Réaction de Wanders à l’arrivée

Malgré le froid (6 degrés), Valence était en effervescence. Tout le monde connaissait les intentions du médaillé de bronze du 10’000 m de Doha Rhonex Kipruto : faire comme Joshua Cheptegei (KEN) l’an passé et battre le record du monde (26’38). Départ en boulet de canon. Passage au premier kilomètre en 2’38, puis 2’40 et 2’41, pour passer en 7’59 aux 3 km. Très vite, devant, ils ne sont plus que trois : Rhonex Kipruto, Benard Kimeli et Julien Wanders, trois prodiges de 21, 22 et 23 ans seulement, emmenés par deux lièvres, qui se voient contraints de jeter l’éponge peu avant le 4e kilomètre.

« Il faut prendre des risques pour faire des résultats »
Wanders ne tergiverse pas : « Si on ne prend pas de risques, on n’a pas de résultat. Je suis content d’avoir essayé, mais c’était trop vite pour moi aujourd’hui. » Et voilà que Kipruto en remet une couche. Wanders se retourne, hésite : derrière, il n’y a personne : « Je sentais que si je continuais comme ça, ça n’allait pas le faire : j’étais en surrégime. Je ne pouvais pas aller à ce rythme. » Kimeli, lui, part avec, force son talent, mais pour se rendre à l’évidence que c’est trop rapide 500 m plus loin. Aubaine pour Wanders, qui lui revient facilement dessus et se trouve en bonne compagnie jusqu’à la fin.

« Ce qu’a fait Kipruto aujourd’hui est très inspirant »
Pas de regret pour Wanders, au contraire : « 2’40 au kilomètre, c’était impossible aujourd’hui. Mais à 2’45, j’étais super facile, ça promet pour mon prochain semi (à Ras al-Khaima le 21 février, ndlr), qui pourrait s’avérer énorme ». Enorme, Kipruto l’est resté tout du long, pour voler sur le bitume et franchir l’arrivée en 26’24, heureux comme un gosse, au point de se rouler par terre ! Record personnel battu de 22 secondes, record du monde écrasé de 14.

« C’est incroyable, ce qu’il a fait là ! Il nous a pris 300 m ! », raconte Wanders. « C’est juste dingue, le niveau qu’il a ! » Suite à son départ ultra-rapide (13’18 aux 5 km – record du monde, en passant), il finit en… 13’06. Contre le vent. Commentaire de Wanders, sourire aux lèvres : « C’est très inspirant » !

« La prochaine fois, ce sera sous les 27’, c’est sûr »
Derrière Kipruto, le duo collabore à merveille : « J’étais facile derrière Kimeli, mais je n’arrivais pas à l’attaquer. On s’est bien aidé. » Sur la ligne, le Kenyan (27’12) devance le Suisse d’une seconde. « Là, je m’en fous, ce que je voulais, c’était descendre sous les 27’. J’ai peut-être essayé un peu trop longtemps de rester avec. La prochaine fois, ça va le faire, c’est sûr ! » souffle-t-il, comme déjà après ses 27’25 à Houilles il y a 12 mois. Par son exploit du jour, Wanders est passé de la 26e à la 15e MEILLEURE PERFORMANCE MONDIALE DE TOUS LES TEMPS. Enorme.

Autre gros exploit helvétique : Morgan Le Guen (CHP Genève) a abaissé son record à 28’55 : 7e meilleur chrono suisse de tous les temps !

Course de folie aussi chez les femmes
Côté féminin, trois Kenyanes finissent sous les 30 minutes : Sheila Chepkirui (KEN) l’emporte en 29’46, à 5 secondes du record du monde, devant Rosemary Wanjiru (KEN/29’50) et l’impressionnante vainqueur de la récente Course de l’Escalade Norah Jeruto (KEN/29’51). Ce sont les deuxième, 3e et 4e meilleures performances mondiales de tous les temps.

Commentaire : les chaussures ne font pas tout
Alors que les nouvelles Vaporfly Next% de Nike défraient la chronique, dimanche à Valence les vainqueurs et leurs dauphins portaient tous des Adidas, y compris le nouveau recordman du monde. De quoi alimenter nos investigations sur place à Valence. Plus à suivre dans le prochain épisode de la série Julien Wanders « Road to Tokyo » avec Winforce.

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