Le marathon de Dubaï promettait une fois de plus une course de folie tôt vendredi matin, il a tenu toutes ses promesses. Chez les hommes, pour son premier marathon, c’est l’ancien spécialiste de 5000 m (12’59) Getaneh Molla (ETH) qui s’est imposé en… 2h03’34 ! Ce début le plus rapide sur la distance fait en passant de lui le 8e performeur mondial de tous les temps. Son compatriote Herpassa Negasa, dont le record était jusque-là de 2h09, n’a lâché qu’en toute fin de course et termine en 2h03’40, devenant pour sa part le 10e performeur mondial de tous les temps. Incroyable.
La course féminine a été encore plus étonnante, malgré des variations de rythme importantes et des arrêts quasi complets à chaque ravitaillement, la jeune Kenyane Ruth Chepengetich (24 ans) a fait travailler ses lièvres masculins tout du long pour terminer en 2h17’08. Ceci seulement deux mois après sa victoire sur marathon à Istanbul. De tous les temps, seules Paula Radcliffe (GBR/2h15’25) et Mary Keitany (KEN/2h17’01) ont couru plus vite. La dauphine de Chepengetich Workonesh Degefa (ETH) termine en 2h17’41, devenant par-là la 4e performeuse de tous les temps.
Abraham 10e, loin de ses objectifs chronométriques
Tadesse Abraham avait annoncé depuis plusieurs mois ses objectifs pour Dubaï, avant de confirmer mercredi en conférence de presse : il espérait battre son record suisse (2h06’40) et rêvait d’améliorer le record d’Europe de Mo Farah (2h05’11). Pour ce faire, il avait prévu de partir dans un deuxième groupe, avec un lièvre exprès pour lui, sur des bases de 2h04-2h05. Dès les premiers kilomètres, le Genevois d’adoption s’est tout de suite retrouvé sur un rythme de 2h06 (29’49 aux 10 km), avant de faiblir progressivement (1h03’14 à mi-parcours), de se retrouver seul sur le dernier quart de la course et de terminer les 12 derniers kilomètres à une moyenne de plus de 3’10 au kilomètre. Résultat final : une bonne 10e place, mais loin du chrono rêvé, en 2h09’49. Auteur d’une course plutôt solide, Tade n’avait pas les moyens de profiter de la folie du marathon de Dubaï.
A l’interview après la course, Abraham regrettait de ne pas être parti avec le premier groupe. Il explique que son lièvre n’était pas assez fort et qu’il a dû beaucoup faire le rythme lui-même dès le 15e km. Réaction complète (en anglais) ci-dessous.
Commentaire | Les records, ça ne se bat pas sur commande
L’athlétisme suisse est sur une vague sans précédent. Sur le long, deux Genevois d’exception font régulièrement parler la poudre : Abraham, depuis de nombreuses années, depuis peu également Julien Wanders, plus fort encore que le premier. Toute fin 2018, Wanders a battu pour la deuxième fois consécutive le record d’Europe du 10 km sur route, énorme. Un mois plus tard, Abraham voulait faire de même sur marathon. Nous, évidemment, on y a cru, y a rêvé, en pleine nuit, les yeux grands ouverts sur le livestream, avant de se réveiller : les records, ça ne se bat pas sur commande. Ni les records personnels, ni les records nationaux, ni les records continentaux.
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