Interview | Wanders avant Valence : « même si je ne suis pas à 100%… » INTERVIEW | Deux jours avant de participer à son troisième semi-marathon de l’année, le recordman d’Europe Julien Wanders, tout juste débarqué à Valence (ESP) depuis le Kenya, nous parle de sa forme, de ses bons souvenir à Valence, de Marco Jäger et Renato Canova, son ancien et nouvel entraîneur.

Photo : (c) ATHLE.ch

Comment est la forme ?

La forme générale est bonne. Je n’ai pas préparé spécifiquement ce semi. Je viens de changer de coach il y a environ un mois. J’ai surtout fait du travail de fond, de base, avec pas mal de kilomètres, pour préparer les objectifs futurs. Mais j’arrive quand même en forme pour courir un semi, mais je ne sais pas à quel niveau je suis vraiment.

Ça te semble possible de passer sous l’heure ?

Oui, à vrai dire, ce serait l’objectif. En tout cas de faire un season best, ce n’était pas terrible jusqu’à maintenant cette année sur semi… Je serai déjà content d’améliorer ça. Passer sous l’heure, ce serait top.

Ce sera ton troisième semi-marathon de l’année, avec deux premières sorties dans le même chrono de 1h00’48 (en février à Ras al Khaimah [RAK] et aux Mondiaux à Gdynia [POL]), pas assez rapides pour Julien Wanders…

Oui c’est clair, même en méforme, je ne serais pas content de cette performance. En plus j’étais en forme… Donc voilà… Être à deux minutes de mon record, ce n’est pas bon. Je veux améliorer ça.

Est-ce que, comme tu nous l’a dit après RAK et en Pologne, tu as eu des problèmes de respiration à l’entraînement ces derniers temps ?

Non, à l’entraînement, ça se passe assez bien. De temps en temps, j’ai eu ces problèmes, mais jamais aussi fort qu’en Pologne. J’espère que ça ne se reproduira pas dimanche, mais je suis confiant que ça va aller.

Tu as de très bons souvenirs de la ville : ton premier gros exploit, c’était ici, à Valence, en mars 2018, avec la 8e place aux Mondiaux de semi, puis en début de cette année – certains journalistes l’ont visiblement oublié – en janvier dernier avec un nouveau record d’Europe du 10 km en 27’13…

Oui, ça ne fait pas si longtemps que ça. J’ai quand même fait un record d’Europe cette année ! C’est clair : Valence est une ville que j’adore. En plus du parcours, qui est super-rapide, les conditions sont souvent très bonnes, l’ambiance, tout. Je me sens toujours très à l’aise quand je viens ici. Même avant la course, très relax. En plus, là, je suis venu avec toute l’armada kenyane, donc je suis comme à la maison. Il n’y a aucune raison que ça ne se passe pas bien

A la conférence de presse, il a évidemment été question de Covid, mais aussi de… records du monde. Sur les deux courses au programme dimanche (8h le semi, 8h30 le marathon), on parle de 4 records du monde… Ça fait quoi à un Julien Wanders qui ne se dit pas en immense forme de savoir que devant ça va se battre au meilleur niveau de l’histoire ?

C’est un peu frustrant. Je sais que je ne suis pas encore en pleine forme. Et j’ai toujours tendance à suivre, peu importe le rythme…

C’était un peu la question…

Il va falloir se calmer, essayer de gérer, pour une fois. Bon, iI faut encore voir les conditions. S’il y a beaucoup vent, ça peut changer la donne et partir moins vite que prévu. Mais c’est sûr que sur cette édition, les organisateurs ont vraiment mis le paquet. C’est incroyable d’avoir une telle densité de coureurs du meilleur niveau, que ce soit sur le semi que sur le marathon…

On a évidemment envie de parler du duo athlète-coach Julien Wanders-Marco Jäger : une longue et belle histoire à succès se termine, mais en fait pas tout à fait… Raconte-nous un peu !

Non, l’histoire ne se termine pas. Je pense qu’autant Marco que moi serions fâchés si l’autre disait ça… Ça continue ! C’est juste qu’il ne s’est plus senti d’être le coach officiel, de donner les programmes, de m’accompagner sur les compétitions… Pour lui, ça faisait un peu trop, aussi émotionnellement. C’est pour ça qu’on a décidé de changer. On arrivait aussi à une certaine limite : je stagnais un peu ces dernières années, surtout en grands championnats. On a essayé de trouver les meilleures solutions et on est tombé sur Renato Canova, avec lequel je m’entraîne depuis un moment déjà. Mais Marco va rester avec nous, comme conseiller, je continue à l’appeler chaque semaine, plusieurs fois même. C’est important pour moi. C’est plus qu’un coach : c’est vraiment quelqu’un d’important sur qui je sais que je peux toujours compter, dans les bons et moins bons moments…

Une sorte de père spirituel…

Exact !

