ATHLE.ch VINTAGE | TIMELINE SAISON 1969 / EPISODE 17 | La saison 1969 de l'athlétisme helvétique avait été qualifiée, à l'époque, d'année héroïque. ATHLE.ch VINTAGE propose de revivre chronologiquement tous les événements qui se sont déroulés lors de cette magnifique saison. Le 17e des 20 épisodes de cette saga est consacré aux championnats d'Europe 1969, partie 3.

Philippe Clerc remporte le titre européen du 200 m qui lui était promis
Guy Lagorce, l’ancien sprinter de l’équipe de France au début des années soixante, l’avait prédit : «Dans le sprint européen, il y a Clerc et puis tous les autres». Le 100 m d’Athènes avait certes administré trois jours plus tôt un gros démenti, mais le 200 m de ce 20 septembre donne finalement raison tous ceux qui avaient élu Philippe Clerc comme le favori du demi-tour de piste. En effet, Clerc ne s’est pas contenté d’assurer sa victoire. Malgré un virage assez prudent, il se détache irrésistiblement dans la ligne droite. On assiste alors à un cavalier seul du Lausannois dans cette finale du 200 m et, sans avoir puisé au fond de ses réserves, il l’emporte très facilement en 20″6 au chronométrage électrique (ce qui correspond à un 20″5 manuel). Cette victoire, aux allures d’un triomphe, personne n’était vraiment en mesure de la lui contester, c’est certain. L’Allemand de l’Est Hermann Burde, deuxième en 20″9 et le Polonais Zenon Nowosz, troisième en 20″9 également, sont suffisamment loin pour s’en convaincre.


Philippe Clerc triomphe dans le 200 m des championnats d’Europe avec trois dixièmes d’avance

Après les désillusions de l’an dernier avec sa non-sélection pour les Jeux Olympiques de Mexico, Philippe Clerc a su remettre l’ouvrage sur le métier en se préparant selon ses propres convictions. L’hiver 1968-1969 fut d’abord comme un rêve : avec une méthode qu’aucun sprinter n’avait osé expérimenter auparavant, faite de longs footings. Ce fut ensuite un comme un espoir : après le Disque d’Or à Lausanne qui avait ouvert la saison et au cours duquel il avait battu Hansruedi Wiedmer par deux fois en réalisant 10″3 sur 100 m et 21″2 sur 200 m. Puis comme une obsession : au lendemain de son record d’Europe du 200 m, les 20″3 battus le 4 juillet à Zurich et qui le désigne comme la cible de tout ce qui court vite en Europe. Aujourd’hui, c’est LA réalité : Philippe Clerc est champion d’Europe du 200 m et non sans panache. Demain, ce sera une référence. Voilà, simplifiées, les principales étapes de l’extraordinaire saison de Philippe Clerc. Mais, derrière cette sécheresse des mots, combien d’hésitations, de doutes, d’excès de confiance aussi ? Une infinité.
L’athlète, et à plus forte raison un sprinter aux nerfs constamment sous tension, est un être qui vit à 200 à l’heure, même si ses deux jambes ne l’emmènent finalement qu’au seuil des 37 km/h, au prix d’un effort et d’une maîtrise de soi proprement ahurissants. À une heure choisie par d’autres, il doit être prêt. Prêt à contrôler tous ses gestes pendant plus de vingt secondes. Philippe Clerc est capable d’être en grande condition aux rendez-vous qu’il se fixe. Cette année, il s’en était donné trois : Zurich, Stuttgart et Athènes. Il a réussi sans la moindre bavure tant à Zurich qu’à Athènes, un peu moins à Stuttgart, où il était cependant premier des Européens en 20″7. Au cours de la traditionnelle séance d’interviews des médaillés, Philippe Clerc déclare : «Mon palmarès européen est maintenant complet, titre et record du 200 m, si bien que je n’ai plus rien à glaner.
Maintenant, il me sera difficile de conjuguer la poursuite de mes études de médecine et un entraînement dans la perspective des Jeux Olympiques de 1972 à Munich. À moins que la Fédération Suisse d’Athlétisme ne m’aide vraiment à fond». Clerc parle de renoncer, mais peu de gens veulent y croient. Pourtant la réalité qui l’attend dans huit jours déjà avec son troisième propédeutique de médecine va lui prendre tout son temps. Il devra penser à l’athlétisme et aux immenses horizons qui lui sont désormais ouverts… un peu plus tard !
Philippe Clerc sous les feux de la rampe, c’est bien normal. Mais il ne faut pas oublier également dans ce 200 m la fort belle prestation de Hansruedi Wiedmer, qui termine au 6e rang de cette finale en 21″1. Le Bâlois du Stade Lausanne a fait bien mieux que ce qu’on pouvait attendre de lui et, sans copier les méthodes particulières de Philippe Clerc, il pourrait les adapter pour trouver les meilleures forces en vue de ses sorties futures sur 400 m, où son potentiel est pour lui aussi énorme.

