Une petite boule d’énergie ARTICLE LE NOUVELLISTE | Sur la piste comme dans la vie, Lore Hoffmann tient un rythme effréné. La jeune étudiante en génie mécanique fait partie des plus sûrs espoirs de l’athlétisme helvétique.

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Photo : (c) Sabine Papilloud/Le Nouvelliste | Article : Johan Tachet/Le Nouvelliste

«J’ai dû me concentrer pour ne pas sourire lorsqu’ils ont pris la photo.» Entre deux jours de révision pour ses examens universitaires à Lausanne, Lore Hoffmann (20 ans) faisait une rapide escale en Valais pour les besoins de production de son passeport biométrique suisse. Son tout premier, elle qui a reçu la nationalité helvétique le 31 mai dernier. Cela fait désormais douze ans que la jeune athlète d’origine française est établie à Sierre. Une éternité pour une jeune fille qui, jusqu’à son neuvième anniversaire, avait pris l’habitude de vivre continuellement en déplacement avec sa famille au gré des mutations professionnelles de son papa. De la Savoie aux Etats-Unis, voilà la famille Hoffmann établie en Valais et partie pour rester.
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C’est d’ailleurs dans notre bout de pays que la petite Lore s’est découvert une passion pour l’athlétisme et plus particulièrement pour la course. Autour du lac de Géronde, elle se permet de rivaliser avec ses compagnons d’école masculins. «Je souhaitais alors essayer une course et je me suis inscrite à la Course du Soleil.» Une huitième place et surtout une coupe récompensent les efforts de cette jeune fille de 12 ans lors de sa première compétition. «J’étais tout heureuse et je me suis dit que l’athlétisme était peut-être fait pour moi.»
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Une fougue à canaliser
D’abord touche-à-tout, elle se spécialise rapidement dans la course où elle performe. L’ambiance, la liberté de courir et surtout la poursuite de la performance lancent Lore Hofmann dans une courbe qui la voit progresser de façon linéaire jusqu’à devenir l’un des plus sûrs espoirs de l’athlétisme suisse. «Je suis une compétitrice», concède-t-elle en quête perpétuelle de confrontation. Ce n’est alors pas un hasard si elle a fait du 800 m sa discipline de prédilection. «C’est la première des courses tactiques où l’on ne court pas à boulet du début jusqu’à la ligne. Il s’agit de gérer son effort et de jouer avec les autres.» La bagarre et jouer des coudes n’ont jamais fait peur à la Sierroise qui a pris la Saint-Galloise Selina Büchel comme modèle. «Si en Suisse tu as un meilleur niveau, c’est presque comme si la fille devant toi te laissait passer. En France, la concurrence est plus dense. C’est la guerre à chaque course. On se retrouve à la limite de se tirer les cheveux.»
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La championne de France élite de la discipline en rigole, mais elle concède volontiers être «une fausse calme», voire timide au premier abord. «Lore est une fille qui bouillonne intérieurement. Elle a énormément d’énergie et tout l’enjeu est de la canaliser», mentionne Michel Herren, son entraîneur à Lausanne. «Elle a une tronche et beaucoup d’envie. Quand il faut serrer les dents, elle le fait volontiers.»
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Aucun emploi du temps aménagé
Sur la piste comme dans la vie, Lore Hoffmann tient un rythme effréné. «J’ai besoin de me dépenser, sinon je peux être désagréable, se marre-t-elle. Je bouge tout le temps. Il m’arrive d’oublier des trucs et de faire 1500 allers-retours dans la maison.» Entre ses études en génie mécanique et l’athlétisme, la Franco-valaisanne court dans tous les sens. Chaque semaine, une quinzaine d’heures d’entraînements s’ajoutent aux trente périodes de cours à l’EPFL. D’autant plus que contrairement à de nombreux athlètes, elle ne bénéficie pas d’un emploi du temps aménagé pour sportif d’élite. «Je n’ai pas trop de temps pour moi. Mais en même temps, dès que je suis en vacances, je m’ennuie.»
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La tête et les jambes
Si la priorité est fixée sur les études dans la perspective de devenir spécialiste en biomécanique – «lorsque l’on est dans le sport, c’est difficile d’en sortir» -, Lore Hoffmann reste un talent de l’athlétisme helvétique. Multiple championne de Suisse et de France juniors, elle participera dans un mois à ses premiers Européens espoirs. Ses limites? «Je suis curieux de voir jusqu’où elle peut aller car elle est loin de les avoir atteintes», concède son entraîneur Michel Herren. La coureuse a amélioré sa meilleure marque sur 800 m de près de quatre secondes en deux ans. Toutefois, la Sierroise ne se focalise point sur un objectif précis ou chiffré pour apprécier ce moment où elle est «surprise». «J’aime découvrir ce que je suis capable de faire de course en course. Et c’est encore plus beau lorsque l’on s’étonne de ses propres performances.»
Lore Hoffmann évite de tomber dans la normalité des résultats. Heureusement. Sa progression l’incite à en vouloir toujours davantage. «Elle a des objectifs de haut niveau cachés dans la tête», mentionne Michel Herren. Mais la Sierroise ne les évoquera pas à haute voix. Toutefois, on pourrait bien la retrouver dans un futur proche sur un podium international. Avec le maillot rouge à croix à blanche et bien évidemment son sourire accroché.
LORE HOFFMANN
Née le 25 juillet 1996 à Strasbourg
Originaire de Sierre et de Strasbourg
Domiciliée à Sierre
Etat civil: célibataire
Etudes: génie mécanique en 2e année à l’EPFL
Principaux résultats: plusieurs fois championne de Suisse jeunesse: 3 fois sur 400 m et 2 fois sur 800 m. Championne de France espoir sur 800 m et championne de France élites indoor sur 800 m (2016). Hobbys: lecture, sortir avec les amis.
LE CHIFFRE
Lore Hofmann possède le 23e temps européen U23 de l’année sur 800 m. Elle avait réalisé 2’05’’64 à Genève voilà deux semaines. Un chrono qui ne l’a guère satisfaite, elle qui ambitionnait de descendre sous les 2’05, synonymes de qualification pour les Universiades de Tapeï en août. Qu’importe, la Sierroise sait qu’elle possède les jambes pour réaliser cette performance. Peut-être aux Européens espoirs de Bydgoszcz, en Pologne, du 13 au 16 juillet prochain où elle participera à sa toute première grande compétition internationale. «J’aimerais aller le plus loin possible. Physiquement, je sais que je serai prête. Il sera important de l’être également dans la tête et d’éviter certaines bêtises que j’ai commises cette année en course.» A long terme, la perspective de descendre sous les deux minutes la titille. «Selina Büchel n’a eu le déclic que tardivement (ndlr: elle est passée sous les 2 minutes pour la première fois en 2015 et avait «déjà» 24 ans). Sur 600 m, je cours déjà à un rythme qui me permettrait d’atteindre cette fameuse marque symbolique sur 800. Maintenant, je dois travailler sur les 200 derniers.»

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