Tout ce que vous devez savoir sur le projet #Breaking2 – et sur Wanders SOUS LA LOUPE | Tout semble prêt à Monza (ITA) pour l’attaque, samedi matin, des 2 heures sur marathon. Somme des dernières infos et nouvelles ci-dessous. Aussi sur l’état de santé de Julien Wanders (Stade Genève), en souci avec une cheville. Notre chronique de ce mercredi dans le Nouvelliste est également à découvrir ci-dessous.

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Les quelques images fuitées des préparatifs présentent une ambiance étrange, quasi inquiétante, aux alentours de la piste de Formule 1 de Monza. Quantité d’athlètes, tous très cotés et la plupart des hauts plateaux, foule de managers, d’on ne sait où, de photographes, caméramans, éclairagistes et autres preneurs de son. Sur le fil Twitter d’un des managers, on voit du monde sur la piste, à l’échauffement, au dîner, au massage, avant un discours : un groupe par-ci, un groupe par-là, dehors, dedans, de jour, de nuit, sous la pluie, au sec, tantôt avec un individu étrange qui fait un signe au téléphone en train de filmer. Moments volés.

Aujourd’hui, Nike vient de sortir le Trailer officiel du projet et d’annoncer la date et l’heure de départ: samedi matin (6 mai) à 5h45!

Wanders incertain

Parmi eux, si on regarde bien (vraiment bien), on reconnaît parfois le Genevois Julien Wanders, hôte helvétique d’honneur dans le projet ; un des seuls blancs. Julien Wanders qui ne figure pourtant pas sur la liste de lièvres diffusée hier. Pourquoi ? Personne ne le sait. Wanders nous a indiqué avant-hier soir être en souci avec une cheville : tendinite, à laquelle on prodigue des soins pluriquotidiens. Hier, bonne nouvelle, ça allait déjà mieux. « Si ça continue, je peux courir », nous a-t-il écrit.

Une chose est sûre, même si la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a d’ores et déjà annoncé que le record ne serait pas homologué, la sauce est en train de monter chez tous les amateurs d’athlétisme et de course à pied. Chez nous aussi.

Comme les informations sont rares et fort disséminées, voici une somme d’infos et de nouvelles glanées ici et là (notamment sur LetsRun.com) :

  • De quoi s’agit-il vraiment ? D’une tentative de descendre pour la première fois de l’histoire sous les 2 heures sur marathon. Pour info, le record du monde est depuis le marathon de Berlin 2014 de 2h02’57. Ce serait là une amélioration de 2,41%, la plus grosse progression depuis 50 ans.
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  • Quand a lieu la tentative ? Samedi matin très tôt : départ à 5h45 ! La course se déroulera à huis clos, à suivre en Live-streaming.
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  • Où ? Sur la boucle longue de 2,4 km du circuit de Fomule 1 de Monza en Italie. Pour un total de 17,5 tours. Pourquoi le circuit de Monza ? D’abord en raison du revêtement (ultra-rapide), ensuite de l’absence de vent (idéal), des températures (optimales) et de l’altitude proche du niveau de la mer.
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  • Qui y participe ? Trois coureurs sont en course pour le record :
    • le champion olympique de Rio Eliud Kipchoge (KEN/2h03’05/59’17 sur le semi),
    • le vice-champion du monde 2013 Lesisa Desisa (ETH/2h04’45/59’30 sur le semi),
    • le quintuple champion du monde du semi-marathon Zersenay Tadese (ERI/2h10’41/58’23 sur le semi).
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  • Avec des chaussures spéciales ? Promotion commerciale : les coureurs porteront la nouvelle « Nike Zoom VaporFly Elite », qui améliorerait grâce à sa semelle dotée d’une lame en fibre de carbone de 4% l’efficacité de course ; et qui par suite alimente le débat quant au Fair-Play et à la légalité. Les règlements de l’IAAF ne semblent pas assez pointus pour répondre à la question de manière tranchée.
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  • Habits ? Les athlètes porteront des Tights et T-Shirt ultra-aérodynamiques.
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  • Ravitaillement ? Les athlètes pourront boire quand ils veulent. Un cycle motorisé leur tendra leurs boissons, sans perte de temps ni de vitesse. C’est là une des raisons pour lesquelles la tentative ne peut compter comme record du monde.
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  • Voiture ? Une voiture électrique flanquée d’un immense panneau chronométrique (faisant accessoirement office de paravent) emmènera les coureurs. L’équipe de Nike a toutefois indiqué qu’elle roulera au minimum 5 m devant eux et ne donnera pas l’allure, mais que cette dernière sera donnée par des lièvres.
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  • Lièvres ? 6 lièvres s’interchangent pendant l’ensemble de la course. Au total, 18 lièvres apparaissent sur la liste. Le plus fameux d’entre eux est Bernard Lagat (USA), multiple médaillé olympique et mondial d’origine kényane. Les autres athlètes de renoms sont les Américains Chris Derrick, Sam Chelanga et Andrew Bumbalough, ainsi que le coureur de moins de 27’ sur 10’000 m Stephen Sambu (KEN). Julien Wanders ne figure pas sur cette liste.
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  • Relais ? Il semblerait que les lièvres vont courir par groupes de trois. Deux groupes seront toujours en même temps sur la piste, en alternance, de sorte que les trois coureurs soient toujours parfaitement entourés. Chacun des groupes fera ainsi 3x 2 tours de piste (soit 3×4,8 km). Pause : 30’. Est-ce que les leaders ne vont pas fatiguer psychologiquement en étant constamment emmenés à rythme parfaitement régulier?
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  • Vitesse ? Pour réussir le pari, il faut que les athlètes courent à une moyenne de 2’50 au km, soit 17″ au 100 m, 34″ au 200 m, 68″ au 400 m. Temps de passage prévu à mi-course (21,097 km) : 59’58. Temps au tour sur la piste : 6’49-6’50. A en croire les statistiques, moins d’un pourcent de la population mondiale est capable de suivre le tempo sur plus de 100 m.
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  • Influence de Nike sur l’entraînement et la préparation ? Dans ce qui filtre, il apparaît que Nike ne s’est pas occupé autant qu’annoncé de l’entraînement et de la préparation des athlètes. L’entraîneur de Kipchoge – l’atout numéro un pour le record – affirme que, mis à part un travail spécifique de vitesse, l’entraînement de son poulain n’a guère changé ces derniers mois et dernières semaines. Nike n’aurait pas non plus tenté de modifier radicalement son régime alimentaire.
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  • Budget ? 30 millions d’Euros, dont 1,5 pour Kipchoge.

