Photos : PAB

Disons-le d’emblée, le concept de protection que nos autorités ont imposé au Lausanne-Sports Athlétisme a été scrupuleusement respecté par chacun; bravo et merci à tous ! Hélas il faut bien avouer qu’à cause de ces contraintes drastiques, on s’est parfois ennuyé ferme au stade Olympique de la Pontaise. Ce n’est évidemment pas le niveau de performance des athlètes et encore moins l’organisation du club Bleu & Blanc qui est à incriminer, mais bien la façon dont cette compétition a dû être tenue. Franchement, dans un stade aussi grand que celui de la Pontaise, les autorités auraient pu lâcher quelque peu la bride, histoire que d’autres athlètes aient également pu participer à cette compétition. Au lieu de cela, ils ont dû ruminer leur frustration à la maison. À ce rythme-là, l’athlétisme – comme bien d’autres sports – va aller droit dans le mur !
Heureusement, sportivement parlant, les athlètes qui ont eu la chance de participer à ce meeting Mémorial Paul Luginbühl, 27ème du nom, ont souvent assuré un spectacle de grande qualité. Il a fallu patienter longuement avant de pouvoir vivre les concours phares du jour, à savoir le saut en hauteur masculin et féminin; mais cette attente a été largement récompensée par des prestations hors du commun. Sur le sautoir côté nord, Marithé Engondo (Lausanne-Sports/U20) est accompagnée trois barres durant par Hannah Dulex (CA Riviera/U23). En franchissant chaque hauteur à son premier essai, Hannah parvient à battre d’un centimètre son record en plein air (1,69 m en 2018 à Frauenfeld) et à égaler son record absolu (1,70 m en salle l’an dernier à Macolin). La suite du concours voit Marithé Engondo enchaîner des sauts d’excellente facture. Elle franchit sans bavure 1,76 m, puis 1,79 m, une performance qui lui assure la limite pour les championnats d’Europe U20 à Tallinn. À la barre suivante, l’enjeu est maintenant d’égaler une nouvelle fois le record vaudois placé par elle-même à trois reprises à 1,82 m (Sion et Baku en 2019, ainsi que Bâle l’an dernier). La facilité avec laquelle est franchie cette hauteur fait penser que les minutes à venir vont être grandioses. En effet, la Lausannoise fait désormais placer la barre à 1,85 m, synonyme de qualification pour les championnats du monde U20 à Nairobi. Sa longue concentration en dit long sur l’importance de ce saut et, sans complexe, elle transforme cette occasion en or en franchissant cette hauteur dès son premier essai. Sous les cris de ses supporters, Marithé exulte sur le tapis, puis applaudit sa performance qui représente également un nouveau record romand, chipé à Nelly Sébastien (SEP Olympic La Chaux-de-Fonds) et ses 1,84 m réussis en 1996 à Lyon alors qu’elle n’était que première année U18. On le sait très bien, un ou une athlète doit savoir profiter de la totale plénitude de ses moyens. C’est ainsi que Marithé Engondo saisit ce moment magique pour tenter maintenant de battre le record suisse U20 détenu depuis 2016 par Salome Lang (Old Boys Basel). Ses trois essais à 1,87 m sont convaincants, mais il manque encore un tout petit rien qui pourra être facilement trouvé à court terme.
Parallèlement, les hommes sont en lice sur le sautoir côté sud. Vivien Streit (US Yverdon) profite de ce concours pour débuter anormalement bas, ce qui lui permet de sauter à de nombreuses reprises. Il passe finalement 2,00 m et il s’en tient là. Loïc Gasch (US Yverdon) prend à ce moment-là le relais de son camarade d’entraînement en débutant son périple à 2,10 m, ceci pour un saut de réglage. Et effectivement, il faut parfaire les marques car son appel était beaucoup trop loin de la barre. Son deuxième essai est en cela important et finalement fort bien maîtrisé. On monte à 2,15 m et on retrouve le même genre de problème, à nouveau rectifié au deuxième essai. À 2,20 m, la machine semble enfin bien huilée car Loïc franchit cette hauteur du premier coup avec une marge impressionnante. Debout sur le tapis, son cri contre la barre indique surtout que le boss est de retour. Alors que le jury place désormais la latte à 2,25 m, on commence à se dire qu’on va vivre un concours d’anthologie. Le premier essai de Gasch est manqué d’un rien et, à l’instar de ses barres inférieures, la mire est peaufinée de main de maître à sa seconde tentative. Comme le 31 juillet 2020 à Aarau, Loïc Gasch demande une barre à 2,30 m. Si on avait été subjugué par son saut – un record romand qu’on n’avait vu que via les images vidéo d’ATHLE.ch – là tout se déroule sous nos yeux et on en profite évidemment au maximum. Son premier essai à 2,30 m est manqué de peu, mais on reste confiant envers le Nord-Vaudois, qui exécute à nouveau un deuxième essai magistral : contrairement à Aarau, ces 2,30 m sont cette fois-ci esquivés sans être touchés ! Le record romand étant égalé, place maintenant au show ultime avec une barre placée à 2,33 m. La première tentative est certes manquée, mais Loïc n’est de loin pas ridicule. Et si ce 8 mai 2021 était marqué par des seconds essais de folie ? Une fois de plus la bonne trentaine de personnes présente autour du sautoir bat des mains un rythme qui est censé motiver plus que jamais celui qui pourrait être, dans quelques secondes, un véritable héros. Le moment est savoureux car on se rend compte que le niveau mondial est bel et bien présent sur le sautoir de la Pontaise. Le dos contre le grillage, Loïc Gasch semble serein. Il s’élance énergiquement pour réaliser son onzième saut de la journée, de loin le plus important de sa carrière. L’appel est vif comme jamais et son timing est si parfait qu’il parvient à esquiver la barre en la faisant à peine frétiller sur ses taquets. Oui, ces 2,33 m sont franchis avec la plus fabuleuse des maestrias. Étendu sur le tapis avec la tête dans ses mains, Loïc prend conscience qu’il vient d’atteindre deux de ses plus grands objectifs : il efface d’une part le plus vieux record suisse (39 ans, 11 mois et 30 jours) détenu par Roland Dalhäuser (TV Birsfelden) et ses 2,31 m réussis le 7 juin 1981 à Eberstadt. D’autre part, son rêve olympique devient une réalité et ce n’était absolument pas évident de concrétiser un tel projet. Enfin, belle cerise sur le gâteau, Loïc établit la meilleure performance mondiale de l’année, qui appartenait au Néo-Zélandais Hamish Kerr avec 2,31 m.

