Yves Jeannotat est mort : salut et merci l’ami ! HOMMAGE | Le monde de l’athlétisme et de la course à pied a perdu une de ses plus grandes personnalités. Coureur devant l’Eternel, Yves Jeannotat, double vainqueur de Morat-Fribourg, enseignant, traducteur, journaliste, co-fondateur du révolutionnaire Spiridon et chroniqueur et ami d’ATHLE.ch a rejoint vendredi les étoiles, à l’âge de 92 ans. Ses valeurs, sa ligne, sa quête de liberté et d’excellence lui survivent.

Un ami, c’est quelqu’un pour qui on éprouve de la sympathie, de l’affection parce qu’on partage la même philosophie. Depuis toujours, Yves Jeannotat était un des plus grands amis de tous les amoureux d’athlétisme et de course à pied. Sa vie durant, il a « couru comme un dingue » et défendu, corps et âme, envers et contre tout, avec une incomparable courtoisie et jovialité, l’honnêteté, le partage et la liberté… athlétiques. Dans sa dernière chronique pour ATHLE.ch dans le cadre des 20KM de Lausanne, il concluait, en avril 2015 : « Jeunes, moins jeunes, toutes et tous heureux de courir « ensemble » pour mieux découvrir les vraies valeurs de la vie… »

8e enfant d’une famille paysanne

Yves Jeannotat est né le 12 février 1929 à Montenol, dans le Jura. Il est le 8e enfant d’une famille paysanne. Le garçon court tous les jours, volontiers plusieurs kilomètres, aussi pour se rendre et revenir de l’école. Après sa Maturité fédérale en Suisse-allemande, il s’inscrit en Lettres à l’Université de Fribourg. En 1952, il participe aux Championnats universitaires fribourgeois de cross, sa première course, qu’il gagne. Quelques semaines plus tard, aux Suisses universitaires, il finit deuxième, derrière un certain Boris Acquadro.

Pionnier de l’« interval training »

Après ses études, il enseigne le français à Sion, puis à Lausanne, non sans continuer à courir tous les jours, souvent même deux fois par jour : « Je pense être un des premiers à avoir pratiqué l’entraînement biquotidien », racontait-il volontiers, lui qui accumulait près de 200 km par semaine et qui était un des pionniers suisses de l’« interval training », auteur de quelques coriaces séances tels ses fameux 80×100 m ou 30×400…

Souffle au cœur

En 1958, un médecin lui diagnostique un souffle au cœur et lui conseille d’arrêter la course à pied. En 1959 (54’09) et 1961 (55’30), il triomphe à Morat-Fribourg (16,4 km). Dès 1964, il distille sa passion et ses connaissances dans des comptes rendus d’athlétisme et de course à pied pour La Tribune de Lausanne, plus tard devenue Le Matin. En 1972, il est engagé à l’Ecole fédérale des sports à Macolin, notamment comme rédacteur et traducteur de la revue « Jeunesse et Sport ». La même année, révolté par l’arrogance de la Fédération suisse d’athlétisme à l’égard de la course à pied, qui l’enferme dans les stades, il fonde avec Noël Tamini la revue Spiridon : mouvement révolutionnaire « en faveur de la pratique libre de la course à pied ». 2004 marque la fin de son activité pour Le Matin. 2009, la publication de son beau livre Sport, où est ta victoire ? Réflexions pour le meilleur et pour le pire, recueil d’articles grisants et touchants aux Ed. Baudelaire. Dès 2015, il épaule ATHLE.ch dans son engagement pour une information cohérente et attractive en athlétisme et course à pied.

Vendredi 5 novembre, son cœur s’est arrêté de battre, à 92 ans. Pour continuer de plus belle dans la poitrine de tous les amoureux de notre sport qui cherchent à découvrir les vraies valeurs de la vie.

Lien vers notre dernière rencontre avec Yves Jeannotat en 2019 (vidéo).

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« Ta passion n’a de fondement que dans l’éternel dépassement de toi-même. Si tu joues, tu es acteur de ta propre épopée ! C’est là qu’il s’agit d’être « vrai » ! Il n’y a pas de nouvelle définition : si on te prend pour un « rigolo », c’est que tu es un « rigolo » ! Ce qu’on célèbre en toi, ce n’est pas tant ta réussite que la force et les vertus qui te permettent de « vaincre » » (Sport, où est ta victoire ?, p. 173)

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  1. Piere-François Pahud said:

    Disparition, une branche de tilleul à la main, d’un personnage éminemment sain et positif. Un des plus grands acteurs, puis ambassadeurs, de l’athlétisme suisse. On ne peut être qu’ému en lisant ou en relisant ses mots (« Sport, où est ta victoire? »).

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