Photo : par Kenny Guex, aux Championnats du monde U20 en 2014 à Eugene
« 36e de ces CM à plus de deux minutes du vainqueur… une belle leçon d’humilité et une grosse source de motivation », débriefait lundi, avec du recul, Wanders sur sa page Facebook. Dans la forme de sa vie, le jeune fondeur genevois ne cesse d’impressionner. Samedi encore, il a été bluffant : malgré un départ trop à l’instinct, trop rapide, il a admirablement bien tenu le choc et réussi l’une des meilleures performances jamais réalisées par un athlète suisse en cross. C’est pourtant sans lui, sur une autre planète, que s’est joué la victoire, finalement remportée au sprint par l’Ethiopien Yasin Haji.
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Deux minutes sur 8 km ? Un monde ! Très vite, on n’a plus vu le Genevois sur les images de la télévision. Comme tous les autres Européens, Américains et Asiatiques dans chacune des quatre courses au programme (juniors et élite hommes et femmes). La démonstration des coureurs éthiopiens, kenyans, érythréens et ougandais a été complète. A chaque fois dès les premiers mètres. Effleurant à peine le sol et relançant après chaque virage avec une aisance déconcertante, les coureurs des hauts plateaux semblaient encore plus intouchables qu’habituellement, que ce soit sur piste, ou sur route, où ils volent depuis longtemps déjà la vedette à tous les autres spécialistes. Wanders n’était pas dupe. Avant le départ, il savait à quoi s’attendre : « Il y aura de toute façon un gros niveau, car toutes les nations ont l’occasion d’envoyer chacune six coureurs aux CM de cross ».
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Tel est la grande différence : lors des CM sur piste ou sur marathon, chaque pays a le droit d’inscrire seulement trois coureurs par épreuve, ce qui permet tantôt aux meilleurs Européens et Américains de se ménager une place en finale et même, de manière tout à fait exceptionnelle, sur le podium – comme l’avait fait Viktor Röthlin en décrochant le bronze des Mondiaux d’Osaka (JAP/2007). Avec six places de départ par pays, la donne est forcément toute autre. Les grandes nations du fond mondial peuvent faire étalage de leur débordante richesse en matière de coureurs de classe mondiale. Lesquels, sans aucune peur, retenue ou autres considérations tactiques ne manquent pas de s’enthousiasmer parmi, plus que de raison, dans des luttes aussi folles que téméraires.
Samedi, à Guiyang, les Africains ont assuré le spectacle dans toutes les catégories : aucun athlète européen ou américain n’est parvenu à se ménager une place dans le top 10 d’une des quatre courses au programme. Avec pour meilleur résultat la 15e place de l’Espagnole d’origine… africaine Tirhas Gebre. L’athlète blanche a avoir le mieux tiré son épingle du jeu est la Championne d’Europe britannique Gemme Steele, 18e chez les femmes. Elle a cependant, comme Wanders, concédé plus de deux minutes sur 8 km à la vainqueur Kenyane Agnes Tirop. A vrai dire, un seul visage pâle est parvenu à rester sous la barre des deux minutes de retard : le champion des Etats-Unis Chris Derrick (24e), quant à lui pointé à… 1’53 sur les 12 km des hommes (quelque 11 secondes au kilomètre…).
Si le chronomètre est impitoyable, les images parlent d’elles-même. Vous trouverez ci-dessous une large compilation de la course des juniors hommes. Avec Wanders, qui apparaît certes à plusieurs reprises pendant la première minute, avant de passer à la trappe et de devoir se contenter de serrer les dents loin des caméras et des artistes Est-africains. Avec pour conséquence qu’au final seuls les (rares) connaisseurs ont à ce jour pu apprécier et s’enthousiasmer du très haut niveau auquel a évolué Wanders en Chine le week-end passé…
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