1. Bolt de retour aux affaires
9″87 face à un vent contraire de 1,2 m/s, sous la pluie et dans des conditions fraîches. Voilà longtemps qu’on n’avait plus vu Usain Bolt à un tel niveau. Après s’être décommandé lors des derniers meetings et de ses championnats nationaux, il a réussi son retour vendredi soir en Diamond League à Londres, montrant qu’il était sur la bonne voie pour challenger l’actuel intouchable multiple repenti Justin Gatlin d’ici un mois aux Mondiaux de Pékin. Dans une interview relayée par SRF, il fanfaronne : « Mon entraîneur trouve toujours un chemin pour me préparer pour les championnats ». Malgré l’incomparable foulée du Jamaïquain, on ne peut s’empêcher de se demander quels chemins son entraîneur emprunte pour mener vers les sommets le seul athlète de tous les temps à pouvoir faire oublier tous les autres dans un stade…
2. Record du monde : Dibaba dans une autre dimension
Vendredi 17 juillet à Monaco, l’Ethiopienne de 24 ans Genzebe Dibaba a réussi la performance la plus invraisemblable de ces dernières années, abaissant l’impossible record du monde féminin du 1500 m à… 3’50″07 [ancien 3’50″46]. Ci-dessous quelques faits permettant de mettre en perspective ce chrono qui vient effacer des tabelles un des records les plus problématiques de notre sport :
- Avant la course monégasque de Dibaba, qui avait déjà couru en 3’54 une semaine plus tôt à Barcelone, le meilleur temps de ces dix dernières années sur 1500 m féminin était de 3’55″68 (la Russe Yuliya Chizhenko en 2006).
- Deuxième de la course, la jeune Néerlandaise d’origine africaine Sifan Hassan (22 ans) a réussi la deuxième meilleure performance mondiale de l’année, intégré le top 20 mondial de tous les temps, en concédant un monde à Dibaba : plus de… 6 secondes !
- Avant Dibaba, seules quatre athlètes ont couru en moins de 3’52 : quatre Chinoises, entre 1993 et 1997, entraînées par le sulfureux gourou Ma Junren, grand adepte de méthodes inédites, dont le sang de tortue. On s’en souvient : la domination de son groupe d’entraînement, surnommé « Ma’s army », était alors telle que tout le monde s’accordait à dire que ces chronos n’avaient pas été réalisés légalement et étaient par suite inapprochables.
- Après avoir annoncé haut et fort qu’elle battrait le record du monde et avoir été mal emmenée par ses lièvres en début de course, Dibaba a bouclé sa démonstration avec un dernier 800 m en… 2’01″7. Une performance qui, à elle seule, aurait représenté le huitième meilleur chrono éthiopien de tous les temps sur le double tour de piste. Son dernier 600 m a quant à lui été chronométré en… 1’29, laissant entrevoir que la jeune femme est capable d’aller bien plus vite encore dans un 1500 m bien emmené. A quel point ? Les spécialistes sauront apprécier ses temps par 100 m, publiés par l’entraîneur national Louis Heyer agrémentés du commentaire « insane ».
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Genzebe Dibaba est bien entourée : son manager, Jos Hermans (NED) de l’entreprise « Global Sports Communication » est l’un des plus renommé dans le domaine du demi-fond. Il a notamment géré les carrières d’Haile Gebreselassie (ETH) et de Kenenisa Bekele (ETH), pour ne citer que ses deux plus célèbres protégés. Tout le monde le connait : c’est le seul entraîneur qui est en droit d’encourager ses poulains depuis les terrains des plus grands meetings du monde entier.
Sur le plan de l’entraînement, la jeune Ethiopienne se prépare sous les ordres du Somalien Jama Aden, qui entraîne notamment le vice-champion du monde 2011 du 800 m Abubaker Kaki (SUD) et le champion olympique du 1500 m Taoufik Makhloufi (ALG)… qui a récemment annoncé vouloir lui aussi prochainement battre le record du monde de sa discipline favorite (3’26″00 par Hicham El Guerrouj/MAR).
3. Le Nike Oregon Project brillant sur la piste, silencieux en dehors
Après avoir été ébranlé par les accusations portées contre son coach Alberto Salazar et son partenaire d’entraînement Galen Rupp (USA), Mo Farah (GBR) a signé un fracassant retour aux affaires ces dernières semaines, remportant notamment avec rage le 5000 m d’Athletissima Lausanne et le 3000 m de la Diamond League de Londres. Il s’est ainsi annoncé comme un sérieux prétendant à un nouveau doublé 5000 m-10’000 m pour les Mondiaux de Pékin dans un mois, suite à ceux déjà réussis aux JO de Londres en 2012 et aux Mondiaux de Moscou en 2013.
Ses collègues du NOP se sont eux aussi montrés à leur avantage. Rupp a d’abord facilement remporté les Championnats des Etats-Unis sur 10’000 m, avant de se faire battre par deux compatriotes sur 5000 m, puis de disparaître de la circulation. Shannon Rowbury (USA) a quant à elle établi un nouveau record d’Amérique du 1500 m (3’56″29). Alors que Matthew Centrowitz (USA) vient d’améliorer son record à 3’30″40, avant de prendre la deuxième place du très relevé Mile de la Diamond League de Londres samedi dernier, derrière l’extraterrestre Kiprop.
Alors que les athlètes du NOP sont de retour sous le feu des projecteurs, presque tout le monde semble avoir oublié que pas moins de 17 anciens coureurs et membres du staff du groupe ont témoigné auprès de l’Agence américaine antidopage, qui a officiellement ouvert une enquête. Depuis deux semaines, silence radio à ce sujet dans les médias. Jusqu’à quand ?
Quel crédit peut-on accorder aux exploits de Rupp, Farah, Rowbury, Centrowitz et des autres ?
Histoires à suivre : avant, pendant et après les Mondiaux de Pékin.
