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Retour en arrière. On est en décembre 2016. Gros coup de tonnerre sur la planète athlétisme suisse : après avoir conduit le relais de 4×100 m au niveau mondial, Laurent Meuwly est écarté par Swiss Athletics de son poste d’entraîneur (notre article ici). « Cette décision a été prise avant tout pour permettre le retour dans l’équipe de Mujinga Kambundji ». Depuis, les filles n’ont cessé d’affoler les chronomètres et les adversaires. Avec deux records suisses à la clé : le premier dans le cadre d’Athletissima (42″53), le second en séries des Mondiaux de Londres (42″50). Cela avant une fabuleuse 5e place mondiale, le meilleur résultat de tous les temps d’un relais national. Le tout sous la direction de l’Allemand Ralph Mouchbahani, pourtant pas toujours apprécié par les flèches helvétiques.
Pile une année plus tard, nouveau changement, sans explication cette fois : « Raphael Monachon reprend la direction de l’équipe suite à la fin de la collaboration avec le coach Ralph Mouchbahani », indique Swiss Athletics. Joint via WhatsApp en Afrique du Sud, l’entraîneur en chef sprint/haies/relais Laurent Meuwly se réjouit : « Je suis très satisfait qu’un entraîneur suisse qui a fait ses preuves depuis plusieurs années avec les relais féminins des jeunes reprenne en main cette équipe ! Raphaël connaît bien les athlètes qu’il va diriger et va travailler dans la continuité des bases posées depuis 2011 ».
Raphaël Monachon est une figure bien connue de l’athlétisme romand. Ancien spécialiste international du 110 m haies, il a, aux JO de Sidney 2000, abaissé à 13″48 le record suisse de la spécialité : il est aujourd’hui encore le deuxième meilleur performeur suisse de tous les temps.
Suite à sa carrière, le sociétaire du CA Courtelary domicilié à Sonceboz dans le Jura Bernois a accompli une formation de nutritionniste et s’est engagé comme entraîneur au Centre national de performance Lausanne/Aigle (d’abord sous la direction de Patrick Buchs, puis Laurent Meuwly, avant Stéphane Diriwaechter). Il est au fil des ans devenu entraîneur national des haies hautes et du relais féminin U23, avec lequel il a décroché deux médailles de bronze aux Europe U23 en 2015 et 2017. Voilà que le travailleur de l’ombre se retrouve à un des postes les plus en vue de notre sport. ATHLE.ch l’a contacté par téléphone.
« Raph » à la tête du relais suisse à succès : quelle est ta réaction ?
C’est une super opportunité ! Je suis content de pouvoir continuer à l’échelon supérieur le travail fait avec les U23.
Se retrouver à la tête du joyau de la fédération, c’est aussi un risque…
Evidemment, mais je n’ai pas de crainte du tout. C’est une décision mûrement réfléchie. J’ai envie de travailler avec ces filles. Pour moi, c’est une excitation, une motivation, mais pas un risque. Je me réjouis d’y mettre ma patte.
Deux mots sur le relais et son prestigieux passé…
C’est clair qu’il a fait parler de lui ces dernières années. Le relais est un des produits phares de Swiss Athletics. Il s’est hissé à très haut niveau. Je me réjouis d’autant plus de poursuivre le travail et cette tradition d’un relais suisse fort.
Tu succèdes à Laurent Meuwly et Ralph Mouchbahani. Comment s’est passé la succession ?
On est venu me demander.
Qui est venu te demander ?
Laurent (Meuwly, l’entraîneur en chef sprint/haies/relais à Swiss Athletics, ancien entraîneur du relais, ndlr.) est venu me demander si j’étais intéressé. J’ai réfléchi pour voir si c’était possible : si j’avais les compétences, le temps nécessaire à disposition et bien sûr l’accord de la famille. Le job demande à certaines périodes un gros investissement.
Quid de Ralph Mouchbahani ? Il n’en est pas question dans l’annonce de Swiss Athletics…
Je n’ai pas eu de contact avec lui. Je ne sais pas comment la décision a été prise. Je n’en sais pas plus.
As-tu déjà eu des réactions des filles ?
Non, pas encore.
Quels sont les objectifs pour 2018 ?
Le but est clair : un podium à Berlin. Pour ça, on va continuer à travailler. Ça dépendra évidemment aussi du niveau des autres…
Tu as gagné deux médailles de bronze avec les U23. On remet ça avec le relais élite ?
Je serais satisfait avec le bronze, mais toutes les couleurs me vont !
Tu restes entraîneur national des haies hautes ?
Oui.
A combien s’élève désormais ton taux d’activité pour la fédération ?
Grosso modo à 40%, mais ça dépend des périodes. Je libère du temps selon les besoins des athlètes. Actuellement, je donne par exemple quelques entraînements à Géraldine Ruckstuhl dans le cadre de son école de recrues à Macolin.
Qu’est-ce que fait Raph à côté de l’athlétisme ?
Je suis enseignant en éducation nutritionnelle à l’école secondaire du Bas-Vallon à Corgémont.