Le fléau de la suspicion
Les récentes affaires de dopage qui ont éclaboussé l’athlétisme kényan, très largement épargné jusque-là par les scandales, causent évidemment un tort considérable au sport qui nous est cher. Pas tant finalement parce qu’elles nous réapprennent que la tricherie s’insinue partout, y compris dans les contrées reculées de la Rift Valley. Mais surtout parce qu’elles vont encore attiser le climat de suspicision généralisé, parfaitement détestable. Certains risquent de tout mélanger.
Pas question ici, bien entendu, de trouver des circonstances atténuantes au dopage. Mais les athlètes kényans n’ont jamais eu besoin de consommer de l’EPO ou des anabolisants pour rafler les médailles et faire valser les records. A l’âge de 16 ou 18 ans, avec souvent pour seul entraînement les kilomètres avalés au pas de course sur le chemin de l’école, les Kényans ou Ethiopiens sont capables de courir un 5000 m sur piste cendrée en 14′. Une performance qu’un athlète européen élevé dans un environnement confortable mettrait, dans le meilleur des cas, des années à atteindre au prix d’un entraînement poussé. De même, Usain Bolt, à 16 ans, courait le 200 m en 20’25, bien en dessous du record de Suisse… Si dopage il y a au Kenya comme en Jamaïque – une réalité que nous n’occultons pas -, nous sommes persuadés que cela n’explique en rien la supériorité des « fondeurs » des hauts plateaux et des sprinters caribéens. D’ailleurs, la plupart du temps, les dopés de ces contrées ne sont pas des athlètes de premier rang, mais d’autres, moins doués, à la recherche de raccourcis pendables.
Tout ça pour dire que, non, tout le monde ne se dope pas ! Marre d’entendre ces commentaires perfides, notamment dans les pelotons des courses populaires, affirmant qu' »untel est chargé », simplement parce qu’il aurait gagné les 10 km de Moudon ou le cross de Rechthalten-Dirlaret (au hasard). Franchement, soyons sérieux : point n’est besoin de recourir à la pharmacopée pour courir un 10 km en 30 minutes ou même en 28. Ceux qui jettent la suspicion à tout-va et haussent les épaules à la moindre performance ne font qu’alimenter un climat de suspicion aussi malsain que le dopage lui-même. En péchant par orgueil et ignorance. Ne serait-il pas plus juste d’accepter qu’il existe tout simplement des athlètes plus doués (et plus travailleurs) que soi ?
Olivier Petitjean
Il ne fait aucun doute que certains athlètes sont mieux prédisposés ou ont grandi dans un environnement plus adapté à la pratique d’un sport de performance que d’autres… Mais quel rapport avec la question du dopage!?
j’ai essayé de courir naturellement plus vite sur 200m mais même si Usain Bolt courrait bien plus vite, à 16 ans, que le record suisse….( je site l’article), il y a toujours eu des suspicions même pour les athlètes de mon petit niveau… ce qui est important c’est d’être claire avec l’orientation que l’on veut mettre tout au long de sa carrière. Les suspicions dans la réussite sportive sont malheureusement inévitables et il est utopique de penser le contraire même si dans l’idéal on devrait pouvoir faire confiance à tous les sportifs pratiquants…
Quand je pense que certains athlètes sont contrôlés positifs parce que la personne chargée du contrôle s’est trompé de case. Il y a eu bien des surprises ces dernières années!!!