Confédérés. En janvier 1476, il part en guerre contre eux. Mais il sous-estime la valeur guerrière et la bonne organisation des Suisses et les conséquences des retards dans les paiements sur l’humeur de ses mercenaires, notamment italiens.

Défaite de Grandson, marche sur Morat
Le 19 février 1476, Charles le Téméraire met le siège de la petite ville de Grandson. Berne s’organise pour venir renforcer les Confédérés et battre finalement à plate couture le duc le 2 mars de la même année. La défaite est humiliante : les troupes bourguignonnes sont contraintes de fuir. Pour se venger, Charles le Téméraire se retire sur Lausanne, où il constitue une grande armée, forte de 15’000 à 30’000 hommes selon les sources. Vers la fin du mois de mai, il se met en route pour Berne. Après quelques jours de marche, il arrive au pied de la ville de Morat, défendue par une garnison de quelque 1500 Bernois et Fribourgeois, commandés par Adrien 1er von Bubenberg.

Le siège, l’assaut, le combat
Le duc dispose ses troupes tout autour de Morat. Le siège est sévère : le gros de son armée est placé en plaine, ses alliés savoyards de Jacques de Savoie pressent depuis le Nord, côté forêt. Le 18 juin, suite à d’intenses préparations d’artillerie qui font une brèche dans les remparts, le duc lance ses troupes à l’assaut. Mais les vaillants hommes de la garnison de la ville se défendent avec acharnement – et succès. Après plus de 8 heures de combats, l’ennemi est finalement repoussé.

La bataille de Morat
Plus loin, de l’autre côté de la Sarine, les Confédérés se sont rassemblés pour venir en aide à la ville assiégée. Après quelques jours, alors que la Diète [con]fédérale a convaincu jusqu’aux troupes zurichoises de rejoindre le contingent des Confédérés, les Helvètes attaquent le Téméraire au meilleur des moments, alors que ce dernier venait de faire un exercice d’alerte générale. A peine descendus de cheval, ses cavaliers sont pris par surprise. La guerre fait rage. Les canons du duc fauchent des centaines d’hommes. Mais l’Argovien Hans von Hallwyl et ses fantassins bernois et fribourgeois parviennent à pénétrer dans le camp et à détruire l’artillerie.

Progressivement, les Confédérés prennent le dessus. Les rangs bourguignons sont cernés. Pris de panique, ceux-ci fuient et sont massacrés de toute part. Nombreux sont ceux qui cherchent à se sauver côté lac et s’y noient. En tout, plus de 10’000 hommes perdent la vie.

Un messager court de Morat à Fribourg pour annoncer la victoire
Pour annonce la victoire, un messager est dépêché à Fribourg, un rameau de tilleul à la main. Arrivé à Fribourg, il crie par trois fois « victoire, victoire, victoire ! », avant de s’effondrer raide mort sur les pavés. Un tilleul aurait alors poussé, exactement là où, en 1933, on a placé la ligne d’arrivée de la nouvelle course commémorative Morat-Fribourg. Depuis 1977, pour des raisons logistiques d’organisation, les coureurs grimpent jusqu’au sommet de la vieille ville, sur la Place Georges-Python.

Comme après la victoire de Marathon
La légende fait mystérieusement écho à une autre, qui a eu lieu en 490 av. J.-C., en Grèce. On est en pleine première guerre médique. Les Grecs viennent de battre les Perses sur la plage de Marathon. Un messager, Philippidès, est dépêché pour annoncer, au pas de course, quelque 40 km plus loin, la bonne nouvelle à Athènes. Comme le messager fribourgeois, il meurt d’épuisement juste après avoir délivré son message.

Tilleul symbolique
Dans le cadre de Morat-Fribourg, le tilleul est aujourd’hui encore le symbole de la victoire des Confédérés, de la naissance du canton de Fribourg et la consolidation de l’esprit national. Raison pour laquelle, année après année, le vainqueur de Morat-Fribourg reçoit, juste avant l’arrivée, une branche de tilleul au haut de la Route des Alpes, quelque 100 m avant la ligne d’arrivée.

Nous, on parie que cette année, ce sont Tadesse Abraham et Maude Mathys qui la recevront.

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