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La cuvée 2016 du Globen Galen a été exceptionnelle mercredi soir à Stockholm, avec pas moins de trois meilleures performances mondiales de tous les temps. Celle de l’athlète de Djibouti Ayanleh Souleiman d’abord, chronométré en 2’14″20 sur 1000 m, après avoir bouclé son dernier 200 m en 27″23. Puis avec le junior qatarien Abdalelah Haroun, premier homme sous la minute sur 500 m indoor (59″83), après avoir semblé coincer, puis finalement retrouver une force inouïe dans les 50 derniers mètres (vidéo ici/avec un commentaire à pleurer). Et enfin avec la superstar Genzebe Dibaba (ETH), qui a accouché de son 6e record du monde en bouclant son mile (1609 m) indoor en 4’13″31, avec un dernier 400 m en 62″54 (vidéo ici).
Ces trois athlètes sont managés par le Suédois directeur des deux prestigieux rendez-vous athlétiques de Stockholm que sont le Globen Galen (l’hiver) et l’étape de Diamond League du Bauhaus Galen (l’été). Ils sont entraînés par le Somalien Jama Aden, coach privé, en même temps employé par la Fédération qatarienne d’athlétisme. Connu pour avoir porté Dibaba au formidable niveau qu’est le sien aujourd’hui, Aden est aussi l’homme derrière le titre olympique de l’Algérien Tahoufik Makhloufi en 2012 à Londres. Voici comment, au lendemain de cet exploit, le quotidien Libération résumait la drôle d’impression laissée par cette médaille d’or : « La victoire de l’Algérien de 24 ans a laissé comme un malaise. Cette saison, il a amélioré son record personnel de plus de 2 secondes, pour le porter à 3’30’’80. Les rondeurs de sa musculature le font plus ressembler à un spécialiste du sprint qu’à un coureur de demi-fond. Son accélération, dans le dernier tour, a donné à ses rivaux l’allure de juniors. Dans l’équipe algérienne, on attribue ses progrès à un nouvel entraîneur, Jama Aden ».
Diplômé en Physiologie de l’effort à l’Université américaine de George Mason, Jama Aden (54 ans) a aussi connu de beaux succès avec les Soudanais Abubaker Kaki, deux fois champion du monde indoor sur 800 m, et Ismael Ahmed Ismael, médaillé d’argent des Jeux de Pékin sur le double tour de piste. Ombre au tableau : en 2015, deux de ses protégés ont été sanctionnés par l’Agence mondiale anti-dopage.
Driouch et Traby suspendus en 2015
Le cas de dopage le plus directement lié au coach Aden est celui d’Hamza Driouch (QAT). En 2012, le jeune Marocain (17 ans), fraîchement naturalisé qatarien et entraîné par Aden, explose sur la scène internationale : il domine les Mondiaux juniors sur 1500 m et réussit un spectaculaire 3’33″69 au Meeting de Doha. L’année suivante, il ne parvient étrangement plus à descendre sous les 3’39 et même 3’44 en 2014. En janvier 2015, une suspension de deux ans est prononcée à son encontre pour des irrégularités sur son passeport biologique datant d’août 2012.
Dans une interview exclusive accordée au site Spe15 (à lire ici), il explique avoir quitté le groupe d’Aden en 2013 : « J’ai commencé l’athlétisme en septembre 2009, j’avais seulement 14 ans. Puis je suis parti du Maroc pour le Qatar. J’ai commencé avec Jama Aden, l’entraînement était dur. Mon problème de dopage a commencé en 2011. A cette époque, je ne connaissais rien sur les médicaments, les vitamines. Jama Aden je lui ai donné toute ma confiance, je lui ai tout donné. Parce qu’il avait eu des athlètes qui avaient été champions olympiques, qui avaient fait des records du monde. Il a utilisé ma confiance. J’ai cru en mon entraîneur, et c’est devenu très mauvais pour moi. Ce problème de dopage ne vient pas de moi, il vient de ce coach, de Jama Aden ».
La seconde athlète liée à Aden suspendue en 2015 est la Française Laïla Traby, médaillée de bronze des Championnats d’Europe à Zurich en 2014 sur 10’000 m. Des seringues d’EPO et d’hormones de croissance ont été retrouvées dans le chalet où elle séjournait à proximité de la base d’entraînement française d’altitude de Font-Romeu. Un test sanguin a ensuite révélé la présence d’EPO dans l’organisme de la coureuse.
Mo Farah avec les athlètes de Jama Aden
La presse britannique a révélé au printemps il y a une année, suite à la parution de photos sur Facebook, que Mo Farah s’était entraîné durant l’hiver 2014-2015 au sein du camp d’entraînement organisé en Ethiopie par Jama Aden, dont il partage l’origine somalienne. Sur les photos ci-dessous, on reconnaît le multiple champion olympique, champion du monde et recordman du monde, le protégé du sulfureux Alberto Salazar (USA) à l’entraînement aux côtés de Driouch, alors suspendu, au sein du groupe d’Aden.
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