Journaliste et spécialiste, c’est possible ? PENSÉE ATHLÉTIQUE | La plupart des retransmissions sportives sont animées par un commentateur accompagné d’un consultant, dans le rôle du spécialiste. Dans l’interview du Bund du 5 février 2016, le désormais nonagénaire pionnier du journalisme sportif Karl Erb critique l’évolution quantitative du sport. Il se demande : le journaliste ne devrait-il pas lui-même être un spécialiste ?

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A l’époque, un seul journaliste était au commentaire. Aujourd’hui, comme les caméras et les chiffres, les reporters se multiplient. En cabine, ils sont toujours deux : un journaliste et un spécialiste, « qui volontiers se coupent la parole » sourit Karl Erb. Pourquoi ? « Parce que les rôles ne sont pas bien définis ».

Erb n’a rien contre la présence d’un expert, ancien athlète qu’on interroge sur ses expériences, mais il souhaite que ces interventions ne se fassent pas pendant les moments cruciaux ! Ironique, il demande : « Ne peut-on pas attendre d’un journaliste sportif de métier qu’il soit lui-même un expert ? »

Pour un match de foot : 30 caméras, deux reporters en cabine, un autre sur le terrain, et trois autres encore en studio, n’est-ce pas là pure démesure ? Et Erb de conclure : « Mais je suis peut-être juste trop vieux, le monde d’aujourd’hui veut apparemment cette démesure ».

COMMENTAIRE : deux commentateurs valent mieux qu’un si l’un des deux est mauvais : soit qu’il n’y connaît rien, soit qu’il raconte n’importe quoi, qu’il a un ton, un timbre ou un rythme agaçant, soit encore qu’il multiplie les fautes d’observation, de contenus, de langue, etc. Qu’importe finalement qu’il s’agisse du journaliste ou du spécialiste…

PERSEPECTIVE : si le journaliste et le spécialiste sont mauvais – ce qui arrive, aussi dans notre sport –, nous avons toujours la possibilité de changer de chaîne ou de couper le son. Ou alors d’abandonner notre appareil et aller voir l’événement en question sur place…

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Karl Erb | Un pionnier
Le connaisseur de sport et écrivain est né en 1926 à Belp. Suite à la deuxième guerre mondiale, il compte parmi les premiers journalistes sportifs à faire de leur passion leur profession. Dès 1953, il travaille comme chef de presse et speaker de manifestations sportives nationales et internationales (CM de foot 1954 à Berne, CE d’athlétisme 1954 à Berne, CM de ski 1974 à St-Moritz, etc). Entre 1961 et 1983, il commente le ski, la formule 1, l’athlétisme, l’équitation et le cyclisme à la TV. Il était membre du Comité olympique suisse et actif dans la Commission de sélection du Comité national du sport d’élite. Depuis 1993, Erb (aujourd’hui presque nonagénaire) vit au bord du Lac Majeur, d’où il suit le sport « avec grande attention et beaucoup de passion ».

 

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