Sierre-Zinal, mon expérience : Morgane Crausaz raconte le mythe MONTAGNE | La mythique course de montagne Sierre-Zinal a vécu sa 50e édition samedi en couronnant le Kenyan Philemon Obomgo en 2h27’27 et l’Américaine Sophia Laukli en 2h53’17. Si les records de Kilian Jornet (2h25’35) et Maude Mathys (2h49’20), blessés, ne sont pas tombés, le niveau du plateau élite comptait comme chaque année plusieurs des meilleurs coureurs mondiaux. La bataille pour les premières places et l’arrivée de tout un chacun a fait frémir d’émotions les nombreux spectateurs. Sierre-Zinal n’est pas seulement une course, c’est une aventure, qui prend tout son sens quand on chausse les baskets. Top 10 international, top 5 suisse et liens vers les résultats en bas d'article.

Avec ses 31 km et 2000 m de dénivelé, la course Sierre-Zinal impressionne, d’autant plus si on y participe pour la première fois. « Elle est belle, mais qu’est-ce que c’est dur ! », « C’est la course des crampes ! », « Si tu es cuit à Ponchette, c’est mort ». Sympa. De quoi être en confiance la veille de la course, devant son plat de pâtes. Mais il y a aussi l’excitation, la réjouissance de courir sur les sentiers du Val d’Anniviers et de participer à un événement de renommée internationale, mis en avant par les réseaux sociaux et les médias à quelques jours de la date butoir. J’y suis, c’est une chance.

9h25 : départ en bus de Vissoie : les gens discutent. Coureurs et marcheurs se mélangent, l’ambiance est bon enfant. A mesure que le car postal se rapproche de Sierre, les passagers se taisent, l’aire de départ est désormais visible. « Coureurs, vous descendez ici ! Bonne course ! ». Légère tension, rapidement balayée par le flot de coureurs aux liquettes multicolores qui attendent le coup de pistolet. Il y a ceux qui courent, ceux qui attendant à l’ombre, ceux qui s’étirent. Soudain, le bus des élites. Thibault Baronian, Francesco Puppi, Nienke Brinkman : les stars sont là, juste là. Waouh. Le speaker appelle les coureurs du bloc 1 à se mettre en place ; retour à la réalité.

Entre plaisir et souffrance

Les coureurs élites sont présentés, l’hélicoptère vrombit au-dessus de nos têtes, on fait coucou à la caméra, et c’est le départ. Les gens courent, ça bouchonne jusqu’à la sortie du sentier, puis la largeur de la route permet de trouver sa place, de trouver un rythme. On monte, plus ou moins tranquillement jusqu’à Niouc, puis la pente s’accentue. Le nombre de marcheurs aussi. Mains sur les cuisses, le peloton s’étire, serpente entre la végétation qui change progressivement. Chaque léger replat est une invitation à courir : on tente, on grimace, on remarche, on recourt… joli méli-mélo de techniques. Après Ponchette, le sentier est plus roulant, les arbres ont disparu : la course commence. Les quadriceps sifflent un peu, rappelant l’effort précédent, mais un rapide coup d’œil au panorama qui nous entoure nous pousse à continuer. Chandolin, Tignousa : les encouragements des spectateurs présents donnent une force incroyable, les jambes tournent, j’ai un plaisir énorme à enchaîner les kilomètres. A l’approche du Weisshorn, chaque petite montée devient plus difficile, la bonne gestion de son effort et de ses ravitaillements devient déterminante. Chaque coureur semble dans sa bulle, avançant mécaniquement. La force du mental entre en jeu pour tenir ces derniers kilomètres de montée. Soudain, des acclamations et un bruit de… tronçonneuse ? rompent le bruit régulier de mes pas. Des drapeaux rouges, un monde de fou, et un panneau d’avertissement « Virage des Gruériens ». Je souris malgré l’effort, c’est incroyable. Et c’est bien une tronçonneuse.

Le bouquet final

L’hôtel Weisshorn, la plaine de Nava, puis c’est la descente sur Zinal. Le rythme s’accélère, le chrono et les places entrent en jeu. On joue aux équilibristes sur les pierres, on allonge quand on peut. La fatigue se fait clairement sentir, le manque de lucidité aussi, mais l’arrivée est proche. Les deux derniers kilomètres font souffrir le martyre ; la descente est raide et les jambes peu habituées à ce type d’effort ; les crampes arrivent. Je dois marcher, je perds des places, je peste contre moi-même, je cours comme je peux et franchis la ligne d’arrivée avec soulagement. Le chrono (3h29’21) est moyen, les jambes sont carbonisées, le ventre retourné… mais la joie est là, avec les nombreux sourires autour de moi. Sierre-Zinal est une aventure, mais qu’est-ce qu’elle est dure, mais qu’est-ce qu’elle est belle.

Morgane Crausaz

Top 10 hommes

  1. Philemon Ombogo Kiriago (Kenya) 2h27’27
  2. Patrick Kipngeno (Kenya) 2h28’50
  3. Kibet Kevin (Kenya) 2h34’16
  4. Cachard Sylvain (France) 2h34’22
  5. Delorenzi Roberto (Suisse) 2h35’17
  6. Simpson Robbie (Grande-Bretagne) 2h35’59
  7. Baronian Thibault (France) 2h36’24
  8. Chevrier Xavier (Italie) 2h36’57
  9. Shafar Vitaliy (Ukraine) 2h37’33
  10. Maestri Cesare (Italie) 2h37’46

Top 10 femmes

  1. Laukli Sophia (USA) 2h53’17
  2. Njeru Joyce Muthoni (Kenya) 2h57’19
  3. Kisang Philaries Jeruto (Kenya) 3h01’06
  4. Yao Miao (Chine) 3h04’05
  5. Gaggi Alice (Italie) 3h05’38
  6. Brinkman Nienke (Hollande) 3h05’48
  7. Florea Monica Madalina (Roumanie) 3h06’33
  8. Mclaughin Allie (USA) 3h08’07
  9. Pooley Emma (Grande-Bretagne) 3h09’07
  10. Murigi Lucy Wambui (Kenya) 3h09’10

Top 5 Suisses

  1. Delorenzi Roberto (Brooks Trail Runner / Sigirino) 2h35’17
  2. Kyburz Matthias (Salomon Switzerland / Liebefeld) 2h39’30
  3. Hadorn Joey (Salomon Switzerland / Berne) 2h41’09
  4. Drion Maximilien (BCVS Asics Team / Vercorin) 2h48’51
  5. Vermeulen Kevin (Inov-8/ Mollens) 2h49’24

Top 5 Suissesses

  1. Liaci Oria (Triathlon Club Valais / Martigny) 3h13’57
  2. Leboeuf Theres (Team Leboeuf-Compressport / Aigle) 3h14’41
  3. Moerman Charlotte (Salomon Suisse / Aigle) 3h28’59
  4. Crausaz Morgane (Team La Vallée / Pleigne) 3h29’21
  5. Fässler Nadja ( – / Weissbad) 3h30’51

Lien vers les résultats complets

Commentaires

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Auteur

2 Comments

  1. Céline Fust said:

    Bravoooooo la Momo! Magnifique perf et joli récit! Ça donne les fourmis dans les jambes 😊

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