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Photo : par Daniel Mitchell (Macolin, 6 février 2016)
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Il aime la vie, la musique électronique, la photo. Terriblement doué et bien décidé à faire les choses à sa manière, Bastien Mouthon a déjà agacé plus d’un entraîneur ou adversaire : « J’ai reçu quelques blâmes de la Fédération. On m’a reproché de ne pas m’investir assez. De trop faire la fête. La musique que j’aime se joue en boîtes, dans des milieux qui n’ont pas une bonne réputation. Mais je ne bois presque pas d’alcool et j’ai toujours fait très attention avant les compétitions et les entraînements ». Mais l’image qui lui colle à la peau est en train de changer.
Premièrement parce que Mouthon impose le respect sur la piste : il y a deux semaines, il a claqué à Macolin un énorme chrono de 21″00 sur 200 m, à un tout petit centième du record suisse indoor. Poids plume du sprint (1,80 m pour 71 kg), il s’est catapulté au sommet de la hiérarchie nationale. Deuxièmement parce que, en-deçà des apparences, le Veveysan s’engage à fond : depuis l’automne dernier, il a laissé de côté l’Ecole cantonale d’art de Lausanne pour se consacrer à 100% à l’athlétisme à l’occasion de son école de recrue effectuée à Macolin comme sportif d’élite.
Olivier Walter, son entraîneur au CA Riviera, raconte : « Bastien est toujours prêt à rigoler. C’est une priorité pour lui que ça reste fun. Il est très sensible. Tout ce qui se passe le touche. Il est passionné, mais pas compliqué. Il écoute, travaille, apprend vite et sait se faire mal. »
Gros progrès
Cet hiver, dans le cadre de l’armée, Mouthon a augmenté son volume d’entraînement : « Avant, je m’entraînais le soir, après les cours ; à l’armée, le rythme est passé à deux entraînements par jour ». Encadré à Macolin par Laurent Meuwly et Stéphane Diriwaechter, il a passé un nouveau cap : « Je ne savais pas s’il était prêt à encaisser de telles charges, mais il a évolué, c’est impressionnant », raconte Olivier Walter. Au programme de la semaine : deux séances sur piste, de la musculation et beaucoup de gainage, de technique et de coordination.
Ces dernières années, Mouthon a souvent été excellent, sans encore décrocher le jackpot ; à l’image du record suisse frôlé cet hiver, ou de la médaille de bronze manquée pour un autre minuscule centième l’été dernier aux Championnats d’Europe U23. « Une fois, la chance va tourner ! Pourquoi pas quand il sera question de minima olympiques », sourit-il. Après les Championnats suisses indoor de ce week-end, l’été s’annonce chargé, avec les Championnats d’Europe à Amsterdam d’abord, puis peut-être le grand rêve : les Jeux olympiques, en individuel ou avec le relais de 4×100 m. « Je suis impatient », glisse Mouthon, avant d’ajouter : « J’aimerais bien aussi un jour courir dans le programme principal d’Athletissima, c’est aussi pour des moments comme ça que je m’entraîne à fond ».
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