On le salue évidemment chaleureusement, mais on a un peu peur, rassures-nous : moins présent aux côté de Julien Wanders, Marco sera toujours présent au Stade Genève…

Oui, bien sûr ! Je pense que le Stade Genève, pour lui, c’est quelque chose de super-important. Il ne peut pas quitter son rôle d’entraîneur là-bas, et il ne le veut pas. Il a plein d’autres athlètes à coacher. Il y a plein d’athlètes en devenir, qui croient en Marco, qui croient tous en Marco. Je pense que dans les années à venir, il n’y aura pas seulement moi, mais bien d’autres athlètes qui vont arriver au niveau international avec Marco.

On parle déjà d’« âge d’or de la course à pied à Genève ». L’avenir s’annonce plus doré encore, merci pour le boulot Marco… Revenons à dimanche. On a envie de savoir… Renato Canova, qu’est-ce qu’il ta dit avant que tu partes à Valence ?

Il m’a dit de gérer, de partir en 2’50 et de courir en 2’50, de faire ma course, sans me focaliser sur les autres, ce qui est des fois difficile pour moi. Mais le changement de coach me force aussi à ça : à accepter de courir un peu différemment ; accepter que ce ne soit pas à chaque fois LA course de l’année, mais qu’il y a des courses de préparation…

Est-ce que tu es en train de dire que chaque course était pour toi la course de ta vie et… que ce n’était pas forcément toujours une bonne idée pour être en grande forme le jour J, au grand championnat ?

Le problème, pour moi, c’est toujours ça : quand je suis en compétition, je cours pour gagner. C’est un état d’esprit, un mental et c’est très dur à changer – et pas forcément une bonne idée de le changer. Ce qu’on va faire, surtout, c’est plus cibler les objectifs à l’entraînement. Comme déjà dit : là, je ne suis pas en grande forme, mais je peux peut-être quand même faire une bonne course dimanche… Je vais quand même me mettre dans le mode compétition…

Dit-il avec un sourire en coin, qu’on adore… L’enjeu est de canaliser le mieux possible ses forces… Le grand objectif, ça va être les Jeux olympiques, c’est ça ?

Oui, c’est ça. Je pense qu’il y aura aussi des objectifs avant, un semi en début d’année. Mais le gros objectif, ce sera Tokyo 2021, sur 10’000 m.

On se réjouit de l’année prochaine – à nouveau le 1er week-end de décembre, avec la Course de l’Escalade 2021. Tu as aussi une pensée pour ta course, où tout un canton vient chaque année t’acclamer et où tu as triomphé en maestro ces trois dernières années ?

Oui, évidemment, j’étais vraiment déçu d’apprendre que la course ne serait pas organisée cette année. On s’y attendait tous un peu, mais c’est dur… C’est sûr que les trois dernières années, c’était incroyable pour moi. J’aurais bien voulu ajouter un 4e titre, mais ce n’est que partie remise. Je suis évidemment désolé pour les 50’000 coureurs qui comme moi voulaient courir, participer à la grande fête…

L’équipe autour de Jerry Maspoli et Bruno Fries vont tout faire pour que ça joue l’an prochain… Toi dimanche, tu auras quand même dans l’idée, quelque part, que c’est le week-end de l’Escalade et que tu y es généralement très fort. On a entendu, ces dernières années, dire que c’était dommage que les Mondiaux ne tombent pas le jour de l’Escalade… Ça donne envie et confiance, non ?

C’est vrai que souvent, à cette période, je suis à très haut niveau, que je cours très vite, sans encore devoir être, sur le papier, en grande forme… Ça se contredit un peu, mais c’est comme ça. Et ça me fait croire que même si je ne suis pas à 100% dimanche, quelque chose est quand même possible…

Le départ est à 8h, à suivre en direct sur le livestream de l’organisateur et sur la chaîne de l’Equipe. ATHLE.ch sera là à l’arrivée pour t’écouter nous raconter… Bonne préparation et bonne course Julien !

Merci !

 

 

Commentaires

commentaires

Auteur

Autres articles en lien avec ce sujet

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Top