Tous les suiveurs de l’athlétisme suisse le savent bien, ce qui vient de se produire à la Pontaise est absolument fabuleux. En effet en déboulonnant Roland Dalhäuser de son piédestal, Loïc Gasch a réalisé un exploit monumental, encore plus retentissant que celui d’Irene Pusterla (VIGOR Ligornetto) lorsqu’elle avait détrôné en 2010 à Lugano l’icône du saut en longueur helvétique qu’était Meta Antenen (LC Schaffhausen). À moins de trois mois des Jeux Olympiques de Tokyo, tous les voyants sont donc au vert pour le Vaudois. On souhaite, à lui et son staff, de trouver la meilleure voie possible en direction de leur rendez-vous olympique.
Ce mémorial Paul Luginbühl 2021 a donné la possibilité à une vingtaine de Vaudois de réaliser des performances très intéressantes. Chez les hommes, Bradley Lestrade (Lausanne-Sports/U23) et Jérémy Valnet (Lausanne-Sports/U20) ont fait honneur à leurs nouvelles couleurs. Le Neuchâtelois (ex-GG Bern) a été très rapide sur 150 m en 16″05 et il a également couru son 300 m en 34″68. Le Gruérien (ex-SA Bulle) remporte quant à lui le 300 m en 34″18 après avoir couru le 150 m en 16″52. Orphelin de Sylvain Chuard, qui court désormais pour la FSG Bassecourt, le club de la Pontaise possède à nouveau de bons sprinters, ceci sans compter l’éclosion des deux cadets Jonathan Gou Gomez (Lausanne-Sports/U18) et Kevin Ray (Lausanne-Sports/U18) qui ont été crédités de 11″17 et de 11″39 sur 100 m. Très agréable à suivre, le 600 m a livré un bon résultat d’ensemble avec les 1’20″80 de Luca Corthésy (Lausanne-Sports/U23), mais aussi les 1’21″27 de Timo Roth (US Yverdon), les 1’21″74 de Timothée Antier (COVA Nyon), les 1’23″15 de Romain Fridez (Lausanne-Sports/U18) et les 1’23″36 du Français Victor Amiot (Stade Lausanne). Dans les disciplines techniques, on se plaît à relever deux jolis résultats dans les lancers : les 13,20 m de Florent Ramseier (CA Riviera/U23) au poids et les 52,34 m de Jérémy Sauvageat (Lausanne-Sports/U20) au javelot.
Chez les femmes, on attendait principalement deux courses : le 150 m et le 600 m. Les sprinteuses Vaudoises sont sorties vainqueurs dans leur duel face aux Fribourgeoises. Léonie Pointet (CA Riviera/U23) a été la plus véloce en 17″95, nouveau record personnel. Juste derrière on retrouve Melissa Gutschmidt (Lausanne-Sports/U20) qui a égalé son record avec 18″10. Sur 600 m, Lore Hoffmann (ATHLE.ch) a choisi d’imprimer le meilleur tempo possible pour sa camarade d’entraînement Sabine Bonvin (ATHLE.ch). Si le temps de 1’33″96 de Lore est anecdotique, celui de Sabine représente un nouveau record personnel, pour un centième, en 1’34″05.

PAB

Résultats

27ème meeting Mémorial Paul Luginbühl | Lausanne | 08.05.2021

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Meilleures performances vaudoises 2021

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