Fin de carrière pour le « dieu du stade » romand Jonas Fringeli INTERVIEW | A 30 ans, le Jurassien Jonas Fringeli (LC Turicum, originairement FSG Vicques) met un terme à sa carrière sportive de haut niveau. Bien que trop souvent freiné par des blessures, le meilleur décathlonien romand de ces dix dernières années se retourne sur une belle carrière, qui l’a notamment vu être sacré 10 fois champion suisse et participer à deux championnats d’Europe. Son meilleur résultat international est sa 11e place aux Europe 2012 à Helsinki ; son record depuis Götzis 2016 de 7862 points.

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Photos : (c) ATHLE.ch

Vous ne connaissez pas Jonas Fringeli ? Vous avez tort : c’est un des meilleurs athlètes romands de ces dix dernières années. Pas celui dont on a le plus entendu parler, qui s’est le plus agité : un athlète, en quête de sensations, de performance, de perfection, d’excellence. En toute modestie, avec une volonté à tout rompre. Qui montre un point rageur et sourit quand ça marche, quand ça joue, quand ça décolle – et qui se fâche et fait la gueule quand ça coince ; jamais contre les autres, toujours contre soi-même. Un gars qui en veut toujours plus : simplement quelqu’un de bien.

Etoile montante de l’athlétisme suisse
Discret, humble, le géomaticien de formation est tombé dans l’athlétisme tôt. Alors que son frère a été un très bon coureur, Jonas a d’emblée aimé toutes les disciplines, pour embrasser une fort belle carrière de décathlonien. Doué et travailleur, le sociétaire de la FSG Vicques a très vite évolué à haut niveau. En 2012, la voie royale lui semble ouverte : à Ibach, il réussit le meilleur décathlon de sa jeune carrière, se qualifie pour les championnats d’Europe à Helsinki, où il se classe brillant 11e. De quoi donner envie de plus, de beaucoup plus. De quoi faire rêver du meilleur niveau international. Mais, c’est alors que sont arrivées les blessures, à répétition. A chaque fois, Fringeli a bossé, comme un fou, pour revenir. A chaque fois, il est revenu.

De la FSG Vicques au LC Turicum
D’abord, entouré uniquement par son papa d’entraîneur, William – un bon gars, lui aussi –, qui s’est occupé de lui, avec intelligence et sensibilité, il s’en est allé à Zurich, au LC Turicum, le club de l’entraîneur national et âme du décathlon helvétique Hansruedi Kunz. En début de saison 2016, il est à son meilleur niveau absolu au Meeting international multiples à Götzis (AUT) : il y termine 13e avec un nouveau record personnel de 7862 points.

Fin de carrière
L’an passé, après les Suisses de Payerne, il hésitait : « Je continue ou j’arrête ? » Pour notre plus grand plaisir, il a remis l’ouvrage sur le métier, aussi côté convalescence, après s’être fait une cheville pendant sa préparation d’hiver. Aux Suisses à Tenero, il était là, mais pas à 100% de ses moyens : ça ne voulait pas, ça ne voulait plus. Il a finalement jeté l’éponge avant la perche. Samedi, il sera en lice à Hochdorf, samedi d’après aux Jurassiens multiples à Alle. Pour marquer le coup.

Interview express

Ton premier souvenir d’athlétisme ?
Ça doit être un cross à Delémont, je devais avoir environ 7 ans.

Pourquoi avoir choisi le décathlon ?
Simplement car on a entraîné toutes les disciplines et que la multiplicité m’a plu.

Ton grand rêve sportif ?
Mon plus grand rêve ? Mon décathlon parfait. Ça aurait été de pouvoir dépasser les 8000 points, me qualifier pour les Jeux olympiques et y briller devant mon entourage.

Kevin Mayer ?
Impressionnant et fantastique.

Qu’est-ce que notre sport t’a apporté ?
Pour moi, l’athlétisme, en particulier le décathlon, ont été une école de vie. Notre sport m’a procuré beaucoup de joie mais aussi quelques déceptions. Au final, j’en garde d’excellents souvenirs et des rencontres magnifiques.

Ton conseil pour les jeunes ?
La persévérance.

Ton plus beau souvenir ?
J’en ai beaucoup, mais si je dois en dire un, c’est le décathlon de Ibach en 2012 suivi des Championnats d’Europe à Helsinki.

Quels gens veux-tu remercier avant tout ?
Ma copine, ma famille, mes entraîneurs, en particulier mon papa et Hansruedi (Kunz, l’entraîneur national, ndlr.), mon employeur, la Fédé, l’armée, mes sponsors et toutes les personnes qui m’ont encouragé et soutenu.

Jonas Fringeli dans les yeux de…

Flavien Antille (2e meilleur décathlonien romand de tous les temps derrière Fringeli) : « Sans lui ma carrière aurait été encore plus belle… J’ai quasi toujours fini deuxième derrière lui. Blague à part ce fût un réel plaisir de le côtoyer durant toutes ces années, aussi comme coloc à Zurich. Je lui souhaite bon vent pour la suite. Il peut partir tranquille, l’avenir est assuré dans les multiples en Suisse »

Finley Gayo (détenteur du record suisse juniors) : « Jonas était pour moi un super athlète qui a montré tout ce qu’on pouvait atteindre avec de l’ambition et de la motivation. J’ai toujours eu du plaisir quand j’ai pu m’entraîner avec lui lors des rencontres de l’équipe nationale. Car c’est un athlète qui donnait toujours 100% à l’entraînement »

Andri Oberholzer (6e des Europe U23) : « C’était/est une inspiration pour ce qui est de sa volonté. Suite à une de ses grosses opérations à la hanche, il a réussi à se qualifier encore une fois pour les championnats d’Europe. Il aime/aimait le décathlon et vit/vivait pour lui, a fait beaucoup de sacrifies, toujours en suivant son propre chemin. En plus de tout ça, il était un super compagnon d’entraînement ».

Bye bye Jonas, merci, bon vent, à toi et aux tiens !

 

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