Les championnats suisses c’est LA rencontre suisse de la saison : l’endroit où se retrouvent TOUS les meilleurs du pays. Non pas juste pour participer, mais pour se mesurer les uns aux autres, pour se battre les uns contre les autres, pour qu’on sache qui est LE meilleur.
Car, aux championnats suisses, ce qui compte, ce n’est plus de faire partie des tout meilleurs, mais bien d’être désigné comme LE meilleur. Le meilleur de tout le pays. Le champion suisse. D’être honoré comme tel, de recevoir la médaille d’or, l’écusson suisse, d’inscrire son nom dans les listes, de porter le titre pendant une année, et de pouvoir le défendre l’année suivante.
Et il n’y a rien à redire : quand on s’est bien préparé, quand on a tout fait comme il fallait à l’entraînement, quand, aux championnats suisses, on est au top, qu’on attrape la bonne vague, au bon moment, on a bien le droit d’être célébré comme LE meilleur. Et ce d’autant plus qu’on ne le devient pas comme ça, sans effort.
Non, quand on est un coureur, il s’agit d’abord de bien courir en séries, de doser ses énergies, de savoir ne pas tout donner, tout en n’en faisant pas trop peu non plus. Puis rebelote en demi-finales, alors que les rangs se resserrent, qu’une première sélection parmi les meilleurs a déjà été faite. Et enfin en finale, où il s’agit de tout donner cette fois, jusqu’au bout, pour se dégager comme LE meilleur des meilleurs, pour devenir l’athlète du moment, le seul et l’unique.
Et il n’en va pas autrement pour les spécialistes des disciplines techniques : trouver les bonnes marques, la bonne tension, gérer la pression de voir ses adversaires réussir, louper, nous dépasser, ou juste pas, tenir, tenir, tenir, et se surpasser pour finir tout devant, en tête de liste, au sommet de la hiérarchie. Il n’y a rien à redire, à ce moment, celui qui gagne est bien LE meilleur de tous. De tous les Suisses.
Mais, cette année, à St-Gall 2015, dans certaines disciplines, il n’y a pas eu besoin de faire grand-chose. Le minutieux dosage d’effort, de resserrement de rangs, de sélection ou de forte pression à gérer n’a pas été nécessaire. Oui, cette année, à St-Gall 2015, plus que jamais, dans certaines disciplines, le nombre des meilleurs était si restreint, la concurrence était si faible qu’on n’avait pas besoin de faire grand-chose pour finir devant. Bien sûr, dans ce cas, le premier reste le premier. Et il est, lui aussi, comme tous les autres champions, LE champion suisse. Décoré et honoré comme tous les autres. A cette différence près qu’il est le champion de très peu de Suisses, d’une très petite Suisse.
Camille Semenzato