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1. Silence radio de la part de Swiss Athletics
Les coureurs romands qui se sont rendu sur le site de Swiss Athletics dimanche soir ont été déçus : pas la moindre trace de la remarquable performance de Laura Hrebec ni du Lausanne Marathon. Il était logiquement question des Championnats suisses de marathon à Lucerne (où, en l’absence des meilleures spécialistes, la Vaudoise Claudia Bernasconi a décroché la médaille de bronze dans le bon chrono de 2h49), des minima réussis pour deux secondes par Michael Ott sur semi-marathon et de la performance d’une Swiss Starter au marathon de Frankfort. Mais aucune trace de Hrebec et de son chrono plus d’une minute plus rapide que les minima.
Explication de Swiss Athletics : Hrebec n’étant pas licenciée dans un club affilié à la Fédération, cette dernière a choisi de ne pas communiquer à son sujet : « En football, si un joueur veut être en équipe nationale, il doit aussi être licencié », argue Peter Haas, Chef de sport performance à Swiss Athletics, joint par téléphone.
Laura Hrebec reste toutefois sélectionnable pour les Championnats d’Europe d’Amsterdam : « Elle peut tout à fait prendre sa licence d’ici l’été prochain, si elle répond aux autres critères de sélection », explique au téléphone Louis Heyer, Entraîneur en chef courses à Swiss Athletics.
En plus d’une cotisation à la Fédération (CHF 70.-), la prise d’une licence (CHF 45.-) implique l’acceptation d’une charte éthique, notamment en ce qui concerne la question du dopage. Pas de souci cependant de ce côté-là pour Hrebec : la championne d’Europe en titre de duathlon est suivie par les instances anti-dopage via Swiss Duathlon, dont elle est membre : « J’ai déjà été contrôlée deux fois à la maison cette année », raconte l’intéressée.
2. Confusion sur l’homologation
Si les minima réussis par Hrebec à Lausanne ne sont pas reconnus par la Fédération, ce n’est toutefois finalement pas parce qu’elle ne possède pas de licence, mais parce que le parcours du semi-marathon ne correspond pas à toutes les « IAAF Competition Rules » (ICR) invoquées dans le concept de sélection de Swiss Athletics. En cause, un écart supérieur à 10,6 kilomètres à vol d’oiseau entre le départ et l’arrivée qui assure que les athlètes ne soient pas favorisé par le vent – par ailleurs protocolé nul au Lausanne Marathon.
Conseillée par Pierre Morath, Hrebec s’était pourtant renseignée sur l’homologation du parcours. Non pas auprès de la Fédération même, mais des organisateurs et du responsable de l’homologation du parcours. Ces derniers lui ont alors confirmé, à juste titre, que le parcours qui avait accueilli les Championnats suisses 2011 était homologué par l’instance officielle (IAAF/AIMS). C’était sans compter sur le concept de sélection de Swiss Athletics, reposant sur les normes ICR plus sévères. Pour la Fédération, un parcours peut être homologué sans correspondre pour autant aux ICR : il peut ainsi accueillir des compétitions officielles, mais ne peut valider de minima ou de records.
Autre exemple : le parcours du Genève Marathon. Si la compétition vient de recevoir la prestigieuse distinction « IAAF Road Race Bronze », son dénivelé négatif un tout petit peu trop important empêche la validation de records ou de minima.
3. L’interprétation du Comité de sélection de Swiss Athletics
Comme elle a elle-même pu fixer les minima et les conditions de sélection pour le semi-marathon des Europe d’Amsterdam, la Fédération suisse dispose d’une marge de manœuvre dans l’interprétation des performances. Dans le concept de sélection, Swiss Athletics se réserve d’ailleurs explicitement le droit de sélectionner des athlètes n’ayant pas obtenu les minima.
Le Comité de sélection prendra sa décision fin avril, au terme de la période de sélection. Hrebec ne pourra être fixée sur son sort avant cette date. Il lui reste cependant la possibilité de prendre le départ d’un nouveau semi-marathon correspondant auxdits ICR et de se commander une licence.
4. La question d’ATHLE.ch : quelle stratégie pour Swiss Athletics ?
La non-homologation de ses minima représente une grosse déception pour Hrebec, fautive uniquement de ne pas s’être renseignée au bon endroit. Pas licenciée auprès de la Fédération, Hrebec n’a sans le vouloir pas mis toutes les chances de son côté. En choisissant de snober la performance de la coureuse de Muraz (VS), Swiss Athletics suit toutefois une drôle de stratégie de communication, non seulement vis-à-vis de ses membres romands, mais de tout le peloton de coureurs populaires. Et ce alors même que Christoph Seiler, le nouveau président de Swiss Athletics, écrivait, dans « Le coin du président » du Magazine de mai dernier :
« Pour moi, il est juste inexplicable que le « monde de l’athlétisme » ait pu pendant si longtemps ne pas prendre au sérieux et laisser au bord de la route la scène du running. Changeons cela ! »
Hrebec avait déjà réussi la limite pour les Championnats du monde de Moscou 2013 sur marathon, Mondiaux auxquels elle n’avait pas cherché à prendre part en raison d’une grossesse. Alors qu’elle évolue à haut-niveau depuis plusieurs année, le seul contact qu’elle affirme avoir eu avec la Fédération est un mail reçu mi-septembre de la part de Louis Heyer, lui indiquant que les minima pour les Europe sur semi-marathon étaient fixés à 1h16’20 et que le concept de sélection serait bientôt en ligne sur le site de Swiss Athletics. C’est suite à son excellente performance à Morat-Fribourg le 4 octobre dernier (4e en 1h02) qu’elle a pris la décision de tenter sa chance à Lausanne. Pour le plus grand plaisir de toute la famille de l’athlétisme et de la course à pied romands. Mais a priori en vain, du moins question minima officiels…