ATHLE.ch VINTAGE | BIOGRAPHIE META ANTENEN / EPISODE 6 | Apparue au niveau national en 1964 à l'âge de 15 ans, Meta Antenen va rapidement atteindre le niveau européen en 1966, puis mondial dès 1968. ATHLE.ch VINTAGE propose de revivre la carrière exceptionnelle de Meta Antenen, la première icône féminine de l'athlétisme suisse. Le sixième des vingt épisodes de cette biographie est consacré à la saison 1967 qui permet à Meta Antenen de construire les bases de son rêve olympique.

Cinq années d’entraînement junior axées sur le plaisir sont derrière Meta. Le but est désormais de la préparer de manière complète et systématique afin d’atteindre la performance maximale et de créer des bases stables. L’accent a été mis sur le développement d’une large base en termes de capacités physiques, de compétences techniques et de qualités mentales et morales. Un autre aspect a désormais changé : la notoriété. Meta reçoit jour après jour une montagne de courrier de fans suite au grand succès remporté à Odessa. Après une pause bien méritée de quatre semaines, Meta reprend sa préparation le 25 octobre 1966. En janvier 1967, Meta reçoit une offre très lucrative de l’U.R.S.S. pour une tournée d’une durée de deux semaines. Les Russes voulaient présenter la jeunesse de leur pays à des fins de propagande en faveur de l’athlétisme féminin. Mais en raison du contrôle du sexe introduit à Budapest, de nombreuses athlètes avaient soudainement disparu du circuit athlétique. Sagement, la Schaffhousoise a renoncé. Il est vrai que la nouvelle orientation de sa préparation lui requiert la plus grande concentration.

Double finaliste aux Jeux européens en salle à Prague
Comme l’an dernier à Dortmund, Meta Antenen prend part aux Jeux européens en salle qui se disputent cette fois-ci du 11 au 12 mars 1967 à Prague. Porte-drapeau de l’athlétisme helvétique, la jeune athlète, âgée maintenant de 18 ans, s’est mise en évidence dans la Sportovni Hala. Le premier jour elle s’est qualifiée pour la finale du 50 m haies avec le troisième chrono en 7″2, mais aussi pour celle du saut en longueur avec la cinquième performance du jour avec 6,15 m, nouveau record suisse en salle. Le lendemain, Meta s’aligne d’abord dans la finale du saut en longueur. Elle franchit la ligne des six mètres à chacune de ses six tentatives et atteint à deux reprises 6,11 m, ce qui la classe au cinquième rang notamment derrière un trio de choc qui va bientôt faire parler de lui : la Norvégienne Berit Berthelsen (6,51 m), l’Allemande Heide Rosendahl (6,41 m) et la Roumaine Victoria Viscopoleanu (6,40 m). En finale du 50 m haies, Meta réédite son chrono de la veille et ses 7″2 lui donne la sixième place d’une course remportée par la championne olympique Karin Balzer (Allemagne de l’Est) en 6″9, nouveau record du monde en salle. On le voit, Meta Antenen se trouve seulement à trois dixièmes du top niveau mondial.

Gestion d’une saison de transition
Cette belle sortie indoor tchécoslovaque connaît un prolongement le 2 avril à Ravensburg où deux victoires sont fêtées avec 7″6 sur 60 m et 8″7 sur 60 m haies. Ceci doit la lancer la saison 1967, qui est à vrai dire une véritable saison de transition. Il faut en effet que Meta s’adapte à ses nouvelles capacités physiques. Les premiers fruits mûrs sont cueillis le 2 juin avec un premier record suisse, celui du 80 m haies. Alors que le mythique album des Beatles « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band » est sorti la veille, Meta se trouve à Sofia où elle prend part à une course fort relevée qui est remportée par la Polonaise Elzbieta Bednarek en 10″7. En terminant sur la même ligne que deux Bulgares en 10″9, Meta améliore ainsi le record national de deux dixièmes. Ce chrono, qui tenait depuis le 14 août 1965 à Zurich, avait résisté aux assauts l’an dernier car l’athlète du LCS l’avait seulement égalé à deux reprises. Parallèlement à cette course, la Schaffhousoise court également le 100 m en 12″1 et saute 5,98 m en longueur. Les compétitions suivantes ne sont par contre pas du meilleur niveau, à l’instar du meeting Mémorial Susanne Meier le 25 juin à Bâle où par un temps chaud et lourd, Meta saute 1,60 m en hauteur et 5,92 m en longueur. Ces compétitions représentent pourtant un bon moyen de se régler et de s’affûter afin d’être prête lorsque ce sera vraiment important.

