ATHLE.ch VINTAGE | TIMELINE ILS MÉRITAIENT MIEUX / EPISODE 5 | Tout au long de l'Histoire de l'athlétisme suisse, de magnifiques exploits se sont produits lors des principales compétitions internationales. Hélas on doit également déplorer quelques grands ratés au cours de ces mêmes compétitions, dus à un coup malheureux qui a prétérité des athlètes qui auraient, de toute évidence, mérité mieux que ce qu'ils ont finalement récolté. Parmi les dix événements négatifs les plus marquants de l'Histoire de l'athlétisme suisse, ATHLE.ch VINTAGE retrouve Stephan Niklaus (LC Basel) lors des championnats d'Europe de 1982 à Athènes, où un coup sur une haie va contrecarrer ses plans.

Au tout début des années ’80, le Bâlois Stephan Niklaus est en passe de devenir la nouvelle référence de l’athlète le plus complet de l’athlétisme suisse. Lors de la saison 1981, en trois étapes, il fait oublier Philipp Andres (LV Langenthal), le meilleur décathlonien helvétique qui détient depuis les championnats d’Europe 1974 à Rome le record suisse avec 7’819 points. En mai, Niklaus totalise 7’891 points à Götzis, puis en juin il réalise 8’072 points à Zurich et enfin en juillet il place le record suisse du décathlon à 8’092 points. Sa progression continue de plus belle la saison suivante avec 8’152 points lors du meeting de Götzis, où il réussit de belles performances : 10″74 – 7,23 m – 15,23 m – 2,02 m – 47″67 | 14″93 – 46,24 m – 4,30 m – 68,04 m – 4’52″87.

Les championnats d’Europe 1982 à Athènes
À 24 ans, Stephan Niklaus est en passe d’éclater au top niveau européen. L’athlète du LC Basel est galvanisé en sachant qu’il fait désormais partie des prétendants à une médaille lors des championnats d’Europe qui doivent se disputer à Athènes au début du mois de septembre 1982.
Le décathlon des championnats d’Europe d’Athènes est l’une des épreuves les plus attendues de la semaine, ceci de par le duel que doivent se livrer le Britannique Daley Thompson et l’Allemand de l’Ouest Jürgen Hingsen. Derrière eux, les deux Allemands de l’Est Siegfried Stark et Steffen Grummt convoitent la troisième marche du podium, tout comme Stephan Niklaus. La première journée se déroule de fort belle manière pour le Bâlois avec un 100 m en 10″77. Il enchaîne ensuite avec de solides résultats dans les trois disciplines techniques : 7,25 m au saut en longueur, 15,03 m au lancer du poids et 2,00 m au saut en hauteur. Il parachève ce superbe début de parcours par un excellent 47″66 sur 400 m, ce qui lui permet de se classer au troisième rang à l’issue de la première journée, juste derrière les deux grandes vedettes que sont Thompson et Hingsen. Les rêves les plus fous sont désormais permis et l’intéressé lui-même l’atteste : «Tout me prédispose à envisager ce troisième rang. Mon excellente première journée d’abord et certaines contre-performances de mes rivaux ensuite. Et aussi le fait que ces derniers temps j’ai tout spécialement travaillé à l’entraînement les épreuves de la deuxième journée : le lancer du disque et surtout le saut à la perche, mon gros point faible. Quant au lancer du javelot, c’est une discipline qui me convient toujours particulièrement. Enfin, avec la perspective d’une médaille, cela pourrait m’aider à bien négocier le chemin de croix des décathloniens que représente le 1500 mètres».  Mais voilà, le décathlon est une épreuve terrible, un concours de longue haleine qui demande à ses adeptes une telle succession d’efforts que le risque de blessure s’en trouve considérablement augmenté. C’est ce qui se produit hélas au matin de la seconde journée avec Stephan Niklaus lors du 110 mètres haies. Une mauvaise attaque du premier obstacle le fait taper la partie boisée, le déséquilibre et le fait chuter. Il parvient très vite à se relever et il termine la course en 16″75. Mais à l’arrivée, la douleur est violente et il s’écroule au sol, le pied droit meurtri. Dans le camp helvétique, la déception est très grande car évidemment tout le monde comprend que la médaille de bronze tant convoitée n’est plus d’actualité pour le Bâlois. Un désappointement à la mesure des espoirs qu’avait fait naître son excellent parcours lors de la première journée. Conduit immédiatement à l’hôpital, on constate une fracture et il est décidé de plâtrer son pied, ceci en présence du Dr Segesser, le médecin de l’équipe suisse.
En début d’après-midi, Stephan Niklaus revient au stade avec des béquilles car il tient mordicus à encourager ses deux camarades Christian Gugler (BTV Aarau) et Michele Rüfenacht (US Ascona). Entre les épreuves, il livre ses impressions avec une fort belle lucidité : «Bien sûr, je suis déçu; mais c’est le sport ! Il ne sert à rien de ressasser mon désappointement. Même inachevé, ce décathlon d’Athènes – ma première grande épreuve à un niveau aussi élevé – m’a permis d’enrichir considérablement mon expérience. Je suis encore très jeune. Et je sais que mon heure viendra». Il va ensuite rejoindre ses parents, qui semblent beaucoup plus tristes que lui. Il dit à son père, qui s’était blessé à la tête dans l’affolement du matin et qui lui aussi avait dû être conduit à l’hôpital pour quelques points de suture : «T’en fais pas, papa, la Grèce reste belle et cet accident ne va qu’affermir ma volonté d’aller de l’avant !».

Ce coup sur la haie a malheureusement contrecarré les bons plans de Stephan Niklaus et on ne saura jamais ce qu’il serait advenu à Athènes s’il avait pu terminer ce décathlon. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : il méritait mieux que ce qui lui est arrivé lors de ces championnats d’Europe.

PAB

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