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Les dernières nouvelles sur le front du dopage ont de quoi briser le coeur de tout fan d’athlétisme: les produits interdits se répandent jusque dans les endroits les plus reculés de la Vallée du Rift. Les Kényans, très longtemps épargnés par les affaires – par manque de contrôles ou en raison de leur intégrité ? – sont de plus en plus rattrapés par la patrouille. Les cas se multiplient, touchant majoritairement des seconds couteaux, ce qui est à la fois rassurant et inquiétant, selon le point de vue.
Les deux premiers cas de dopage signalés aux Mondiaux de Pékin concernent deux coureuses de 400 m et 400 m haies, Joyce Zakary et Koki Manunga, suspendues provisoirement après un contrôle positif à un produit masquant. Les jours précédents, d’autres athlètes kényans sont passés à table. Ronald Kipchumba, contrôlé positif à l’EPO en 2012, a ainsi déclaré à la chaîne allemande ARD que certains officiels kényans exigeaient de l’argent d’athlètes testés positifs en échange d’une dissimulation de leur contrôle. De son côté, Frimin Kiplagat Kipchoge a affirmé que des athlètes au Kenya étaient prévenus à l’avance de certains contrôles.
Bref, il y a quelque chose de pourri (euphémisme) au pays des coureurs. Faut-il tout jeter pour autant? Ne mélangeons pas tout! Les Kényans n’ont pas attendu l’arrivée des pharmaciens, médecins et escrocs-apprentis-sorciers de tous bords pour dominer le fond et le demi-fond mondial.
L’ancienne génération des grands champions kényans, des années 1980, 90 ou 2000, regrette amèrement l’évolution actuelle et se dit dégoûtée, comme l’a montré la remarquable enquête de « L’Equipe Magazine » le 15 août. Beaucoup ont quitté le monde de l’athlétisme. Cela ne veut pas dire que tout le monde était propre « avant », bien sûr.
Mais expliquer le succès des Kényans en invoquant en premier lieu le dopage constitue une profonde injustice envers ces formidables athlètes et une insulte à leurs qualités naturelles et à l’entraînement de forcenés auxquels ils se soumettent.
Olivier Petitjean
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