Une montée en puissance au mois de juillet
Le 2 juillet, lors des championnats régionaux est, elle établit une meilleure performance suisse de la saison au saut en longueur avec 6,21 m. Deux semaines plus tard, elle prend part à Winterthour aux championnats suisses de pentathlon. Très nette vainqueur de la compétition avec plus de cinq cents points d’avance, Meta n’a manqué son record suisse que pour trente-huit unités seulement avec 4’571 points. Elle a réussi une bonne entrée en matière en égalant le record suisse du 80 m haies en 10″9, mais la suite a été plus moyenne avec 9,80 m au poids, 1,60 m en hauteur, 5,92 m en longueur et 25″4 au 200 m. Le mois de juillet se termine par un match triangulaire France espoires-Belgique-Suisse à Saint-Maur. Dans un stade qui représente un haut-lieu de l’athlétisme en France (les fameuses soirées de Saint-Maur), Meta est l’une des deux athlètes suisses à s’imposer, au 80 m haies.

La première blessure
À partir de ce week-end français, la Schaffhousoise doit soigner sa première blessure : une bursite et inflammation du périoste. La classique périostite vient donc momentanément freiner son ascension. Afin de ne pas compromettre l’objectif principal que sont les Pré-Olympiques de Mexico en octobre prochain, Meta interrompt sa préparation et doit notamment renoncer pour la première fois aux championnats suisses simples qui se disputent les 2 et 3 septembre à Bâle. Présente non loin de la tribune de presse de la Schützenmatte, Meta distribue gentiment des autographes, commente presque chaque épreuve et s’intéresse passionnément à celles qui l’auraient concernées. Devant le spectacle donné par les autres athlètes féminines, un journaliste ose même déclarer que l’athlétisme féminin suisse sans Meta Antenen, c’est comme un jour où le soleil est voilé ! La blessure de Meta s’est heureusement très vite résorbée. Pour en avoir le cœur net, elle prend part à un petit meeting chez elle au Munot. Les 11″3 réalisés sur 80 m haies sont anecdotiques car l’essentiel était de ne plus ressentir de douleurs au tibia.

Un camp d’entraînement en altitude à Saint-Moritz
Rassurée sur sa santé physique, Meta Antenen se déplace le lundi suivant à Saint-Moritz pour rejoindre le camp d’entraînement destiné aux participants des Pré-Olympiques de Mexico. Douze jours de préparation sous la surveillance d’entraîneurs et de médecins; le Comité Olympique Suisse ne lésine pas sur les moyens. Meta et ses camarades de l’équipe suisse Werner Düttweiler du TV Liestal, recordman suisse du décathlon avec 7’654 points, et Hansruedi Knill (LS Brühl St.Gallen), le meilleur coureur de demi-fond helvétique de moment ont rejoint d’autres sportifs comme les tireurs Erwin Vogt et Ludwig Hemauer, les champions d’Europe de double scull Melchior Burgin et Martin Studach, les escrimeurs Peter Loetscher et Bernard Kauter et les gymnastes Meinrad Berthold et Roland Hurzeler. Les entraînements de Meta sont structurés en fonction des spécificités de l’altitude. La piste de Saint-Moritz se situe à 1750 m au-dessus du niveau de la mer, alors que Mexico culmine à 2200 m d’altitude. Rien n’est laissé au hasard tout au long de la semaine et demi passée en Haute-Engadine. Elle va certainement être bénéfique au niveau de la forme de tous ces sportifs.


