Quatre Suisses étaient lice à la Diamond League d’Oslo. Ajla Del Ponte a fini excellente troisième en 11″16 d’une course remportée par la vainqueur de Lucerne Marie-Josée Talou (CIV) en 10″91. Comme Lore Hoffmann, la championne d’Europe indoor monte en puissance à l’approche des Jeux. La championne d’Europe Lea Sprunger a dû se contenter en 55″46 de la 6e place d’un 400 m haies dominé par sa copine d’entraînement Femke Bol en 53″33, record des Pays-Bas. Le Bâlois Alex Wilsons’est classé 7e du 200 m en 20″98.
Lore Hoffmann trouve la forme olympique. Après sa belle prestation à Lucerne mardi (deuxième en 2’00″38 d’une course de bon niveau européen), la Valaisanne s’est illustrée sur la scène mondiale, avec une très belle troisième place à la Diamond League d’Oslo. Interview.
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Bravo pour ta course.
Merci !
Raconte-nous !
On m’a mise au couloir extérieur, avec la lièvre. J’appréhendais un peu d’être autant à l’extérieur, j’avais peur que ça soit chahuté pour se rabattre, après 100 m… Mais au final c’était très bien comme ça : la lièvre est partie vite et j’ai pu me mettre juste derrière, prendre sa foulée, ce qui était très agréable. Après, je me suis retrouvé bien placée, sans avoir besoin de me battre. On était en file indienne. Je n’ai pas eu besoin de faire grand-chose pour aller avec. Je sens que je suis bien placée. Je me dis qu’il ne faut pas que je m’endorme et continue à suivre. Dans le dernier virage, je sens que Bisset est en train de craquer. Je me mets vers l’extérieur pour la dépasser, mais pas tout de suite, dans le virage. Dans la ligne droite, je la passe. Et je finis troisième !
Je suis contente parce que mon but était de finir dans le Top 3 et j’ai fini dans le Top 3. Ma dernière ligne droite n’était pas exceptionnelle. En revoyant la course, je me dis que j’aurais peut-être encore pu aller chercher Nakaayi (la championne du monde ougandaise, 2e de la course, ndlr.)…
Dès le début, tu t’es placée dans les premières positions. C’était le plan de match ?
Oui, le but était de partir vite pour bien se placer.
Lore Hoffmann va désormais toujours courir de manière offensive ?
Euh, non, c’est une carte en plus. Je sais maintenant que je peux courir comme ça. Mais ça ne veut pas dire que je vais le faire toujours… C’est une carte de plus dans mon jeu.
Par rapport à tes sorties de fin mai dernier, tout semblait plus fluide et plus serein…
Oui, c’est vrai ! Les choses se mettent en place petit à petit. Je sais que j’ai besoin de temps. Plus on approche des grandes échéances, plus les choses se mettent en place…
A 280 m de la fin, tu laisses un trou s’ouvrir devant toi, te fais dépasser par Kate Grace (Kate Grace [USA], 7e des Trials, vainqueur en 1’57″60) Que se passe-t-il à ce moment dans la tête et dans les jambes ?
Entre 400 et 550 m, je sens que Bisset (l’Australienne championne du monde universitaire, ndlr) est un peu à la peine. Nakaayi la dépasse, devant moi, mais Bisset continue à y aller donc je reste où je suis. Ensuite il y a Kate Grace qui passe… Si on est fort, il faut partir avec. J’avais l’impression que c’était déjà assez vite, donc je n’ai pas osé faire ça. Je me suis dit « continue de suivre comme ça ».
Je crois que le trou est apparu parce que Nakaayi a dépassé Bisset, mais le trou, je le rebouche. Au moment où Grace part, je me dis « si t’es forte, tu vas avec ! », mais je trouvais que c’était déjà assez rapide. Je n’ai pas osé partir avec. Aussi parce que je n’avais pas envie de mal finir. Mon entraîneur attendait de cette course des indications pour savoir ce qu’il restait à travailler pour les Jeux. Il m’a clairement dit avant le départ que si je finissais très mal, ce n’était pas bon pour nous. Donc je ne voulais pas prendre ce risque et ne l’ai pas suivie. Qui sait ce qui se serait passé si je l’avais suivie ? J’aurais explosé mon record ? J’aurais très mal fini ? Je ne sais pas…
Comment c’était dans la dernière ligne droite ?
Ce n’était pas incroyable, mais pas mauvais du tout. Je n’avais pas l’impression de finir très vite. J’étais très contente de dépasser Bisset, mais n’ai pas l’impression de faire un final de ouf, de fou. Après l’arrivée, j’avais quand même les jambes bien lourdes. Je sentais que ça avait travaillé…
Quelle est ta réaction en passant la ligne ?
Je pense tout de suite que j’ai fait moins de 2 minutes. Donc je suis contente. Aussi d’avoir fait troisième et de ne pas avoir eu peur de faire un podium en Diamond League…
Puis en voyant le chrono ?
C’était… j’étais contente, pas surprise, en fait, pas déçue non plus. En fait c’était très bien !
Premier podium en Diamond League, deuxième chrono sous les deux minutes…
Ouais, c’est cool ! C’est vrai : je suis contente, parce que pour une fois, je ne me suis pas posé trop de questions. Je suis partie et n’ai pas eu peur.
Et en passant minima olympiques et… mondiaux pour l’an prochain…
Oui, c’est vrai ! Bon, pour les minima olympiques, c’est un peu tard, mais ça prouve que j’ai ma place. Minima mondiaux : ça c’est cool, plus besoin de se poser de questions, on pourra se préparer sereinement.
Lore Hoffmann en forme olympique. Quelle est la suite de ton programme, de compétition, d’entraînement ?
J’espère que la forme va monter encore un peu pour les Jeux, qui sont dans trois-quatre semaines. La suite du programme ? La prochaine course, ce sera aux Jeux, si je suis sélectionnée officiellement (sourire)… Je repars lundi en camp d’entraînement à St-Moritz pour une dizaine de jours jusqu’à ce que je prenne l’avion pour le Japon.
