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Athlètes et accompagnants sont unanimes : la Serbie n’est pas chère. Chaque chose achetée provoque une belle satisfaction, tant les dinars (monnaie serbe) sont faibles et se comptent par milliers. 1000 dinars équivalent à 10 francs suisses : assez pour un souper à trois. L’abonnement pour « Belgrade2017 » vaut une bière à « Zürich 2014 » (consigne comprise).
Un paradis ou presque
Bref : un paradis. A condition de ne pas lever les yeux. Sur l’alignement d’immenses bâtiments, tous pareils, inquiétants, étouffants, sur les immeubles inachevés, délabrés ou criblés de balles qui côtoient les hôtels mondialisés et rappellent l’histoire aussi récente que tragique du peuple serbe.
A 100 m de l’Arène bétonnée des Championnats, une autoroute, puis une rue remplie de voitures. A gauche, un marché traditionnel, tout calme : petites ruelles serrées, toits de fortune, boutiques et épiceries minuscules, échoppes diverses, présentoirs de victuailles de toutes sortes, fruits, légumes, viande, pain, café, et autres burek et cevapchini. A droite une série de cubes de verre et de béton : deux étages de magasins discount, vêtements de sport, chaussures, toys, cosmétiques de grandes marques internationales. Tout près et en même temps infiniment loin des joutes continentales d’athlétisme.
En ville, quelques affiches des compétitions. Comme la façade de la Kombank Arena, elles sont flanquées des douze athlètes serbes qualifiés pour les joutes, Ivana Spanovic en tête : femme fatale, favorite pour le titre de la longueur (7,03 m en qualifs). Une fois les portes rouillées franchies, à l’intérieur, bye bye la Serbie, fini les contrastes : bienvenue dans le monde du sport international.
Dedans, fini les contrastes
Mise en scène « European Athletics », écrans géants et haut-parleurs suspendus aux quatre coins de la salle. Fiers d’être là, de porter les couleurs de leur pays, de l’équipementier et du sponsor de leur fédération, les athlètes sont focalisés sur la chose la plus importante du monde : faire bonne figure, passer les tours, décrocher des médailles, remporter des titres. Seuls, livrés à eux-mêmes, une fois dans la salle ; chouchoutés avant et après leur compétition par quantité d’entraîneurs, médecins, physios et autres journalistes tous meilleurs les uns que les autres. On en oublierait presque que la vie n’est pas seulement ça, pas seulement là.
Bonne fin de championnats, vive l’athlétisme – et les nuances de la vie !
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