Lien vers le livestream de la course (vendredi matin 4h en Suisse)
Interview de Wanders à 2 jours de la course
« Je me sens bien : je me suis bien entraîné. La forme a monté depuis Valence. Je me réjouis de voir ce que ça donne […] » Les lièvres vont partir sur des bases de 27’40 au 10 km, pour un temps de 58’20-30, ce qui est bien. Je vais m’accrocher et on verra comment ça se passe. Au vu de la start-list, ça va se bagarrer pour la victoire. […] Je viens à RAK pour battre mon record. Je sais que c’est une des courses les plus rapides au monde. J’ai aussi envie de tester ma forme avant les Championnats du monde dans un mois (le 29 mars à Gdynia, ndlr). Si je fais un bon temps, ça va me donner confiance. J’ai l’ambition d’y faire un gros truc. »
Les trois scénarios de Julien Wanders
Le moins bon : « Juste battre mon record »
Bien : « Descendre nettement sous les 59’ »
Le rêve : « … je le garde pour moi. Tout va aussi dépendre des conditions climatiques et de ce qui se passe dans la course »
A ce jour, de tous les temps, seuls 20 coureurs sont descendus sous les 59 minutes sur semi-marathon. Avec ses 59’13, Wanders n’est pas seulement le meilleur Européen, mais aussi le meilleur non-Africain de tous les temps.
Notre vidéo des derniers préparatifs de Wanders (pour NN Running Team)
Changement d’organisation
Propriété de Sheikhs locaux, le semi de RAK, connu mondialement depuis quelques années pour ses chronos ultra-rapides, a changé d’organisateur depuis l’an dernier. Les Anglais de Premier Sport ont été remplacés par les Italiens de RCS. Grand groupe de de médias « leader dans le domaine du journalisme en Italie et en Espagne » et notamment propriétaire de La Gazzetta dello Sport, El Mundo, Marca, Corriere della Sera ; ainsi qu’organisateurs de nombreuses manifestations sportives, dont le marathon de Milan.
Gros moyens pour organiser des courses de folie, conditions idéales et démesure
Une chose n’a pas changé : la volonté de la manifestation de rassembler les meilleurs pelotons possibles et présenter la course comme référence mondiale. A quelques variations près, le parcours est le même que celui de l’an dernier, tracé sur des immenses boulevards le long de la mer et pour plus de la moitié sur la presqu’île artificielle de Marjan Island, construction démesurée vouée à devenir un hub touristique haut de gamme. Pas de soucis question météo : à cette période de l’année, le climat est aussi stable que propice à la pratique de la course à pied de haut niveau. Vendredi matin, à 7h (heure du départ, 4h en Suisse), on annonce un peu moins de 20 degrés avec un vent quasi nul (5 km/h).
Ces conditions optimales, les chronos canon de ces dernières années ainsi que des primes d’engagement de folie permettent aux organisateurs d’attirer les meilleurs spécialistes de la planète. Les primes d’arrivées s’élèvent à elles seules à quelque 400’000 dollars : environ 17’000 pour chaque vainqueur, 7000 pour un chrono sous les 59’, 6000 pour le record du parcours (58’42) et près de 130’000 pour un record du monde.
Le recrutement des plateaux élite a été confié au fameux manager Federico Rosa, qui s’occupait jadis notamment des intérêts de Viktor Röthlin, de plusieurs athlètes de renom contrôlés positifs ces dernières années ainsi que de la nouvelle détentrice du record du monde du marathon Brigid Kosgei, de la partie demain à RAK avec un deuxième record du monde dans le viseur.
10 hommes sous les 59’30 et un passage prévu en 27’40 aux 10 km
Fort d’une trentaine d’athlètes, le peloton élite masculin a fière allure, avec 10 hommes aux records inférieurs à 59’30. Avec son record d’Europe de 59’13 et la perspective d’une nouvelle meilleure marque continentale, la tête d’affiche Wanders se trouve en très bonne compagnie. Les autres stars au départ sont Mule Wasihun (ETH) et son record à 2h03’16 sur la distance, Leonard Barsoton (KEN), vice-champion du monde de cross en 2017 et le médaillé olympique du 1500 m de Londres 2012 Abdalaati Iguider (MAR), qui entame une seconde carrière sur la route.
Un temps de passage de 27’40 a été demandé aux lièvres aux 10 km, soit une base de 2’46/km pour un temps final de 58’22.
Interview avec Federico Rosa
Course femmes : Kosgei veut le record du monde
Si la course masculine promet des étincelles, l’épreuve féminine s’annonce complétement folle. Avant tout avec la Kenyane Brigid Kosgei, qui a pulvérisé de près d’une minute trente le record du monde du marathon de Paula Radcliffe cet automne à Chicago (2h14’04). La discrète Africaine se dit très en forme et parle sans ambages de record du monde pour vendredi matin. Elle possède une référence record de 64’28 sur la distance, mais sur un parcours non-homologué (trop de dénivelé négatif).
Un record du monde lui sera peut-être nécessaire pour s’imposer, tant la concurrence est redoutable. Les organisateurs parlent du « meilleur semi féminin de tous les temps » avec : Fancy Chemutai (KEN), qui a manqué le record du monde pour une seconde il y a deux ans à RAK (1h04’52) ; la championne du monde en titre et détentrice du meilleur chrono de tous les temps sur une course women only Nedsanet Gudeta (ETH). Au total, 6 des femmes au départ ont déjà couru en 1h05’46 ou moins. Hallucinant. Pour rappel : la limite masculine pour l’Euro de Paris est de 1h05’45 : le week-end passé, la plupart des meilleurs spécialistes professionnels suisses s’y sont cassés les dents à Barcelone… En plus de ses 6 femmes, on notera encore la présence de la quatrième du 10’000 m des Mondiaux de Doha 2019 Rosemary Wanjiru (KEN)…
Suivre la course en direct et avec ATHLE.ch
Le semi-marathon sera diffusé en direct sur la chaîne Abu Dhabi Sports 2. Départ de la course à 7h (4h en Suisse) vendredi matin. ATHLE.ch est sur place et vous propose les dernières nouvelles de Wanders avant et après la course.
Commentaire | Wanders et RAK : un jeu de folie avec les limites et la démesure
Dans cette région du monde où on fabrique à tour de bras des immenses îles artificielles et y construit des bâtiments de démesure, absurdes, difficile de garder ses repères. Imaginez un hôtel rempli d’athlètes d’exception – les meilleurs parmi les centaines de milliers qui tentent leur chance à travers le monde : les limites de l’esprit et du corps humain se mettent à se brouiller. Julien Wanders – forgeron hors normes sur quantité de chantiers inimaginables – peut-il y courir en moins de 59 minutes ? Que signifierait une telle performance ? Qui aurait pu l’imaginer il y a 5 ans, alors que Tadesse Abraham défrayait la chronique en portant le record suisse à un très bon 1h00’42 ? Difficile de dire ce qui va se passer vendredi matin dans la folie de RAK, mais attention : les exploits à répétition de Wanders ne doivent pas faire oublier à quel point un chrono de 60’ sur semi-marathon est chose aussi rare qu’exceptionnelle. Les millions de coureurs amateurs et professionnels à travers le monde en témoignent tous les jours.
