Chronique | Couleurs internationales COMMENTAIRE | Courir pour son pays : moments uniques dans la carrière d’un athlète. Aux Championnats d’Europe, du Monde et aux Jeux olympiques, les maillots nationaux multicolores apportent à la compétition une saveur particulière. Pour les concurrents comme pour le public. Difficile pourtant aujourd’hui, à l’air du mixage des cultures, de pouvoir se réjouir de l’affrontement entre le grand blond suédois, l’Anglais dur au mal et le bouillonnant petit Italien.

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Photo : Tadesse Abraham, Viktor Röthlin et Christian Kreienbühl à la fin du marathon des Championnats d’Europe de Zurich en 2014 (Keystone)

Les deux meilleurs coureurs européens du moment sont le Somalien au passeport britannique Mohammed Farah et la Néerlandaise aux racines éthiopiennes Sifan Hassan. Tous deux ont grandi sur le continent et appartiennent à une communauté largement représentée dans leur pays d’adoption. Ils participent à une redistribution des cartes de l’athlétisme mondial.

Une situation dont notre pays bénéficie joliment : l’Erythréen naturalisé en 2014 Tadesse Abraham vient de déposséder l’Obwaldien Viktor Röthlin de son record suisse du marathon et de faire trembler le record d’Europe. Bien plus doué qu’aucun Helvète avant lui, il sera cet été, aux côtés de Kariem Hussein, Selina Büchel, Mujinga Kambundji, Noemi Zbären ou encore Lea Sprunger, l’un des fers de lance d’une équipe nationale aussi ambitieuse que panachée. Il faut bien ça pour espérer rivaliser avec les grandes nations de l’athlétisme que sont les Etats-Unis, la Jamaïque, le Kenya et l’Ethiopie, sans même parler des armadas bigarrées françaises, britanniques, allemandes ou italiennes.

aregawi-jpgMais, dans ce jeu en perpétuelle évolution, il y a de plus en plus d’atouts soudain sortis de la manche : la championne du monde suédoise du 1500 m Abeba Aregawi a-t-elle jamais mis les pieds dans le nord de l’Europe ? La Turquie compte-elle vraiment une importante communauté kenyane et éthiopienne à jambes légères et gros poumons ? Les qualités athlétiques sont-elles le critère clé pour obtenir la nationalité qatarie ?

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A bien y regarder, les athlètes qu’on aime nous touchent par-delà les nationalités pour lesquelles ils se battent. Si on a de prime abord tendance à supporter le candidat de notre village et de notre pays, c’est à vrai dire parce qu’on le connaît : qu’on a eu l’occasion de le voir évoluer en vrai, près de chez nous, aussi bien à la fête qu’en difficulté. Finalement, l’athlète qu’on remarque, auquel on s’intéresse, qu’on apprend à connaître et auquel on accorde notre confiance peut venir de n’importe quel pays. Tadesse Abraham en est le meilleur exemple.
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