À bientôt 27 ans, Meta Antenen va au-devant d’un nouveau grand défi : celui de se qualifier pour ses troisièmes Jeux Olympiques, en l’occurrence ceux de 1976 à Montréal. Devenu récurrent, le sujet de ses blessures à répétition est aux yeux des spécialistes un frein énorme à ses ambitions d’ordre olympique. Pourtant comme d’habitude, Meta prend part aux championnats d’Europe en salle les 21 et 22 février à Munich. Les trois petits Suisses engagés dans cette compétition n’ont pas eu de chance au niveau de leur déplacement. Bloqués à l’aéroport de Kloten par le brouillard, ils doivent finalement prendre le train et n’arrivent à Munich que vendredi soir à 21:30, une heure bien tardive pour se restaurer. Devant se lever tôt pour se préparer aux séries du 60 m haies, Meta Antenen devient quelque peu nerveuse et elle a de la peine à dormir. On le remarque immédiatement durant sa course : elle part de façon quelconque, manque de vitesse et ne parvient pas à effacer les haies comme elle sait si bien le faire. Le verdict d’une élimination dès les séries en 8″59 n’était pas prévu. Elle tente alors de se rattraper au saut en longueur, mais là aussi on sent qu’elle n’est pas encore en top forme. Malgré un bond appréciable à 6,22 m, elle doit admettre six concurrentes devant elle, dont la Soviétique Lidia Alevejeva qui remporte le titre avec 6,64 m. Il s’agit là d’une belle déception, pourtant Meta Antenen peut se vanter d’avoir obtenu sept podiums dans ces championnats d’Europe en salle, soit à ce moment-là tout simplement le bilan le plus prolifique de l’histoire de cette compétition.
Les blessures reprennent au début de la saison en plein air
La saison 1976 en plein air débute le 1er mai à Wallisellen. À deux mois et demi des Jeux Olympiques de Montréal, ce meeting revêt déjà d’une importance relativement capitale car plus vite les minimas seront atteints, plus facile ce sera au niveau de la préparation. Meta rencontre à cette occasion sa camarade d’entraînement Isabella Lusti. Le duel est passionnant et au final Meta doit s’incliner pour trois centimètres : 6,29 m contre 6,32 m. Elle enchaîne le 5 mai pour un meeting à Singen où elle court un 100 m en 12″1 et saute à 6,14 m en longueur. Hélas en début de semaine suivante, elle se fait une élongation à la cuisse et elle doit lever le pied pendant tout le mois de mai. Son retour est programmé pour le 7 juin à Bâle à l’occasion du Mémorial Susanne Meier. Les conditions de vent sont souvent trop favorables à la Schützenmatte, Meta réussit 6,48 m avec un vent de +3,4 m/s, alors qu’Isabella Lusti réalise 6,53 m avec +2,2 m/s. Ce jour-là, Meta a failli perdre deux records suisses : la Saint-Galloise Isabella Keller égale son record suisse du 100 m en 11″68 et Regula Frefel (LV Winterthur) frôle pour 29 points seulement son record suisse du pentathlon. Il ne reste plus beaucoup de compétitions pour atteindre les minimas pour les Jeux Olympiques. L’une des dernières chances se dispute le 20 juin dans le cadre du quatrième Westathletik à Vienne. L’attention est braquée entièrement sur le saut en longueur, dominé par la présence du tandem Antenen-Lusti. Au vu du sens du vent, les organisateurs acceptent d’émigrer pour que les concurrentes puissent sauter avec le vent dans le dos. Meta Antenen se donne une peine inouïe, mais elle ne put faire mieux que 6,24 m (+2,4 m/s, 6,14 m réguliers).
Le lendemain, la Schaffhousoise prend part à une séance d’entraînement dans le but de préparer le meeting d’Helsinki qui est à venir. Alors qu’elle s’adonne à un footing et qu’elle aborde une montée, elle ressent une vive douleur à son mollet gauche. Le verdict, sans appel, est une déchirure musculaire. Meta Antenen ne participera donc pas aux Jeux Olympiques de Montréal car elle va être contrainte à quinze jours d’inactivité, au minimum. Cette blessure porte un coup dur non seulement à la Schaffhousoise, mais aussi à l’athlétisme helvétique, dont elle a été incontestablement l’ambassadrice No 1 de ces dix dernières années.
Fin de carrière à 27 ans !
Les trois « M » espérés par Meta Antenen (Mexico, Munich, Montréal) ne se produiront donc pas pour elle. Cette déception, couplée à toutes les blessures subies depuis le mois d’avril 1972, font que la décision tombe assez rapidement : à 27 ans, Meta Antenen fait ses adieux au sport de haut niveau. Très symboliquement, elle tourne également le dos à sa ville natale, Schaffhouse, dans une sorte de détachement d’adolescente. Au fil des ans, elle s’était habituée au fait qu’elle était une personnalité publique en tant qu’athlète. Mais maintenant, elle veut se distancer de sa carrière sportive et se plonger dans une vie normale. Elle trouve un travail en tant que graphiste à Bâle. Trois ans plus tard, elle se marie avec Beat Mathys. Son vœux des trois « M » devient ainsi une réalité puisqu’elle s’appelle désormais Meta Maria Mathys. Deux enfants sont nés de cette union : Simon et Nina.
Une statue en l’honneur de Meta Antenen
L’artiste Schaffhousoise Els Pletscher (1908-1998) a créé une statue en l’honneur de la championne Meta Antenen. Dans un premier temps, Migros avait acheté le plastique et l’avait placé devant l’entrée principale du marché Herblinger à Schaffhouse. Le 13 août 2003, la statue a été déplacée sur le stade du Munot où Meta Antenen s’est entraînée durant toute sa carrière. La statue a été dévoilée en présence de Meta Mathys-Antenen lors d’une belle cérémonie. Jack Müller, l’entraîneur de Meta, était également de la partie.
PAB
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