Triomphe américain aux Mondiaux indoor : jeu de dupes ? PENSÉE ATHLÉTIQUE | Dimanche, à Portland (USA), les Etats-Unis ont bouclé « leurs » Mondiaux indoor avec un nouveau record absolu de médailles glanées : pas moins de 23 breloques, dont 13 en or, ont été remportées par les 58 athlètes de la délégation américaine. Derrière les USA, l’Ethiopie et la France terminent aux 2e et 3e places du tableau avec seulement 5 et 4 médailles. Si le président de la Fédération internationale (IAAF) Sebastian Coe parle de « bon début pour regagner la confiance du public » suite aux aléas de ces derniers mois, ATHLE.ch s’interroge sur la bonne santé de la planète athlétisme.

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Après les quatre jours de compétition à Portland, dans l’Etat d’Oregon – fief de Nike et de l’athlétisme américain –, l’heure est au bilan. Bilan réjouissant, tous azimuts : les joutes mondiales se sont presque jouées à guichets fermés, près de 40’000 spectateurs se sont rendus dans l’Oregon Convention Center.

Tension, haut niveau, records et ambiance de feu
La tension était de mise, les luttes des plus serrées. Et le niveau exceptionnel : pas moins de 10 meilleures performances mondiales de l’année, sept records continentaux et plus de 40 records nationaux ont été battus. Dont bien sûr le record suisse du saut à la perche (4,80 m) dans un concours hitchcockien de Nicole Büchler, incroyable 4e, après un total de 13 sauts.

« Pendant les quatre jours passés, nous avons expérimenté le meilleur de l’athlétisme indoor », commente Sebastian Coe, Président de l’IAAF, dans l’article de clôture du site de la Fédération internationale. « Un divertissement du top niveau, présenté de manière innovante, avec des effets de lumière et de son, depuis la présentation des athlètes dans le stade jusqu’aux cérémonies protocolaires au Centre-ville », poursuit-il. « L’athlétisme en salle offre une expérience intime pour les fans de sport, qui ne sont éloignés que de quelques mètres des athlètes en compétition. La grande foule de cette semaine a montré que l’athlétisme en salle délivre un show grandiose quand il est bien emballé », conclut Coe.

Américains plus dominateurs que jamais
L’ambiance ? Au beau fixe, évidemment : les 58 athlètes américains – la plupart inconnus de la grande scène internationale – ont raflé exactement la moitié des titres en jeu. Autrement dit : une finale sur deux a vu triompher un athlète US. « Des Championnats des Etats-Unis, avec forte participation internationale », souriait dimanche, lors de la dernière session, Sigi Heinrich, le commentateur de légende sur Eurosport Allemagne.

Nous, on doit avouer, on a adoré regarder ces Championnats du monde. On a par exemple adoré découvrir Vashti Cunningham, la toute jeune lycéenne de Las Vegas (Nevada/18 ans), sacrée à la hauteur pour sa première finale en grand championnat. Ou alors la domination de Matthew Centrowitz et d’Ashton Eaton sur 1500 m et à l’heptathlon, tous deux protégés de Nike et basés en Oregon. Ou encore l’impressionnant Marquis Dendy, qui s’est imposé pour 1 centimètre en longueur, avec un bon à 8,26 m, lors de ses premiers Mondiaux élite. Sans même parler des relais de 4×400 m américains, qui n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires.

Nous, on a adoré, non sans nous rendre compte que jamais un pays n’a écrasé de la sorte des joutes mondiales. Pas même la Russie, aujourd’hui privée de compétitions internationales pour cause de dopage systématique. Ni le Kenya, aussi dans la tourmente, qui avait récolté la bagatelle de 16 médailles aux Mondiaux de Pékin l’an dernier et qui se retrouve cette fois soudain recalé à la… 25e place, avec deux breloques de bronze. Et la Jamaïque, me direz-vous, le pays de 2,7 millions d’habitants qui a égayé la planète athlétisme ces dernières années ? Elle ne récolte qu’un titre, une deuxième et une troisième places.

Et Coe de dire, dans un article de la RTBF : « On ne peut pas nier que nous sommes confrontés à de sacrés défis pour regagner la confiance du public, mais ces Championnats sont un bon début ». Un bon début, oui, pour autant qu’on considère l’athlétisme comme un divertissement, un show à l’américaine, voire un simple jeu de dupes.

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