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Ci-dessous notre chronique parue ce mercredi 3 mai 2017 dans le Nouvelliste

 Quand Nike joue avec les limites

Depuis 2014, Nike met tout en œuvre pour réussir le premier marathon sous les 2 heures. Son projet « Breaking2 » a lieu ce week-end sur le circuit de Formule 1 de Monza (ITA). A grand renfort de technologie – et avec le jeune talent suisse Julien Wanders comme lièvre.

En 1950, le record du monde de la mythique distance entre Marathon et Athènes était de 2h25’39 ; en 1960 de 2h15’16 ; en 1970 de 2h08’33. Depuis le marathon de Berlin 2014, il est de 2h02’57. Nike veut descendre sous les deux heures. Comment ?

En engageant les meilleurs coureurs, le champion olympique de Rio Eliud Kipchoge (KEN/2h03’05) en tête, et en faisant appel à la science pour « défier les lois du possible ». En fabriquant des nouvelles chaussures, plus légères et réactives que nulle autre, en s’appuyant sur une équipe de scientifiques de pointe, en optimisant comme jamais l’entraînement, la nutrition, les conditions de course et finalement même les athlètes. Pour une « incarnation suprême de la mission de Nike : amener de l’inspiration et de l’innovation. Modifier le cours de l’histoire en découvrant les ressources cachées du potentiel humain. »

Bref : Nike met le paquet pour faire trembler les limites. Alors que l’éventuel record ne sera de toute façon pas homologué par la Fédération internationale d’athlétisme, l’équipementier aura surtout contribué à flouter les contours entre sport et promotion commerciale, légalité et illégalité, homme et machine.

Un drôle de jeu, d’autant plus mal venu que la marque est impliquée dans plusieurs polémiques. A commencer par celle concernant son « Nike Oregon Project », groupe d’entraînement coaché par l’emblématique et controversé Alberto Salazar, basé dans les quartiers généraux de Nike aux Etats-Unis avec pour mission de redorer le blason du fond américain. Le groupe qui compte plusieurs champions olympiques bénéficie des ultimes découvertes de la marque en matière de technologie et de soutien médical, jusqu’à la limite du légal, si ce n’est au-delà. Actuellement visé par une investigation de l’agence américaine anti-dopage, le groupe aurait eu recours ces dernières années à toutes sortes de méthodes illicites et utilisé les réseaux de Nike pour dissimuler les preuves aux enquêteurs. Ceci sans même parler de la championne olympique en titre du marathon Jemima Sumgong (KEN), soutenue par la marque à la virgule et pincée pour dopage il y a peu.

Dans ce contexte pour le moins bancal, Nike ferait mieux de reclarifier ses limites que de chercher à en faire trembler de nouvelles. Honoré d’être partie prenante du grand projet marketing, Julien Wanders et son entraîneur Marco Jäger avouent eux-mêmes ne pas en être de grand fans.

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