Galerie et commentaire | Athetissima : Quelle 43e édition ! TEXTE ET PHOTOS | La 43e édition d’Athletissima restera pour maintes raisons dans nos mémoires : concours de perche carte postale la veille du meeting, à Ouchy, 400 m féminin de toute beauté, 5000 m masculin d’enfer, émergence de la nouvelle star du sprint Noah Lyles, sans parler des Suisses, Mujinga Kambundji et le relais en tête… Retour en commentaires du grand connaisseur et amoureux de notre sport Pierre-François Pahud. Illustrations de Thomas Gmür, Daniel Mitchell et Yves Crettaz pour ATHLE.ch.

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Textes : (c) Pierre-François Pahud, Photos : (c) Thomas Gmür, Daniel Mitchell et Yves Crettaz/ATHLE.ch

  • Vu, la veille, au bord du lac Léman des perches et des mâts entremêlés danser à l’unisson du côté des quais d’Ouchy. Les perches étaient manipulées par des perchistes sans filets alors que les mâts étaient aux mains de pêcheurs avec filets à la recherche d’autres perches dont les filets étaient appelés à être avalés, possiblement par des perchistes. Mais pas que. Dans la foulée, la confrérie des perchistes d’Ouchy est officiellement née, avec pour Grand Patron Renaud Lavillenie. Du port au sport, après tout, c’est juste une question de (d’un) caractère.

 

 

  • Puisque l’on parle de lui : vu Renaud Lavillenie défier une barre à six mètres. Pas courant de voir ça à Ouchy. Tiens, il me revient cette image, pas si vieille, où ce funambule des pistes, seul dans la nuit lausannoise, défiait le Léman, saxophone au poing. Si la musique adoucit les moeurs, la perche anime les ports, c’est bien connu . Tout cela par la grâce d’un seul individu. Quel talent ! Même Kevin Mayer ne sait pas le faire, ça.

 

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  • Vu  les dorsaux de l’athlète australien Kurtis Marschall anticiper la jouissance au moment d’effacer un nouveau record personnel tandis que ses abdominaux les ramenaient à une certaine réalité propre à cette magnifique discipline qu’est le saut à la perche. Toute la discipline résumée en une petite seconde : ne jamais oublier de rentrer le ventre. Tragique. Magique !

 

 

 

 

  • Lu en page 7 du toujours très informatif programme du meeting les louanges adressées aux quelques 450 bénévoles déployant une énergie de tous les instants pour assurer une performance de haut niveau. Espérons que ces même bénévoles ne se soient point trop attardés sur la page 5 du même programme sur laquelle le président  du conseil d’administration de la Diamond League SA s’étend de tout son long sur la généreuse dotation de sa série de meetings. Une SA dont la réussite dépend de quelques T-shirts et autres bons pour une pasta-party, c’est-y-pas merveilleux ? Non, c’est magique !

 

 

  • Vu une superbe phase de lutte à la culotte dans le dernier virage du 5000 hommes. Les effets de la mondialisation sans doute. Les coutumes folkloriques s’exportent plutôt bien ces derniers temps. Il faut avouer que Neymar est un ambassadeur de première pour son pays. La roulade brésilienne aura bientôt conquis tous les territoires habités ou non, Terre-Adélie comprise. La lutte suisse est désormais bien lancée pour suivre le même chemin. Bon, encore heureux que ces dames sachent se tenir.

 

 

 

  • Vu l’émergence d’un athlète au potentiel évidemment énorme : Noah Lyles. Lorsque van Niekerk aura cessé de se prendre pour un rugbyman (l’envie devrait lui en avoir passé maintenant), le duel que se livreront ces deux athlètes sur le tour de piste (je rêve un peu) vaudra son pesant de Gruyère . Donc plus aucune excuses à l’avenir, je l’espère, pour voir autant de sièges vides à la Pontaise un soir d’Athletissima, tant ce rendez-vous, organisé de main de maître (et merci les bénévoles!), mérite un stade absolument plein.

 

 

 

 

  • Vu une seconde émergence, féminine cette fois-ci. Pas le temps de regretter l’année sabbatique d’Allyson Felix que Salwa Naser vient confirmer tout le bien que l’on pensait d’elle sur le tour de piste. Une foulée d’une beauté incomparable, visiblement insensible aux effets pernicieux de l’acide lactique. Elle n’a que 20 ans… On vient d’en prendre pour dix ans ! Fermes.

 

 

 

 

  • J’attendais le concours de la hauteur avec impatience. Pas vu Javier Sotomayor, trop à la retraite. Pas vu Mutaz Barshim, trop blessé. Pas vu non plus Loïc Gasch, pourtant ni trop à la retraite, ni trop blessé. Ni même trop en vacances.Trop cher peut-être ? Dommage pour l’un des plus talentueux athlètes locaux. Bon, j’ai quand même vu un saut magnifique à 2m37. Ca n’arrive pas tous les jours à dix minutes de la maison !

 

 

 

  • Les autres Suisses, parlons-en puisque je les ai vus, et même bien vus ! Les plus en vue : Alain-Hervé, deux courses à son meilleur niveau en quelques jours ; Lea, en progression sur les haies, mais toujours en retrait de ce que son potentiel sur 400 doit lui permettre de réaliser ; Mujinga, au sommet de son art mais qui aurait certainement laissé sa part de Gruyère aux souris pour qu’elles l’aident à grignoter les quatre petits centièmes qui feront d’elle très bientôt la plus heureuse des Bernoises ; nos super girls du relais qui n’en finissent pas de nous régaler année après année avec des records de Suisse ; bon, cette fois, après les perfs individuelles du week-end précédant, on le sentait venir ; mais quand même. Un dernier mot sur Julien, pas dans un super jour visiblement, mais qui a eu le mérite de s’accrocher. Un peu comme Delia, un peu seule à l’arrière, mais terminant avec un joli record personnel à la clé ! Et quand  je pense qu’elle a l’âge de ma fille, je me dis que l’on risque de la voir encore plus longtemps que Naser.

 

  • Vu une Pontaise d’apparat, si belle avec les Alpes en toile de fond. Difficile de ne la croire qu’en rémission tant elle semble se porter à merveille. Certes, c’est le propre des gens classieux que de savoir cacher leurs petits tracas. La Pontaise, c’est la classe à l’état pur. Proche de l’extrême onction politique il y a une ou deux législatures, laissons-lui juste le temps de finir de se refaire la cerise (pour 5 millions quand même) et elle pourra continuer à nous combler encore quelques belles années, soyons-en sûrs. Il est clair que rien n’est gravé dans le marbre en ce bas monde. Hayward Field n’est désormais plus Hayward Field. Mais il restera dans les mémoires. Un jour, la Pontaise ne sera plus la Pontaise. Mais Athletissima devra toujours se souvenir de ce qu’il doit à ce stade entré depuis longtemps dans la grande histoire de l’athlétisme.

 

  • Pour conclure  et sincèrement : vive les bénévoles ! Vive Pedro! Et merci à Jacky et son équipe rapprochée !

 

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