Prénom : Kevin
Nom : Blackney
Club : London Western
Année de naissance : 1991
Meilleur résultat : 1h05’47 au semi de Houston en janvier 2018, minima canadien pour les Championnats du Monde de semi-marathon.
Peux-tu nous raconter un souvenir sportif qui te tient particulièrement à cœur ?
L’été 2017, j’ai débuté ma saison avec un 10’000 m sur piste « à la maison ». J’avais un record à 30’51 et je m’attendais à courir peut-être 30’30. La course a démarré et je me suis retrouvé bien caché dans le peloton, passant les 5 km en 15’10. Je me sentais très bien et tout à coup, les gars qui m’avaient lâché plus tôt dans la course ont commencé à me revenir dessus et je les dépassais. A environ 1500 m de l’arrivée, j’étais au coude à coude avec deux concurrents pour la deuxième place. Puis, sans m’en rendre compte, j’ai sorti un km en 2’47, avec un dernier tour en 64 secondes. J’ai jeté un coup d’œil au chrono et j’ai vu 29’57 en franchissant la ligne d’arrivée. J’étais époustouflé ! J’avais battu mon record de presque une minute et terminé deuxième des championnats provinciaux. Je n’avais jamais imaginé pouvoir courir aussi vite et cela a été un grand déclic mental dans ma carrière de coureur.
Comment t’es-tu retrouvé sur cette ligne de départ à Aarhus ? Quand t’es-tu décidé, quelle a été ta préparation et à quoi t’attendais-tu ?
En fait, j’ai toujours eu l’intention d’y aller en spectateur. Une fois que j’ai vu qu’ils avaient ouvert la course, j’ai décidé de participer au tirage au sort. J’avais perdu quatre mois (de juillet à octobre) à cause d’une blessure en 2018 et je venais de reprendre l’entraînement. Je suis reparti des 10 km de Payerne un peu découragé par mes 30’59 alors que je pensais être en meilleure forme, hésitant même à courir à Aarhus. Mais le week-end suivant, aux Championnats de France de cross, j’ai probablement réalisé le meilleur cross de ma vie, terminant 18e au scratch, avec d’incroyables sensations. J’ai donc décidé de valider mon inscription pour Aarhus. Ma préparation a été peu conventionnelle puisque je suis allé en vacances 10 jours au Canada pour voir ma famille la semaine avant la course. Du coup, j’ai raté quelques entraînements et n’ai pas vraiment fait le kilométrage que je voulais, mais je suis revenu très détendu. Je n’avais vraiment aucune attente particulière, j’étais tellement excité d’être là. Je pense que cela a bien fonctionné pour moi car je ne me suis jamais senti aussi calme et détendu avant une course.
Devant nos écrans, le parcours avait l’air impitoyable ! Comment c’était, de gravir ce toit du MOMU, avec des bourrasques en plein visage ? As-tu pu contrôler ton effort ou était-ce une bataille dès les premiers mètres?
Le parcours était formidable : à la fois magnifique et angoissant ! Il n’y avait aucun endroit où reprendre son souffle car le tracé était composé presque entièrement de collines, d’éléments techniques et de virages serrés. J’ai fait un effort pour essayer de rester prudent car je savais que ce serait un 5e tour brutal, mais même après un tour tout me faisait très mal. La montée sur le toit du musée était dure, mais le fait de vivre à Lausanne s’est trouvé être une préparation idéale pour quelque chose comme ça, car je rencontre quotidiennement des montées similaires, voire pires sur mes footings. Je pense que j’ai assez bien géré mon effort, car j’ai dépassé des gens tout au long de la course, en particulier sur les montées, et je n’ai commencé à coincer que dans le dernier kilomètre.
As-tu une anecdote pour nous, quelque chose de drôle ou d’étonnant que tu as vécu en tant que participant à l’événement, en t’échauffant, en allant dans la chambre d’appel et en courant aux côtés des élite ?
Quand je suis entré dans la chambre d’appel, je me suis assis pour mettre mes pointes et quand j’ai levé les yeux, j’ai réalisé que j’étais assis juste en face de Selemon Barega et je suis resté bouche bée. En tant que grand amateur de sport, voir toutes ces stars réunies au même endroit était saisissant. J’ai fini par battre deux des Canadiens de l’équipe nationale et me faire passer sur le fil par un autre. C’était plaisant de savoir que je pouvais aussi être compétitif avec les meilleurs de mon pays. Après la course, j’ai veillé à serrer la main de Selemon Barega et à le féliciter, et j’ai eu un chouette footing de récupération avec le coureur suisse Fabe Downs (qui a terminé la course en 36’51). Dans l’ensemble, c’était une expérience fabuleuse et je sais que je peux me classer parmi les 100 meilleurs aux Championnats du monde. Je suis tellement heureux de m’être inscrit ! Je ne l’oublierai jamais pour le reste de ma vie.
Kevin est un coureur canadien qui a déménagé à Lausanne pour travailler à l’UNIL. Il profite de l’occasion pour remercier les DNH Hill Runners de Lausanne qui l’ont accueilli, Marco Chesi, son entraîneur en Suisse, ainsi que son club français de l’Entente Athlétique de L’Arve. A Aarhus, il remporte la course « open » sur 10 km en 35’35, et franchit la ligne juste derrière le 97e des Championnats du Monde, à 4’15 du vainqueur Joshua Cheptegei.
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