À Saint-Moritz, rien n’est laissé au hasard dans la préparation de Meta

Quatre records nationaux et deux limites olympiques lors des Pré-Olympiques à Mexico
Le 23 septembre, une semaine de repos et de régénération est accordée à Meta Antenen, puis c’est le grand départ le 1er octobre à bord d’un long courrier de Swissair à destination du Mexique via New York, où la délégation suisse composée de onze athlètes et de huit officiels, dont les superviseurs Armin Scheurer et Jack Müller pour l’athlétisme, est accueillie par le Lausannois Jean Weymann, chef de mission et secrétaire du Comité Olympique Suisse. Une fois arrivée à Mexico, Meta Antenen possède une période de deux semaines pour s’acclimater pleinement aux conditions particulières régnant dans la mégapole mexicaine.
Les compétitions des Pré-Olympiques ont débuté le 15 octobre, comme ce sera le cas dans un an pour les Jeux Olympiques de 1968. Meta, qui est engagée dans le pentathlon, va pouvoir tester les installations olympiques de l’Estadio Olímpico. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles doivent être de qualité exceptionnelle car la Suissesse va réaliser des prodiges tout au long des deux journées de compétition. Elle a débuté par un 80 m haies satisfaisant en 11″0. Il s’agit du meilleur chrono à égalité avec la Hongroise Antamarina Kovacs. Mais étonnamment la piste en tartan lui a causé des problèmes de cadence qui se sont vues sur le sixième et le dixième obstacle. Au poids, sa discipline faible, elle a réussi 10,43 m, ce qui mine de rien constitue son record personnel. Au saut en hauteur, elle a franchi 1,59 m, ce qui par contre est inférieur à ses performances habituelles. Au terme de la première journée, elle occupe une très belle quatrième place avec 2’723 points, un total qui peut lui laisser espérer d’améliorer son record suisse.
Le second jour de ce pentathlon des Pré-Olympiques débute de la meilleure des façons pour Meta Antenen puisque le saut en longueur, sa discipline de parade, lui permet de créer un premier vrai exploit. Après un premier saut assuré à 5,94 m, Meta a pu se lâcher pleinement, ce qui lui a permis de battre le record suisse avec un superbe 6,25 m. Elle améliore de deux centimètres la performance qu’elle avait établi lors des championnats d’Europe l’an dernier à Budapest et elle confirme également la limite pour les Jeux Olympiques de 1968. Son troisième essai ne sera pas du même niveau avec 6,08 m, mais il confirme que Meta est bien la meilleure de toute dans cette discipline car aucune des autres participantes de ce pentathlon n’a fait mieux que le moins bon de ses essais. Une heure et demie plus tard, elle prend une belle deuxième place dans sa série du 200 m. Son chrono 24″9 représente là aussi un nouveau record suisse qui était détenu conjointement par Ruth Schmutz (LC Basel) et Marianne Kern (LC Zürich) avec leurs 25″0 réalisés le 23 septembre dernier à Aarau. Cet enchaînement de performances de choix permet à la Schaffhousoise de terminer au quatrième rang et surtout de battre le record suisse du pentathlon avec 4’709 points, soit pile 100 points de mieux que son total réalisé à Odessa l’an dernier lors de son titre européen chez les juniores. «C’est le meilleur jour de ma vie» », a déclaré Meta et on la comprend aisément. Cette répétition générale en vue des Jeux Olympiques a été un succès puisqu’après le saut en longueur, elle a aussi atteint la limite olympique pour le pentathlon (4’700 points). Dans la hiérarchie mondiale, ses 4’709 points lui valent la douzième place, alors qu’au saut en longueur elle pointe désormais au vingt-cinquième rang.
Un jour de repos a été le bienvenu pour récupérer un maximum de forces pour la suite de son programme. La qualification olympique en poche pour le saut en longueur, Meta a toutefois choisi de renoncer à cette épreuve pour mieux se concentrer sur le 80 m haies. La piste en tartan qui lui a causé des difficultés lors de sa course du pentathlon doit être apprivoisée si elle entend jouer les premiers rôles. Les séries ont confirmé le chrono réalisé deux jours plus tôt avec 11″0, pour une deuxième place dans la première série derrière la Britannique Mary Rand. La finale de ce 80 m haies va sourire à cette dernière en 10″8. Sa compatriote Patricia Ann Jones a également été crédité d’un 10″8, tandis que l’Américaine Mammie Rallins et Meta Antenen ont franchi la ligne en 10″9. La photo-finish a confirmé que la Suissesse n’a raté le podium que d’un cheveu. En lançant la tête en avant au moment de franchir la ligne, elle aurait pu décrocher la troisième place. Avec ce record suisse du 80 m haies égalé, Meta revient donc du Mexique avec pas moins de quatre records nationaux et deux limites olympiques, ce qui est un bilan tout à fait fantastique.

PAB

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