Bilan suisse aux championnats d’Europe
L’équipe suisse d’athlétisme, déjà victorieuse sur plusieurs fronts cette saison, sort grandie de ces championnats d’Europe d’Athènes. Alors que, dans toute l’histoire de ces compétitions continentales qui virent le jour en 1934, notre pays n’avait eu droit qu’à une seule médaille d’or (Schwab sur 10 km marche, en 1950 à Bruxelles), voilà qu’elle va quitter Athènes avec trois médailles dans ses valises, une d’argent dans celle de Meta Antenen et deux, d’or et de bronze, dans celle de Philippe Clerc. En vérité, ce bilan est encore plus impressionnant. Il suffit de se pencher sur la suite des classements pour s’en persuader. On trouve ainsi Hansjörg Wirz en 4e position du 400 m haies, Hansueli Mumenthaler en 5e place du 800 m, Hansruedi Widmer au 6e rang du 200 m et Elisabeth Waldburger, 6e également du pentathlon. C’est tout simplement extraordinaire. Et, sans les blessures de nos sauteurs en hauteur, Michel Portmann – que l’on disait en super forme à l’issue du camp de Saint-Moritz – et Thomas Wieser, on aurait peut-être compté un représentant de plus dans les six premiers. Au décathlon, Arthur Hess était lui aussi bien parti pour réaliser un exploit car il était en effet 4e lorsqu’il se blessa. Il y a bien sûr eu un certain déchet, mais c’est là une chose tout fait normale. C’est en tout cas la preuve que les sélectionneurs n’ont pas essayé de faire des économies qui auraient eu pour conséquences de limiter par trop les chances de leur formation. Au classement par nation, l’Allemagne de l’Est remporte la mise avec 25 médailles (11-7-7), devant l’Union Soviétique avec 23 podiums (9-7-7) et la Grande-Bretagne avec 17 médaillés (6-4-7). La France termine 4e , mais loin avec seulement 7 podiums, puis suivent la Tchécoslovaquie, la Pologne, la Hongrie et la Suisse qui termine bonne 8e devant notamment l’Italie et l’Autriche.

PAB

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A découvrir prochainement

Saison 1969 de l’athlétisme suisse

Episode 18 / 20 : Compétitions de la fin de saison 1969

 

Vidéo

Philippe Clerc / Le 200 m des championnats d’Europe à Athènes

 

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Saison 1969

TitreThèmeSitePDF
AccueilSaison 1969 de l'athlétisme suisse
Episode 1Saison de cross-country 1969
Episode 2Saison en salle 1969
Episode 3 Avant la saison en plein air 1969
Episode 4 Les meetings d'ouverture 1969
Episode 5Compétitions de mai 1969
Episode 6Compétitions du début juin 1969
Episode 7Compétitions de fin juin 1969
Episode 8Meeting de Zurich 1969
Episode 9Record du monde pour Meta Antenen
Episode 10Matchs internationaux de juillet 1969
Episode 11Compétitions de fin juillet 1969
Episode 12Compétitions du début août 1969
Episode 13Compétitions de fin août 1969
Episode 14Compétitions du début septembre 1969
Episode 15Championnats d'Europe 1969 / Partie 1
Episode 16Championnats d'Europe 1969 / Partie 2
Episode 17Championnats d'Europe 1969 / Partie 3
Episode 18Compétition de la fin de saison 1969
Episode 19Philippe Clerc, élu sportif suisse 1969
Episode 20Statistiques 1969
VidéoTrailer de la saison 1969 de l'athlétisme suisse
PublicationLe livre de la saison 1969
Highlight17.09.1969 - Philippe Clerc
Highlight17.09.1969 - Meta Antenen
Highlight20.09.1969 - Philippe Clerc

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